Fashion week de Paris automne/hiver 2024-2025 : le debrief #2
Entre clins d'oeil aux décennies passées, citations SF, classiques revisités et questionnement autour de la matière, la seconde partie de la fashion week parisienne livra des collections riches en détails potentiellement impactants. Tour d'horizon de ce qu'il faut en retenir...
Chez Miu Miu, le court-métrage réalisé par l'artiste Cécile B. Evans évoque l'éventualité de la perte des souvenirs que nous stockons par milliers dans des banques de données finalement assez vulnérables. Des souvenirs - tour à tour intimes ou universels - qui ressurgissent ici par touches au fil des passages, entre la taille basse des années 2010, le cuir suédé brodé cher à la créatrice, l'esprit Marc Jacobs 2008 (Miu Miu, Marc Jacobs), les blouses d'un autre âge, le sourire d'une actrice dans un vieux film italien, les gants Miu Miu de 2017 (voir ceux de 2024) ou encore les collants en laine réchauffant nos genoux de petite fille… Au sein de la ligne bis de chez Prada, ce sont davantage des détails qu'une silhouette en particulier que l'on retiendra, à l'instar du col de chemise relevé asymétriquement, des longs gants esthétisant ceux que l'on utilise pour sortir le gigot du four, des broches épinglées sur un cardigan, de l'élégant mix gris/vert menthe/alezan, des godillots à moitié lacés, de l'écharpe à demi glissée sous la chemise ou encore du vivifiant combo bleu azur/orange/fauve. Qin Huilan (alias @i_doctor_qin) défila chez Miu Miu (voir ici).
Virginie Viard s'autorise peu à peu à se détacher de l'ombre de Karl Lagerfeld pour livrer sa propre vision de l'univers Chanel. Et si les looks semblent dans leur majorité alourdis par un héritage encombrant, certaines silhouettes n'en laissent pas moins entrevoir une douceur inédite (voir ici, ici et là).
Du show Coperni, on retiendra que le ziploc est appelé à devenir le meilleur ami du sac à main, que la taille basse confirme son come-back, que le papier d'aluminium revendique son statut de matière chic à part entière et que la cote du duffle-coat connaît une embellie. Et qu'à défaut de connaître le sexe des anges, on sait désormais que leur auréole est joyeusement velue.
Réinventer son pull irlandais en mode DIY pourrait bien devenir le nouveau passe-temps à la mode (Coperni, Sacai, Stella McCartney).
Les tricots Sacai ne sont pas sans rappeler les expérimentations hasardeuses des soeurs Mulleavy (voir ici et là). L'opulence laineuse ringardise la douceur de la fourrure véritable (Stella McCartney, Sacai).
La patte de serrage du col des trenchs devient un détail incontournable (Stella McCartney).
Le gimmick du collant remontant haut sous la taille de la jupe continue malheureusement de hanter les collections (Stella McCartney, Miu Miu).
Comme souvent chez Louis Vuitton, Nicolas Ghesquière livre mille et une idées à la pertinence inégale. Il est vrai que si le duo déshabillé scintillant/leggings offre enfin à ces derniers une légitimité fashion, si le drapage de laine feutrée brille par sa modernité élégante, si les coupes minimalistes subliment les étoffes surchargées et si blazers et vestes feront des merveilles une fois portés avec un simple jean, difficile d'être convaincu par les trompe-l'oeil célébrant l'ADN de la griffe, par l'asymétrie bancale des robes de cocktail ou encore par les fusions SF/sportswear un brin trop froides.
Par Lise Huret, le 06 mars 2024
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