Rangers : tendances automne/hiver 2019-2020
Milan, 21 février 2019. Les invités de Miuccia Prada découvrent attentifs l'humeur automne/hiver 2019/2020 de celle qui, après tant d'années au sein du fashion cosmos, continue d'impacter massivement le pouls de ce dernier. Il faut dire que ce qu'ils apercevront sur le podium influencera aussi bien les séries mode que les envies des acheteurs. Autrement dit, hors de question pour eux d'en perdre une miette...
Premier passage. Telle une Mercredi Addams norvégienne, la jeune femme ouvrant la grande messe pradienne donne immédiatement le ton : la saison sera sombre, voire gothique. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les massives rangers chaussés par la mannequin…Un "shoe code" que l'on retrouve d'ailleurs également chez Vetements, The Row ou encore Gucci ; autant de griffes qui ont choisi cette saison de chausser les femmes de boots massives à l'allure guerrière.
Et si l'on pourrait s'arrêter à ce constat en se contentant d'aller chercher dans un surplus militaire une paire de godillots digne de Rambo, il serait néanmoins dommage de ne pas tenter de comprendre les raisons ayant poussé les pythies de la mode à mettre à l'honneur ce genre de boots. Lorsque l'on y regarde de plus près, cinq éléments semblent avoir nourri cette tendance :
Faisant resurgir la peur d'une troisième guerre mondiale, les tensions - sur fond de contentieux commercial - entre les USA et la Chine imprègnent les subconscients de clichés liés aux conflits armés. L'image du fantassin en territoire ennemi chaussé de rangers flotte ainsi dans l'air du temps.
La persistance de la tendance normcore/pragmatique - qui a encore prouvé cet été sa vitalité via l'explosion trendy des sandales Teva - incite à favoriser des accessoires issus d'un univers où l'utilitaire prime sur l'esthétisme.
La montée en puissance des télescopages de styles au sein des us et coutumes fashion semble pousser les créatifs à proposer des éléments à l'esthétique forte, sans concessions et parfaitement identifiables, afin de faire de ces derniers les composantes de cadavres exquis vestimentaires.
La quatrième vague féministe associée aux mouvements #MeToo, #TimeUp et #WeStrike met en lumière une nouvelle génération de femmes activistes prêtent à en découdre. L'image de la guerrière moderne n'est pas loin…
La mouvance survivaliste n'a jamais eu autant le vent en poupe. Or, quoi de mieux qu'une paire de boots de militaire chevronné pour arpenter un monde dévasté ?
Dans la pratique, on ne sera pas obligé d'opter pour une paire de godillots associant semelles protégeant des sols radioactifs et pochettes de survie pour militante diabétique (Prada). Nombreuses sont en effet les marques proposant des bottines évoquant l'esprit militaire et/ou une masculinité protectrice sans pour autant sombrer dans l'excès. On pense notamment à See by Chloé, Maje, Vagabond, Zadig & Voltaire, Valentino ou encore Gianvito Rossi. Une fois le modèle choisi (sachant qu'une vieille paire de Doc Martens fera parfaitement l'affaire), restera à statuer sur le dress code que l'on désire lui appliquer. Comme souvent, il est déconseillé de s'aventurer vers des styles flirtant avec le premier degré (à moins bien entendu que vous vous identifiez à l'univers gothique, punk ou grunge). Car si les silhouettes Simone Rocha ne manquent pas de romantisme, on s'imagine mal les transposer au sein d'un quotidien mêlant métro, sprint à travers les allées du Carrefour Market et excursion au parc. On préférera plutôt s'inspirer des looks The Row ou Loewe suggérant d'appliquer à ces néo-rangers un traitement néo-monacal ou classique/casual.
On pourra également s'inspirer des propositions working/warrior girl de Miuccia Prada (voir ici, ici et là) en associant une paire de rangers à une jupe midi en drap de laine (voir ici ou là) surmontée d'un un fin pull col rond réglisse ou encore à une robe noire sobrissime descendant sous le genou.
Enfin, on notera qu'une coiffure non stricte ainsi qu'un sourire prompt à éclore aideront à contourner la potentielle austérité émanant de ce genre de looks...
Par Lise Huret, le 14 août 2019
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