Introspection ludique #3
Avec ses impertinentes suggestions de listes, le recueil "642 Lists to Write" (que j'ai acquis il y a quelques années au sein d'une librairie torontoise) s'avère être le parfait prétexte pour délier la mémoire et formuler ce qui serait autrement resté au stade de pensées floues. Mais aussi pour mener sur le long court ce que je nommerais une "introspection ludique" dont je vous livre ici le troisième volet…
4 choses que j'aime le plus au sujet de ma maison d'enfance
La cage d'escalier immense et profonde. Elle me permit de me confronter au vide - "et si la rambarde lâchait…" - et m'offrit ainsi la première bouffée d'adrénaline dont je me souvienne. Mais elle fut aussi et surtout le lieu d'expérimentations de moult prototypes de parachutes pour Playmobils…
L'escalier de service. Plus raide et plus étroit que son majestueux homologue, mais débouchant sur le même pallier, il me permit d'échapper à moult inspections surprises. Pendant que maman montait l'escalier principal d'un pas délibérément lent (probablement pour me donner une chance de ranger mes chaussettes esseulées et autres piles vacillantes de magazines Astrapi), je pouvais ainsi me précipiter par ce chemin, atteindre ma chambre quelques instants avant elle et y opérer un rangement express.
Les rebords en zinc brûlant de la toiture sur lesquels je pouvais faire fondre ma pâte à modeler en été.
La cheminée à l'âtre noirci par les feux qui y brûlaient de décembre à mars. Les flammes mouvantes et chaleureuses qu'elle abritait les soirs d'hiver me permirent de faire disparaître de nombreux documents compromettants (un 0 en dictée, un carnet de liaison, une lettre incendiaire d'une amie blessée..), mais aussi les livres qui m'empêchaient de dormir (Le Chien des Baskerville, Les prophéties de Medjugorje, Simetierre…).
3 choses fausses que les gens pensent parfois de moi
"Je n'ai pas confiance en moi"
Absolument pas. Dès mon plus jeune âge, mon père m'a regardé avec une foi inébranlable, me faisant sentir que je pouvais réussir tout ce que je désirais. Il m'a fait comprendre qu'il n'y avait pas de limites à mes rêves et qu'il serait toujours là pour me soutenir et m'encourager. Ce regard a nourri en moi une profonde croyance en mon unicité.
"Je suis timide"
Mon désir de communiquer et de faire en sorte que chacun se sente vu et aimé en toute situation - qu'il s'agisse de la sortie de l'école, des allées d'un supermarché ou d'un cours de surf - fait intrinsèquement partie de ma personnalité.
J'ai par ailleurs l'intime conviction qu'il n'existe aucune hiérarchie entre les êtres humains, peu importe leur statut, âge ou situation financière.
Ces deux aspects de mon caractère ont très tôt pris le pas sur toute potentielle timidité.
"Je suis passionnée de mode depuis toujours"
Si j'ai toujours été passionnée par les histoires qui se tissent autour du vêtement (du veston ensorcelé de Dino Buzzati aux vieilles photos jaunies de mes grand-tantes dont j'observais avidement les tenues, en passant par les anecdotes de chemises que l'on faisait durer au maximum en remplaçant uniquement le col et les poignets), la mode en tant que telle ne m'a jamais vraiment fascinée.
Mes aspirations professionnelles triées de manière chronologique
4 ans : exploratrice
6 ans : goûteuse de bonbons Haribo
8 ans : écrivain
9 ans : éleveuse de papillons
11 ans : fermière à Alzon
16 ans : trapéziste
17 ans : comédienne
18 ans : commissaire-priseur
21 ans : costumière de théâtre
23 ans : styliste
41 ans : sculpteur
Mes coupes de cheveux au fil du temps
École primaire
J'ai les cheveux coupés au carré. Or, ils me tombent systématiquement dans les yeux à chaque fois que je me penche sur mon cahier… J'ai donc trouvé une astuce : une petite queue palmier prenant naissance à quelques centimètres de mon front… Du grand art !
6ème
Une suspicion de poux me vaut une coupe ultra courte. Ce sera la première fois que l'on me prendra pour un garçon.
Seconde
Je tente un carré légèrement dégradé. Une coiffure qui, aux yeux de mon prof de maths, n'est pas sans ressembler à celle de Calimero...
Première
Après avoir utilisé un fer à friser pour boucler mes cheveux pour interpréter Alfred de Musset dans notre pièce de théâtre de fin d'année, et suite aux compliments reçus de la part de mon amoureux, je décide de me faire une permanente. Grosse erreur.
2005
Après des années de résistance, je finis par succomber à l'appel de la frange. Et si sur le moment je suis satisfaite du résultat, l'incapacité de ladite frange à rester en beau rideau homogène sur mon front me pousse à ne pas retenter l'expérience.
Vancouver
Une amie me convainc de faire un balayage. Le premier d'une longue série.
Paris
Charles est né, j'ai envie de changement. Je refais une frange. Et je me maudis.
Toronto
Je ne vais pas très bien. Je me persuade qu'un changement capillaire radical m'aidera à remonter la pente. Après un après-midi d'échanges de SMS avec mon amie Charlotte qui m'enjoint diplomatiquement d'y aller étape par étape, je coupe le téléphone et décide de n'en faire qu'à ma tête. Je coupe tout. L'effet "booster de moral" n'est pas au rendez-vous et encore moins lorsque je me regarde dans la glace.
Portugal
Entre le soleil, l'eau de mer salée et mes 3 balayages annuels, mes cheveux sont devenus une matière à part entière qui m'amuse et à laquelle je ne réfléchis plus vraiment…
Mes pires fashion faux pas
De 20 à 26 ans, je ne portais que des talons, convaincue que ces derniers allongeaient ma silhouette. Sur le papier sûrement, mais dans la vraie vie ils m'encombraient et surtout ne correspondaient pas à celle que j'étais.
À la sortie de mon anorexie, je suis mise à porter en permanence un grand foulard ou une immense écharpe autour du cou. L'idée étant de dissimuler mon double menton (plus ou moins imaginaire). Sauf qu'en cachant mon cou, je perturbais l'équilibre de ma silhouette et tassait cette dernière.
Je me suis longtemps habillée exclusivement en noir, séduite par la mélancolie qui se dégageait de ces vêtements sombres. Le style poète maudit me ravissait. Oui, mais voilà, j'ignorais à l'époque qu'un ensemble noir nécessitait un mélange de textures pour être sublimé. J'ai donc passé des années en aplat carbone sans saveur ni relief...
Par Lise Huret, le 24 novembre 2023
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