Le banc, entre design et convivialité

Stuhlhockerbank - Yvonne Fehling et Jennie Peiz

Oublié le banc rectiligne brillant par son inconfort et amenant à percevoir son voisin comme un intrus gênant : sous l'impulsion des fondatrices du studio de création Kraud, celui-ci mute en une arborescence insolite incitant aussi bien à la discussion impromptue qu'au relâchement des dorsaux. En agglomérant littéralement l'assise de chaises traditionnelles à celle d'un banc minimaliste, ces Allemandes plaçant au coeur de leur recherche le concept de fusion entre ancien et innovation créent ici un élément insolite qui réjouira les neurones de ceux qui, au fil de leurs déambulations, rencontreront ces structures faussement familières. On note au passage - avec un plaisir non dissimulé - que le "Stuhlhockerbank" a donné naissance à diverses variantes ne manquant pas d'espièglerie, à l'instar de ce banc mutant mélangeant le fer ajouré à d'élégantes chaises de jardin, mais aussi du Hockerbank, un banc aux allures de confortable mille pattes…

Tree Trunk Bench - Jurgen Bey

Alors que Sol LeWitt proposait un mode d'emploi pour réaliser des oeuvres d'art imaginées par ses soins, le designer Jurgen Bey incite quant à lui ses clients à créer leur propre déclinaison de son "Tree Trunk Bench" en leur fournissant un ensemble de trois dossiers en cuivre à planter dans le tronc d'arbre (mort) de leur choix. Facétie ironique pour millionnaire en quête d'un concept susceptible d'épater sa nouvelle conquête ou réelle démarche écologique comme le prétend Jurgen Bey (transporter d'énormes troncs à travers le monde n'aurait selon lui pas de sens étant donné que ses clients peuvent en trouver dans n'importe quelle forêt près de chez eux) ? Toujours est-il que pour 12500 € (hors frais liés à la découpe du tronc et à son transport), le designer néerlandais nous offre la possibilité de nous asseoir sur un banc unique à l'ironie à fleur d'écorce.

Social Bench Pods - Nacho Carbonell

Invité par la ville d'Eindhoven à concevoir une installation d'art public devant se situer sur le parvis de la cathédrale, l'espagnol Nacho Carbonell imagina une succession de chaises reliées par des bulles de ciment pulvérisé. Tels des confessionnaux pour passant en quête de lien social ou de pause urbaine, ces morphings communiquant par de petites percées intérieures permettent à chacun soit d'échanger avec son voisin, soit de s'abîmer dans une méditation passagère. Communiquer ou se recentrer : deux actions que Nacho Carbonell aime à flatter via des créations ludiques (voir ici, ici, et là).