Défilés printemps/été 2020 : mes détails coup de coeur
Si les collections printemps/été 2020 m'ont globalement laissée dubitative, celles-ci n'en recèlent pas moins moult détails inspirants, entre coupes novatrices, mix and match stylistiques insolents, duos inattendus et effets matières photogéniques...
En greffant une ample manche ballon sur une emmanchure de débardeur sporty (voir ici), Clare Waight Keller insuffle une saveur nouvelle à ce volume tant vu cette saison. Ici, le conceptuel gagne en élégance et en portabilité ce qu'il perd en étrangeté. Sans parler de la teinte cigare achevant de gommer toute coquetterie superflue de cette longue robe romantico-pragmatique…Si le all-over de broderies peut rapidement virer au premier degré, il suffit apparemment de l'apposer sur des pièces faussement utilitaires pour le rendre parfaitement digeste (Isabel Marant).
Chez Givenchy, le duo top moulant/bas extra large donne naissance à une silhouette aux contrastes photogéniques, entre sophistication piquante et douceur couvrante (voir ici).
Pensée comme le prolongement asymétrique du col, la lavallière imaginée par Stuart Vevers gagne en contemporanéité (Coach).
Difficile de résister au charme rétro des emmanchures descendues et ourlées de bord-côte de ce trench en cuir bordeaux Coach...
En apposant des broderies perles esprit 1900 sur une toile de soie aux allures de lin légèrement rugueux, Miuccia Prada livre une toilette évoquant la candeur d'une jeune fille sans le sou transformant un vieux drap en robe du soir (voir ici).
A mi-chemin entre le mocassin amérindien et la Zizi de chez Repetto, les souliers bicolores en cuir tressé Prada pourraient conférer aux shorts en jean une dégaine plus "wild chic" que "casual"… (voir ici)
En bordant de biais contrasté les coutures d'empiècements fleuris de ses longues robes estivales, Stella McCartney injecte à ces dernières une dimension graphique inattendue (voir ici et là).
Fusionnant détail kaki, rose bubble gum pour fillette coquette et coupe utilitaire revisitée en mode minimaliste, cette combinaison Roksanda fait mouche.
D'ordinaire sévère, la jupe culotte esprit tailoring change de nature au contact d'une paire de sandales plates aux lacets montant haut sur le mollet (Stella McCartney).
Chez Zanini, le minimalisme du col et la chasteté des étoffes temporisent avec brio l'opulence des manches ballons descendues (voir ici et là). On a beau être familier des télescopages d'imprimés, force est de constater que la rencontre entre les petits carreaux bleutés pour working girl des années 40 et les branchages fleuris esprit chemise hawaïenne de cette silhouette Michael Kors ne nous laisse pas indifférents.
Quand le tie and dye se tient à distance des coloris psychédéliques l'ayant rendu caricatural, il lui arrive de générer de suaves compositions de couleurs, comme ici chez SEA où lavande et camel infusent une étroite bande blanche.
Réussir à convoquer opulence et simplicité extrême sur une seule et même robe réglisse n'était pas chose aisée, mais Dries Van Noten l'a fait… (voir ici)
Chez Self Portrait, le trio robe chemise/bleu oxford/dentelle en insertion fusionne avec subtilité codes masculins et délicatesse féminine (voir ici).
Associant des matières issues d'univers opposés, le mix cuir fauve/mousseline évanescente bleu ciel ne manque pas de caractère (Sportmax).
En détournant la nature utilitaire de la rayure marinière (en l'apposant sur un modèle n'ayant rien à voir avec le tricot en jersey épais cher aux marins du 19e siècle), Lorenzo Serafini parvient à gommer la dimension sirupeuse de cette robe rétro-affriolante (voir ici).
Remplacer les pois blancs d'un combishort par des étoiles et réchauffer le tout au creux d'une grosse maille confortable (plutôt que d'un fin cardigan BCBG) permet de sortir du cliché de la Parisienne chic inhérent à l'imprimé pois blanc sur fond noir (voir ici).
Alliant fraîcheur printanière et chaleur gourmande, le mix caramel/rayures vert pomme dilué ne demande qu'à se voir reproduit à l'envi (Lacoste).
Le monochrome immaculé de cette création Loewe patine avec à propos la complexité de son millefeuille de pans plissés et asymétriques.
En mêlant larges pinces, coloris neutres, ampleur du baggy, interprétation minimaliste de l'obi et étroit débardeur blanc, Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran livrent une version à la fois épurée et poétique de l'androgynie (voir ici).
Associer all-over floral, volume oversize et mini longueur est à n'en pas douter l'une des recettes les plus efficaces pour donner naissance à un vêtement aussi portable qu'impactant (No21).
Par Lise Huret, le 12 mai 2020
Suivez-nous sur , et