Dit comme ça c'est assez fou, mais ce sont les 3 objets auxquels je tiens le plus aujourd'hui.
Commençons par la fin… Ma lampe Otarie. J'ai croisé son chemin il y a trois ans aux puces de Clignancourt. Une vraie fortune, genre 450 euros, avec une ampoule sous son globe qui change de couleur, j'étais hypnotisée, elle était si belle! Je fais des photos, une vidéo même. Elle est belle, mais faut pas déconner 450 euros pour une lampe Otarie, restons cools et continuons notre chemin. Je rentre à mon bureau, j'y pense toujours (je suis un peu obsessionnelle parfois). Je vais sur "le bon coin", on ne sait jamais, Lampe Otarie, évidemment il n'y a rien. Je tente "lampe phoque", et la chance me sourit, et elle me fait même un câlin, la même lampe, exactement la même: 20 euros sans le globe. Je fais des recherches de globes, il y en a au BHV…OK j'appelle la dame qui l'a mise en ligne (2 heures avant). Elle attend mon chèque et en attendant elle retire l'annonce. Je fais une danse de la Win dans mon bureau. TROP CONTENTE! Je viens d'économiser 430 euros! Trop bien, j'ai les sensations de winneuse qui me reviennent en vous écrivant…
4 jours plus tard, elle arrive, le colis fait le bruit de la loose, le bruit de porcelaine cassée… J'ouvre je constate les dégâts, la dame l'avait emballée sommairement dans du papier journal. Ascenseur émotionnel. Rémy mon amoureux inspecte, fait une moue, c'est pas si grave. C'est surtout la queue qui est cassée, mais on peut encore opérer. On colmate, un peu de vernis à ongles noir en guise de finition. J'ai une lampe Otarie avec des grosses varices, et là, la Do it yourselfeuse qui sommeille en moi, dégaine sa machine à coudre et je lui fabrique un tutu, BIM elle est sublime! Je l'aime encore plus. Mes pirates Boots… Notre histoire d'amour remonte à quelques années maintenant découvertes lors d'un cours d'histoire de La mode et du Design à Duperré, une de mes profs nous en fait l'apologie: travail fait main, design inchangé depuis 1981, rééditées chaque année depuis, classées au patrimoine mondial du design etc… Ok je meurs. Ça, c'était bien avant que ça devienne une folie sur la blogosphère, bien avant que j'ai un blog d'ailleurs… J'en crève d'envie, je fais des calculs débiles, comme: "si je ne mange que des soupes chinoises à 0,90cts pendant 3 mois, peut-être que je pourrais me les acheter en les faisant passer sur mon budget repas d'étudiante". Non je suis bien trop gourmande et épicurienne pour faire ça…
Mon hystérie se calme, j'y pense moins. Je rencontre mon amoureux quelques années plus tard, et un soir avec des amis, on parle "matériel", et on échange sur l'objet de tous nos désirs. Et je me revois très bien dire cette phrase " Pour moi ça serait sans hésiter, une paire de pirate boots! Si un jour un mec m'en offre une paire, je l'épouse…" On n'en reparlera absolument jamais après.
Six mois plus tard, Noël arrive, mon voisin arrive et me tend un paquet, "tiens la gardienne m'a donné ça pour toi" j'ouvre, je fonds devant ma paire de Pirates boots. Alors oui, même si ce cadeau reste intimement lié à mon histoire d'amour, et que je ne sais pas de quoi demain sera fait… Elle reste pour moi un gage d'amour délirant, qu'une personne m'a aimée si fort qu'elle a fait des pieds et des mains (surtout des pieds) pour vouloir me combler. Aujourd'hui je ne les porte que très rarement ces bottes, je les regarde très très souvent, ce qui rend dingue mon amoureux. Mais j'ai une hantise c'est de les abîmer et qu'elles partent en lambeaux, elles sont si fragiles… Et surtout ma bague trois doigts en argent. En 2011, je suis partie un long mois en Inde avec ma meilleure amie Justine B. À cette époque, j'avais une bague Urban Outfitter avec des strass et un design plus large et plus anguleux, un truc très chic et distingué, on était en 2011 je vous le rappelle, et cette bague, je la portais tout le temps, elle m'avait noirci les doigts de façon quasi indélébile, mais je l'adorais… Depuis le début de ce voyage en Inde, elle était restée au fond de mon sac avec mon passeport et mon billet retour. À mi-chemin de notre périple, nous nous arrêtons dans une ville sublime, je crois que c'est d'ailleurs cet endroit que j'ai préféré, Udaipur. Une après-midi, lors de nos balades locales, on se retrouve dans une bijouterie de 2 mètres carrés, pleine comme un oeuf à chiner une bague pour ma soeur et ma mère, des bagues addicts aussi…
Et puis comme par hasard, une sorte de petit miracle se produit, je lui demande si c'est lui qui fabrique les bijoux qu'il vend eh bien oui dans un anglais approximatif, il nous fait comprendre qu'il a son atelier au-dessus… On le visite, il tente de nous vendre des pendentifs en argent avec des gens qui forniquent " KAMA SUTRA" c'est tout ce que l'on comprend. Le miracle arrive dans quelques lignes… Je me souviens que dans mon sac, il y a cette fameuse bague, que je lui montre, je lui dis que j'en veux une comme ça, mais plus fine, plus ronde en argent massif, je griffonne, je mime le design (je mime la bague 3 doigts mieux que personne), je lui dis que je ne veux pas de pierre, juste quelque chose de lisse, il tente de me convaincre que ça serait mieux avec mon prénom gravé en indie… Mais non, je persiste et je signe, Justine convaincue par mon langage corporel, signe aussi on en commande deux pour le lendemain après midi (véridique).
Le lendemain, arrive on retrouve notre petit bijoutier, il sort de son tiroir-caisse deux chiffons dans lesquels sont, on le devine, enroulées nos bagues. J'en tremble, je me dis que si ça se trouve il n'a rien compris, que l'on va avoir une bague avec une orgie indienne en 3D dessus, nos prénoms gravés en dessous… Et là Le miracle, j'avais un sourire greffé sur mon visage lorsque mes yeux se posaient sur mes doigts, le bonheur… Le bonheur pour 1600 roupies chacune soit un peu moins de 20 euros. Lors de la première rayure, j'en aurais pleuré, depuis je la perds régulièrement, mais je sais qu'elle n'est pas loin, tantôt dans le panier du chat, tantôt coincée dans le canapé, dès que je la retrouve je suis comme une folle. Si je devais me résumer à une chose, ça serait à cet objet… carrément.
Mais bon quand même les cadeaux que je préfère c'est ceux que je me fais à moi même. Les cadeaux qui ont une histoire, qui correspondent à une époque de la vie, d'un changement de carrière, d'un renouveau amoureux… J'entends souvent dire: "Oui ce manteau, je me le suis acheté quand j'ai décroché mon CDI" , "ce collier c'était pour mon anniversaire, j'en avais tellement envie que je me le suis acheté plutôt que d'attendre que quelqu'un me l'offre…", "Cette bague je l'ai achetée quand je l'ai quitté, pour symboliser un nouveau départ… ". J'aime l'idée de s'offrir un cadeau pour se célébrer, s'encourager. Alors je trouve ça évidemment dommage que cela doive passer par du matériel pour penser à soi. Mais finalement pourquoi pas, si dépenser en pleine conscience, pour se féliciter de passer un cap, alors je ne peux que dire oui… Et vous, c'est quoi votre plus beau cadeau?
Par Lise Huret, le 25 décembre 2013
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