Ce soir-là, les socialites purent précommander les fameux sacs quelque peu avant-gardistes du cru 2008, et voir leur nom allonger la - déjà fort longue - liste d'attente. Au menu de la soirée : bulles millésimées et présentation de la nouvelle ligne. Les invités présents eurent droit à un petit revival du dernier défilé de la griffe, grâce à une réapparition des fameuses nurses un rien SM qui avaient envahi les podiums quelques mois plus tôt, lors du show printemps-été 2008. Le succès fut immédiat : l'interaction entre le travail de l'artiste et les produits Vuitton fut telle que l'assistance ne put être que bluffée.
L'image de l'infirmière est un trait récurrent chez Prince, et ceux qui connaissent son oeuvre comprendront à quel point Marc Jacobs s'y est immergé, afin de donner naissance à la toute dernière collection Louis Vuitton. Cette collaboration, qui suit celle avec Takashi Murakami, dégage une aura plus trash et moins consensuelle, qui pourrait offusquer les inconditionnels de la marque. Cependant, si les modèles ne sont esthétiquement que peu accessibles, ils n'en sont pas moins marquants et défrayeront assurément la chronique, ce qui permettra à Louis Vuitton d'occuper encore une fois le devant de la scène médiatique.
La collection en tant que telle désacralise le monogramme, le décale, le recolore, s'amuse à plonger les différents sacs dans d'incroyables bains de teintures psychédéliques, brode le velours et se sert de la toile monogrammée comme support pour tamponner plaisanteries et mantras espiègles. Si désormais on ne parle plus que des sacs, c'est que ces derniers ont littéralement volé la vedette aux vêtements. Étant donné les parts de marché que représente la maroquinerie au coeur de l'empire Vuitton et le buzz que génère une association avec un artiste, tout ceci semble parfaitement compréhensible…
Vuitton ne s'enlise donc pas dans une mécanique de "classique" speedy qui fonctionne, la maison mettant un point d'honneur à rester à la pointe, et cela le moins consensuellement possible. Pour cela, elle conserve jalousement son trublion de Marc Jacobs qui lui injecte saison après saison - au risque de choquer - son élixir de jeunesse…
Par Lise Huret, le 10 janvier 2008
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