C'est en 1837 que Thierry Hermès s'installe à Paris. 30 ans plus tard, l'excellence de son travail lui fait obtenir la médaille première classe lors de l'exposition universelle de 1867. Cela propulse alors la maison Hermès sous les feux de la rampe, le Tsar Nicolas 2 lui commande nombre d'harnachements et de selles d'exceptions. Hermès peu à peu rayonne du prestige de ceux qui sont devenus ses clients attitrés : les rois et présidents du monde entier. Charles Émile succède à son père, puis c'est au tour du fils de Charles Émile, Adolphe, de prendre les rênes de la société.
Nous sommes au début du vingtième siècle, les chevaux cèdent la place aux automobiles. Hermès se tourne alors vers la carrosserie et commence à exporter. C'est lors de cette période qu'Adolphe et son frère Émile-Maurice développent Hermès et le positionnent sur le secteur de la maroquinerie. Sacs, ceintures et gants deviennent la vitrine de la griffe, s'y ajoutent peu après des accessoires de sport et de voyage. Les frères et notamment Émile-Maurice sont férus d'innovation, curieux de tout, et ils seront les premiers à introduire la fermeture éclair en France.
C'est de cette émulsion créative que naît en 1937 le fameux carré Hermès. Mesurant 90x90 cm, il est très vite adopté par les VIP de l'époque : Jacky Kennedy ou Grace Kelly deviennent des clientes inconditionnelles de la maison Hermès. Le classique de la maison en terme de maroquinerie se nomme d'ailleurs le "Kelly", et était le sac fétiche de la princesse de Monaco, bien que contrairement aux idées reçues, il n'a pas été crée pour elle.
L'origine de ce sac est en effet bien plus lointaine. C'est en 1892 qu'est introduit sur le marché par la maison Hermès, un sac destiné à recueillir les effets d'un cavalier, allant des bottes à la selle : ce sac a comme nom "Haut à courroies". Quelques dizaines d'années plus tard, le modèle évolue vers un produit plus petit destiné aux femmes, il prendra sa forme définitive lorsqu'on lui ajoutera une anse et lui fera perdre encore quelques centimètres. C'est cette version qui sera adoptée par Grace Kelly, et qui deviendra emblématique de la maison parisienne.
En 1945 est officiellement déposé le logo "calèche" qui représentera la marque. En 1978, c'est le petit fils d'Émile-Maurice Hermès, Jean Louis Dumas, qui devient le P.D.G. de la société avec cette idée : exceller dans tous les métiers qui se trouvent sous le chapeau Hermès, des montres en passant par la sellerie et les arts de la table. Mais aussi de développer d'autres secteurs, tels que le prêt-à-porter ou l'orfèvrerie...
Il voue un amour et un respect tout particulier à l'artisanat, au geste précis, à la recherche, à l'intuition, à tous ces facteurs qui permettent de sublimer une idée. Toutes ces choses misent à bout à bout rendent un attaché caisse, une couverture d'agenda, une valise, un Birkin ou même un parfum tel que Le calèche, uniques et d'une qualité incomparable.
Des heures et des heures de travail sont nécessaires à la confection des produits Hermès, certaines opérations ne peuvent être réalisées qu'à la main et nécessitent une précision extrême, ainsi qu'un savoir-faire qui ne peut s'acquérir qu'après un long apprentissage. C'est pourquoi Hermès, en entretenant ses techniques et ce goût de la perfection n'a avec le temps rien perdu de son aura.
En 2004, après avoir pris part 5 ans plus tôt à 35 % dans la société de Jean Paul Gaultier, la maison Hermès remplace Martin Margiela par ce dernier à la tête de la direction artistique du prêt-à-porter femme. Plus d'un sera étonné par ce choix aventureux qui va faire cohabiter sous un même nom celui que l'on considère comme l'enfant terrible de la mode, et l'image classieuse et chic de la maison cavalière…
Mais c'est sous-estimer le talent de Jean Paul Gaultier que de croire qu'il aurait pu galvauder l'esprit Hermès. Au contraire, en alliant élégance classique et esthétique contemporaine, il est parvenu à inscrire Hermès au sein de l'univers mode au même titre que n'importe quelle maison prestigieuse officiant dans le prêt-à-porter, telle que Givenchy, Celine ou même Chanel.
Hermès n'a pas peur de bousculer un peu les codes sur le plan artistique. Cette nouvelle ligne de conduite, un brin irrévérencieuse, semble lui porter chance et trouver preneuses sur le marché du luxe. Le génie d'Hermès est de parvenir à allier modernité et traditions. C'est ainsi qu'on a vu apparaître à la direction artistique de la soie féminine la pétulante Bali Barret, qui a dépoussiéré les choses et s'est vue recevoir le soutien enthousiaste de la direction.
Elle a abordé l'épineux sujet "carré" avec simplicité et franchise. Pour qu'un produit, tout iconique qu'il soit, traverse les âges sans prendre une ride, il faut le descendre de son piédestal et le faire vivre dans son temps. Pour elle, le carré Hermès doit être le lieu où l'expression artistique diverse et variée peut s'exprimer en toute liberté et raconter une histoire…
Raconter une histoire est d'ailleurs une notion fondamentale dans l'univers Hermès. Les campagnes de publicité Hermès sont toujours narratives et se tissent sur une même idée, qui est le thème de l'année, comme par exemple "Au fil du fleuve", "Couleur et fantaisie" ou encore "Le ruban mène la danse". Autant de thèmes qui guident la production Hermès le temps d'une année…
Mais revenons-en à Bali Barret, qui pour les 70 ans de la maison modifie les sacro-saintes dimensions du carré Hermès, et qui invite les personnages les plus hétéroclites à laisser leur empreinte sur ce carré de soie. Adulé par les Japonaises, les Américaines et presque toutes les femmes du globe, le carré est plongé dans un bouillon d'innovations sur le plan graphique et pensé pour que la jeune fille d'aujourd'hui - ainsi que sa mère - puisse s'y retrouver…
S'il conserve son pedigree hautement huppé, et ce quelles que soient les couleurs dont il se pare, c'est qu'il nécessite toujours deux ans de travail et plus de 140 manipulations avant de se retrouver en boutique. Le luxe est là, dans l'exigence quasi irréelle qui gouverne le processus de fabrication de ce carré.
Les dessins qui recouvriront la soie sont au nombre de 6 et sont renouvelés chaque saison. Une fois choisis, ils sont décomposés en différents calques, un calque par couleur, dans l'esprit pochoir. Chaque dessin sera ensuite décliné en 10 gammes de couleurs différentes. Puis la soie est imprimée couche par couche, et les foulards seront ensuite découpés et ourlés manuellement. Chaque étape est scrupuleusement contrôlée, le moindre défaut, parfois difficilement détectable à l'oeil nu, projette directement le carré au panier.
Le carré Hermès n'est plus synonyme de snobisme ou d'allure rigide à l'élégance conventionnelle. Avec le temps son port s'est démocratisé, non pas qu'il ait infusé les différentes couches de la population, mais celles qui le portent n'hésitent pas à le désacraliser en le nouant sur un jean effrangé.
En 2006, celui qui avait fait entrer Hermès dans le 21e siècle, Jean Louis Dumas, s'est retiré après 40 ans de bons et loyaux services et a laissé son rôle de directeur artistique à… son fils. L'histoire continue…
Par Lise Huret, le 20 septembre 2007
Suivez-nous sur , et
Je n'ai encore jamais rien acheter chez Hermes .... sais tu si le pret a porter Hermes se situe dans les memes gammes de prix que Lagerfeld ou encore Lacroix ???
( par exemple : une chemise a 200euros )
J'aime beaucoup ce qu'il font .... l'elegance a l'etat pure !