Celles qui n'ont pas encore succombé au confort désormais autorisé du plat se sont certainement penchées récemment sur le cas de la semelle compensée. Il faut dire qu'en terre fashion, ladite semelle compensée - qui n'est autre que la descendante des chopines vénitiennes de la Renaissance - fait débat.
Généralisées lors des années d'occupation (lorsque d'épaisses couches de bois ou de liège remplacèrent le cuir plus résistant, mais réquisitionné), les compensées ont ensuite été délaissées, avant de revenir sur le devant de la scène en 1971 grâce à une collection d'Yves Saint Laurent rendant hommage aux années 40.
Elles perdirent par la suite de leur élégance rétro pour acquérir une dégaine pop, s'apparentant très vite à la génération Spice Girls. Dès lors, les compensées ne firent que s'épaissir, alourdissant la jambe et conférant à celles qui s'y adonnaient une allure souvent vulgaire.
Oui mais voilà, tout le monde sait que la mode a le pouvoir de réhabiliter n'importe quelle pièce ou accessoire, pour peu que les designers fassent preuve de persévérance et de persuasion. Ainsi, alors que certaines rédactrices juraient encore récemment à qui voulait l'entendre que les compensées ne passeraient jamais par elles, nombreuses sont celles qui louent aujourd'hui l'esthétique so roots chic des dernières bottines compensées Chloé...
Sachant que les semelles compensées sont aujourd'hui particulièrement tendance, mais aussi que les talons n'ont pas leur pareil pour affûter la silhouette, leur rivalité semblait alors vouée à torturer pour longtemps l'esprit des modeuses.
Or, il se pourrait bien que la solution ne se situe pas dans le choix, mais plutôt dans l'alliance de ces deux modèles a priori antagonistes. Associant talons aiguilles et semelles à la Carmen Miranda, les souliers hybrides - après avoir tenté quelques percées sur les podiums (Dolce & Gabbana) et chez Nicholas Kirkwood - sont en effet de moins en moins considérés comme excentriques. Les designers s'amusent à y mêler semelles épaisses et talons, tentant de donner une illusion de finesse à leurs créations...
Il sera cependant plus prudent de miser sur une paire de bottes ultra chic (comme celle shootée par Tommy Ton lors de la fashion week de Milan) explorant sobrement les nouvelles possibilités de ce genre de duo, plutôt que de s'aventurer chez Unique, dont les compensées hybrides auront tendance à complexifier l'impact visuel général de la silhouette.
Au final, on ne peut donc que recommander la plus grande prudence face à ces Objets Fashion Non Identifiés. Celles qui voudront tout de même tenter de conjuguer confort et glamour pourront toutefois miser sur des compensées ultra effilées, à l'instar des Tabitha Simmons ou des Roberto Cavalli...
Par Lise Huret, le 02 mars 2010
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Très intéressant cet article, c'est vrai que les compensées pour moi c'est un vrai problème, c'est confortable mais souvent je trouve que sur les autres ca tasse pas mal ...
Or ce modèle Cavalli a l'air de couper joliment la poire en deux ;)