Si Emilio Pucci est une figure importante de la mode du 20e siècle, il n'en est pas moins un autodidacte, qui à l'origine n'aurait jamais songé à faire carrière dans le prêt-à-porter...
Le jeune Emilio est né à Florence en 1914 dans une famille de la vieille noblesse italienne. Son nom complet est d'ailleurs le marquis Emilio Pucci du Barsento. Il évolue donc dans un milieu extrêmement privilégié, en plein cœur de l'aristocratie florentine. En garçon de bonne famille, Emilio se fait un devoir d'exceller dans les sports qu'il pratique, si bien qu'il fera partie de l'équipe des skieurs italiens se rendant aux Jeux olympiques de 1932... Il entame ensuite des études à l'université de Milan, qui le mèneront à obtenir son doctorat en sciences politiques en 1937.
Cependant, traditions familiales et éducation patriotique oblige, le jeune homme décide de rejoindre l'armée en 1938, où il intègre l'Air Force. Il participera à la Deuxième Guerre mondiale en tant que bombardier. S'en suit une période trouble, où il défendra les idées fascistes et où il sera très proche de la famille Mussolini. Lorsque la guerre prend fin, il est alors capitaine et est décoré pour sa bravoure. Il a la trentaine, et évolue dans l'euphorie de l'après-guerre, où la jeunesse dorée se gorge de mondanités en tous genres...
Si le jeune homme est sorti capitaine de l'armée, ses amis le savent également capable de concevoir des vêtements innovants et esthétiques, adaptés aux pratiques sportives. En effet, Pucci s'était déjà illustré en habillant toute l'équipe de ski universitaire de combinaisons stretch lors de ses études. C'est d'ailleurs ce violon d'Ingres qui va faire basculer son destin...
Nous sommes en 1947. Une amie d'Emilio Pucci dévale une piste de ski dans une combinaison moulante qui intéresse fortement un photographe du Harper's Bazaar se trouvant sur les lieux. La photo fait alors la une du magazine, ce qui amène son rédacteur en chef à demander à Pucci de lui concevoir pour l'hiver suivant des panoplies de ski, afin de composer une série mode sur le sujet. C'est un véritable succès : les imprimés ultra brights, mêlés à cette nouvelle matière qu'est le stretch, enchantent la critique.
Emilio Pucci est tout à coup assailli par de nombreuses maisons américaines, qui désirent travailler avec lui. Cependant, ce dernier - conforté par l'engouement dont fait preuve le public envers son style - décide de fonder sa propre maison de couture. Il quitte donc l'Air Force et installe son siège à Capri.
Ses créations s'adressent avant tout à une élite jet-set addict à un art de vivre sophistiqué. Il lui compose dans un premier temps une ligne de maillots de bain puis, encouragé par Stanley Marcus (de Neiman Marcus), élargit sa gamme en apposant ses imprimés d'une vitalité pop unique sur de larges carrés de soie, mais aussi sur des toilettes estivales glamour en diable.
Pucci fait alors preuve d'une telle originalité en matière de création graphique que ses motifs deviendront identitaires de la période sixties/seventies. Les stars de l'époque l'adulent et tombent en pâmoison devant ses soies chatoyantes, à la fois luxueuses, féminines et faciles à porter. Marilyn Monroe sera d'ailleurs enterrée avec l'une des créations de celui que l'on nomme très vite "Le prince des imprimés".
Durant les années 50, Pucci prend de l'ampleur : il reçoit en effet deux prix américains célébrant sa contribution au monde de la mode (le Neiman Marcus Award et le Burdine's Sunshine Award), qui le positionnent sur la scène internationale.
Mi-artiste, mi-couturier, Emilio Pucci signe ses créations d'un "Emilio" délié, et pense plus harmonie de teintes et design ludique que coupes alambiquées. Il parvient ainsi à rendre désirables (grâce à des silhouettes fluides et évidentes) ses palettes de couleurs psychédéliques.
Il est également féru d'innovation et imagine des pantalons stretch pour femmes enceintes (une nouveauté dans le domaine) ou des toques en plexiglas destinées aux hôtesses de l'air de la compagnie Braniff, afin de protéger leur coiffure du souffle des réacteurs sur le tarmac.
En 1959, il développe une ligne de lingerie et épouse une baronne romaine, Cristina Nannini. Cependant, si à la fin de sa vie (en 1992) Pucci est devenu une de ces griffes lifestyle comprenant de nombreuses lignes (soir, resort, prêt-à-porter, accessoires, chaussures et design d'intérieur), elle a perdu de son éclat. Ses motifs ultra pop ont du mal à perdurer, à une époque célébrant les coupes graphiques loin de l'esprit rétro de Pucci...
A sa mort, c'est sa fille Laudomia qui reprend l'affaire familiale, et fait défiler pour la première fois les collections Pucci lors de la fashion week milanaise. En 2000, LVMH acquiert la majorité des parts du capital de Pucci avec de grandes ambitions pour la griffe italienne. Julio Espada prend alors les rênes de la direction artistique, mais dénature les collections en laissant de côté les imprimés chers à Pucci : il ne trouvera pas son public.
En 2003, lorsque Christian Lacroix lui succède, tout est en place pour redonner vie à la marque italienne. La stratégie est alors de renforcer les bases du style Pucci, tout en cherchant de nouvelles sources d'inspiration. Pucci s'offre également une nouvelle visibilité en collaborant avec de nombreuses griffes de luxe.
L'arrivée de Matthew Williamson en 2006 achèvera de rendre à Pucci sa gloire d'antan. Sous les doigts inspirés de ce chouchou de la jet set, Pucci séduit à nouveau grâce au glamour décalé, chamarré et sophistiqué du styliste londonien...
J'ignorais totalement que Marilyn Monroe avait été enterrée en portant l'une de ces créations et que Christian Lacroix avait travailler pour Pucci, bien que le dernier cas ne m'etonne que tres peu puisque Lacroix est quand meme réputé pour les motifs et couleurs en tout genres ...