L'année 2011 a beau avoir débuté sous les meilleurs auspices pour les géants du luxe (les LVMH et consorts affichant rapidement des taux de croissance record), ces derniers n'auront finalement pas été épargnés par les récents déboires boursiers : depuis août, les actions Hermès ont en effet perdu 12%, celles du groupe Richemont près de 20% et celles de Prada 40%...
Autant dire que cette morosité ambiante pousse ceux-ci à se tourner encore davantage vers les pays émergents, dont l'économie n'a jamais été aussi florissante (l'Asie est devenue en 2010 le premier marché de la maison Dior, loin devant les États-Unis). Dans la pratique, si LVMH ne lésine pas sur les ouvertures de boutiques au luxe aguicheur et si Chanel n'hésite pas à délocaliser certains de ses défilés, Hermès a quant à lui choisi d'opérer de manière un brin plus subtile...
Cette saison, l'entreprise familiale a ainsi décidé de lancer sur le territoire indien une édition limitée de saris faisant honneur aux traditions du pays. Ceux-ci ont en effet bénéficié du concours de l'artiste Sunita Kumar, dont l'un des saris - entièrement constitué de foulards Hermès - a su convaincre Jean-Louis Dumas. De cette collaboration sont alors nés deux types de saris (l'un à 4.570 euros, l'autre à 6.100 euros), que les riches indiennes - qui continuent de porter cette pièce traditionnelle lors des grandes occasions - risquent fort de s'arracher.
Démentant haut et fort toute démarche marketing, les déclarations de Bertrand Michaud - président d'Hermès Inde - nous laissent cependant un brin dubitatifs. En s'adaptant ainsi à la culture indienne et en honorant ses coutumes, Hermès ne pouvait en effet mieux s'y prendre pour amener les élégantes du pays à succomber peu à peu aux Birkin, Kelly et autres carrés en soie...
À l'instar du lancement en 2008 de la société chinoise Shang Xia, cette initiative pourrait d'ailleurs bien déboucher sur la création d'une nouvelle entité luxe mêlant savoir-faire Hermès et artisanat local, et ainsi permettre au fief de la famille Dumas d'investir en douceur le marché indien...
N.B. : En parallèle du lancement de produits vendus 400.000 roupies (alors que le revenu annuel moyen en Inde s'élève à 40.000 roupies), Hermès continue d'agir dans le domaine de l'humanitaire par le biais de sa fondation.
Par Lise Huret, le 12 octobre 2011
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