Né en juin 1940, le petit Azzedine grandit au sein d'une famille chaleureuse de cultivateurs de blé. Sa grand-mère organise souvent de grandes tablées où l'on dresse quelques couverts en trop, pour accueillir tout le monde. Aujourd'hui encore, il fait perdurer cette tradition à Paris, où ses dîners conviviaux regroupent tous les artistes et intellectuels du moment.
C'est une amie française de sa mère, Madame Pinot, qui lui enseigne les rudiments de la mode. Elle le pousse à intégrer l'école des Beaux Arts, mais c'est la section sculpture qu'Azzedine choisira. Pendant les vacances scolaires, il travaille avec sa soeur chez un couturier pour pouvoir payer ses études, et sa passion pour la mode devient évidente. Il copie des modèles de robes de Haute Couture pour ses voisines.
A la fin des années 50, il traverse la Méditerranée pour s'installer à Paris, dont il adore l'atmosphère et la culture. Il obtiendra un travail chez Christian Dior grâce à la mère de sa meilleure amie, mais en cette fin de guerre d'Algérie, il sera remercié au bout de 5 jours pour cause d'origines mal venues…
Heureusement pour lui, les femmes sont bienveillantes à son égard, et la première à lui venir en aide fut la femme de l'architecte Bernard Zehrfuss, Simone. Elle le loge quelque temps, et lui fait rencontrer tous les gens de la haute société parisienne, tels que Malraux et Louise de Vilmorin. Grâce à elle, il devient « intendant » chez la Comtesse de Blégiers : homme à tout faire, babysitter, il commence aussi à créer quelques vêtements pour sa logeuse et ses amies. C'est ainsi que Cécile de Rothschild et Arletty feront ses louanges au Tout-Paris…
Mais Alaïa manque cruellement de technique, et il ressent le besoin de se former. Il intègre donc les ateliers Guy Laroche, où il apprendra l'art de manier l'aiguille pendant deux ans. Au début des années 70, il crée enfin sa première collection pour Charles Jourdan, mais celle-ci ne connaîtra pas un succès retentissant.
Notre créateur n'a pourtant pas dit son dernier mot, et là encore, ses amies lui seront d'un grand soutien : en 1981, Simone de Zehrfuss lui prête l'argent nécessaire pour s'installer à son compte, et il ouvre son atelier rue de Bellechasse. Le lieu deviendra peu à peu une pépinière d'artistes, et de célébrités qui se passent l'adresse. C'est ainsi qu'il aura le privilège d'habiller Greta Garbo.
La consécration arrive véritablement en 1985, quand il reçoit simultanément le prix du Designer de l'année par le Ministère de la Culture et l'Oscar de la Mode. L'année suivante, il participe au Palladium show à New York, et il habille des stars telles que Tina Turner, Béatrice Dalle et Madonna. Les années 90 sont moins prolifiques pour Alaïa, mais en 2000, Prada rachète la marque, permettant à celle-ci un renouveau inespéré. Tout Paris attend chaque année les célèbres défilés hors saison du designer, qui se font dans son petit atelier du Marais, pour un public trié sur le volet.
Aujourd'hui, Azzedine Alaïa a imposé son esthétique du « body-consciousness » à travers le monde entier, et les femmes se pâment devant ses robes « seconde peau », légères et sensuelles, où le futurisme se mêle avec élégance aux charmes de l'Orient.
Par Lise Huret, le 08 mars 2007
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