Haute Couture printemps/été 2020 : le bilan
Entre collection anniversaire, élan féministe et orchestre suspendu, passage en revue des principaux défilés ayant émaillé la semaine de la haute couture parisienne...
Jean Paul Gaultier
Pour son ultime défilé Haute Couture, Jean Paul Gaultier organisa un enterrement festif au casting flamboyant. Sur la scène du théâtre du Châtelet défilèrent ainsi tour à tour Amanda Lear, Mylène Farmer, Béatrice Dalle, Antoine de Caunes, Rossy de Palma, Farida Khelfa et Dita Von Teese. Des mannequins d'un jour qui ne se firent pas prier pour livrer leur meilleure performance en l'honneur des 50 ans de métier de leur ami.
Dans la note accompagnant le show, celui que la presse surnomma "l'enfant terrible de la mode" incite l'industrie de la mode à faire évoluer ses pratiques : "Il y a trop de vêtements et trop de vêtements ne servent à rien. Ne les jetez plus, recyclez-les !". Tout est dit !
Paris Jackson fit ses premiers pas en tant que mannequin sous l'oeil espiègle du héros du jour (voir ici).
Des vêtements de cette dernière collection, on retiendra - comme souvent chez Gaultier - les variations autour de la marinière, qui brillèrent une fois de plus par leur beauté graphique (voir ici, ici, ici et là).
Chanel
S'il se révéla moins impressionnant qu'un paquebot ou qu'un iceberg géant, le décor imaginé par Virginie Viard n'en était pas moins charmant. En hommage à l'adolescence de Gabrielle Chanel passée au sein de l'orphelinat de l'abbaye d'Aubazine, la DA de Chanel fit en effet installer sous les arcades du Grand Palais un humble jardin de cloître contrastant joliment avec la sophistication de ses toilettes haute couture.
Que l'on apprécie ou non l'esthétique Chanel, ses collections haute couture sont l'occasion de se focaliser sur le travail des petites mains faisant la richesse de la maison parisienne. On ne saurait ainsi trop conseiller d'utiliser la fonction zoom sur les photographies de Vogue.com, afin d'apprécier la minutie folle dont sont capables ces artistes de l'ombre (voir ici, ici, ici, ici et là).
Christian Dior
C'est à l'artiste féministe Judy Chicago que Maria Grazia Chiuri demanda d'imaginer le décor du show Dior haute couture (voir ici).
Au sein de cette immense bulle blanche, les invités découvrirent une vingtaine d'étendards brodés de questions telles que "What if women ruled the world ?" ou encore "Would men and women be equal ?".
Maria Grazia Chiuri semble s'être donnée pour mission de porter la bonne parole féministe au sein du fashion cosmos. Une intention certes louable, mais qui n'impacte malheureusement pas ses créations. S'il est en effet simple de faire broder des slogans post #meetoo ou de bénéficier de l'aura d'un artiste engagé, il est apparemment plus difficile de penser des vêtements dépassant la féminité premier degré des déesses de l'antiquité… (voir ici, ici et là)
Givenchy
Avec son idée de suspendre les membres d'un petit orchestre aux piliers du réfectoire du couvent des Cordeliers (voir ici), Clare Waight Keller remporte le prix du set le plus poétique de la saison.
Inspirées des jardins d'Hubert de Givenchy et de la poétesse Vita Sackville-West, les toilettes imaginées par la créatrice évoquent des fleurs épanouies aux détails aériens (voir ici, ici et là) et aux teintes riches (voir ici et là). Pour autant, rien ici d'entêtant ou de kitsch : l'exercice est exécuté de manière grandiose, mais toujours délicate.
A priori inspirées des chapeaux Givenchy de 1961, les immenses capelines donnèrent naissance à des silhouettes à la majesté pudique.
Les toilettes du show gagnent à être vues en mouvement (voir ici).
Ami avant d'être concurrent, Pierpaolo Piccioli (Valentino) est venu encourager Clare Waight Keller en backstage (voir ici).
À noter également
Le rose fluo vivifia la silhouette Armani (voir ici).
Balenciaga renoue avec la haute couture : premier défilé prévu en juillet.
Kaia Gerber brilla par son omniprésence (Givenchy, Valentino, Chanel).
Du show Valentino, on retiendra cette robe aux sequins rose Barbie qui ne devrait pas tarder à se retrouver sur les tapis rouges.
Viktor & Rolf s'attaqua à la tendance "Prairie" (voir ici et là).
Giambattista Valli troqua son traditionnel défilé contre une expo photo publique (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 23 janvier 2020
Suivez-nous sur , et