La New Balance 550 : "it" shoe en devenir ?

Alors que l'ADN de ses concurrents s'ancre souvent au sein de l'univers du sport, la griffe New Balance affiche quant à elle des origines un brin plus rurales. C'est en effet en observant la stabilité de ses poules que l'orthopédiste William J. Riley a l'idée d'une semelle intérieure possédant trois points d'appui (à l'instar des trois griffes des gallinacés). Le "nouvel équilibre" que cette semelle procure aux pieds sensibles inspire alors au jeune homme le nom de sa marque : New Balance. 

Rapidement, la griffe a pour ambition de révolutionner les baskets "runnings", ce qu'elle fait en 1961 avec sa Trackster. Oui mais voilà, les modèles New Balance ont beau plaire aux athlètes, le fait que la marque refuse par principe de sponsoriser les stars du milieu - préférant que ceux-ci arborent ses baskets par choix et conviction - lui fait prendre un retard considérable sur ses concurrents directs, qui n'hésitent pas à offrir des contrats juteux aux sportifs promouvant leur logo.

Il faudra ainsi attendre les années 80 pour voir une basket New Balance se frayer un chemin en dehors de l'univers du sport. Ciblant les Américains ayant décidé de vivre en périphérie des grandes agglomérations tout en continuant à travailler en ville, la 574 leur apporte en effet un confort inédit facilitant leurs allées et venues quotidiennes. La New Balance 574 devient alors partie intégrante du look des working girls new-yorkaises qui, une fois arrivées au bureau, les échangent contre une paire d'escarpins. 

Or, si la 574 est bel et bien devenue un classique, force est de constater que depuis la fin des années 90, New Balance peine à nouveau à capter l'attention : saison après saison, les modèles se suivent sans parvenir à faire accélérer le pouls des "sneakers addicts". Pourtant, les archives de la griffe regorgent de pépites… Il ne manque qu'un oeil extérieur visionnaire pour réveiller la belle endormie ; il se présentera en 2020 en la personne de Teddy Santis (le créateur de "Aimé Leon Dore").  Via des visuels décalés au sein desquels apparaît notamment une grand-mère au look casual funky cosy, le nouveau duo fait mouche. New Balance puise dans la vitalité de la marque new-yorkaise le dynamisme trendy qui lui manquait. Subtilement remise au goût jour, l'aura de la griffe rejaillit sur ses modèles qui se retrouvent soudainement aux pieds des filles en vue. 

Après avoir fait un flop dans les années 80, la 550 - désormais liftée par Teddy Santis - voit ainsi sa cote grimper en flèche. Plus proche de la Nike Dunk Low que des modèles iconiques signés New Balance, celle-ci plaît par sa dimension normcore et son look un brin massif évoquant les années 90. 

De Pernille Teisbaek à Alexandra Pereira en passant par Chiara Ferragni, nombreuses sont celles qui adoptent la 550 afin de la mixer à des pièces sportswear telles que le jogging ou le short cycliste (voir ici et là). On évitera cependant de leur emboîter le pas : afin de rester dignes en milieu urbain, les baskets se doivent de flirter avec des éléments n'appartenant pas à leur famille stylistique. On pensera ainsi à les marier à un jean flare se cassant généreusement sur la cheville accompagné d'un fin gilet côtelé moulant, à un pantalon large masculin, à une mini robe fleurie réchauffée au creux d'une grosse laine, au mix short en jean/blazer, à une robe-pull midi ou encore - pourquoi pas - à une paire de leggings en laine côtelée.

Une fois cette mise au point effectuée, il ne nous reste plus qu'un problème à résoudre : où donc trouver ces fameuses New Balance 550, sachant que la rupture de stock précoce semble désormais faire partie de la stratégie commerciale de la marque ?