Déjà en 2006, son Sphinx représentant la jeune femme dans une position de yogi avait intrigué la presse. Pour la première fois, un artiste renommé s'attaquait au "concept Kate Moss", la faisant entrer au musée de son vivant. Baptisée "Sphinx" en honneur au mystère qui entoure la personnalité de l'icône Kate, cette première statue de bronze peinte en blanc n'était finalement - à la lumière d'aujourd'hui - que l'introduction d'un ambitieux projet, dans lequel Miss Moss est destinée à voler la vedette aux Rodin et autres sculptures dépassées par le star-system.
La dernière oeuvre de Marc Quinn a ainsi été conçue de manière à focaliser l'attention du public, à l'image de l'euphorie provoquée par les moindres faits et gestes de la brindille. Il est vrai que depuis l'Égypte antique, aucune statue aussi grande n'avait été sculptée en or massif... Loin de concourir pour le Guinness des records, Marc Quinn a choisi la démesure de l'or massif non pas pour relever tel ou tel challenge, mais bien plus pour symboliser l'image que Kate Moss a développé au fil du temps, et qui a fini par la dépasser.
La silhouette, appelée "Siren" et exposée dès le 4 septembre au British Museum, représente ainsi bien plus une image qu'une personne de chair et de sang. En effet, si tel ou tel buste de Napoléon reflétait la grandeur de l'homme sans valoir l'original, ce n'est pas le cas de la "sirène" de Marc Quinn, qui surestime sciemment la valeur de la brindille. Cependant à en croire l'artiste, ceci est bien le propos de son oeuvre : sa statue est ainsi une ode au mythe Kate Moss et non à la citoyenne britannique qui, en dépit de l'affadissement de son inspiratrice, perdure encore et toujours...
L'exposition "Statuephilia" est donc à ne pas manquer, ne serait-ce que pour admirer la métamorphose d'une idole générationnelle en une déesse intemporelle vouée - grâce à Quinn - à l'éternité…
Par Lise Huret, le 29 août 2008
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