Jennifer Connelly n'est pas connue pour ses choix avant-gardistes en matière de mode. C'est pourquoi certains se sont étonnés lorsqu'en octobre dernier, elle choisissait de mettre à l'honneur sur les tapis rouges le travail de Nicolas Ghesquière. À la lumière d'aujourd'hui, on réalise que loin de résulter d'une prise de position personnelle, le dress code de la jeune femme annonçait en filigrane son futur rôle d'égérie de la griffe.
La campagne Balenciaga printemps-été 2008 met donc en scène une Jennifer Connelly plus inaccessible que jamais, apparemment figée par quelques ondes intersidérales, à mille lieues de l'appropriation fashion. L'effet est glaçant et quelque peu navrant… On ne peut que regretter que Nicolas Ghesquière n'ait pas jugé bon de décomplexer ses modèles en leur apposant une gestuelle désinvolte et naturelle, qui les aurait à coup sûr rendus plus désirables. Car si ses robes tycoons et ses sandales néo-gladiators nous ont subjugués dès leur apparition sur le catwalk, il ne faudrait pas pousser le vice jusqu'à les rendre esthétiquement toujours plus parfaites, mais surtout foncièrement importables.
Si les défilés sont faits pour être admirés, les campagnes de publicité devraient nous donner les clefs permettant de se saisir du vêtement et de le sortir de la naphtaline luxueuse d'un 34 de podium. Il eut fallu pourtant de peu de choses, comme nous le démontre la série mode du Vogue anglais de février (où Daria Werbowy porte du Ghesquière : voir l'image), pour que la rigidité des courbes se fasse rock et que les fleurs satinées s'ourlent d'un reflet sobrement vintage, le tout générant un résultat infiniment plus flatteur que celui obtenu pour la campagne officielle…
Il n'est donc pas dit que Nicolas Ghesquière, en dépit de son génie avéré, parvienne une fois de plus à transporter le coeur des fashionistas. À moins que le buzz ne se situe au niveau des accessoires…
Par Lise Huret, le 07 janvier 2008
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