Il faut dire qu'à une époque où l'on consomme des fraises toute l'année, les designers auraient eu tort de se priver de cette boulimie de fleurs sous prétexte qu'elle n'est pas de saison. Entre le tartan et les monochromes charbons, une certaine inclinaison pour les jardins d'hiver à ainsi éclot au pays des tendances... Chez Erin Fetherston, c'est la douceur qui prévaut. Les all-over de pétunias, marguerites et autres lierres à la luminosité patinée confèrent à la silhouette une délicatesse évanescente. Mutine, cette dernière n'a rien d'une redite de l'été et conjugue parfaitement atmosphère automnale et bouquet fleuri. On note que l'on peut associer mousseline et fleurs sans pour autant paraître s'être trompée de saisons. Il suffit pour cela de mixer cette toilette à des accessoires de couleurs profondes identitaires de l'automne (marron d'Inde, prune ou rouille).
Pour Matthew Williamson et Roberto Cavalli , les fleurs se pensent en imprimés placés et se font ostentatoires. Mixées à du noir, elles sont ainsi mises en avant afin de devenir le point fort de la silhouette. De son côté, Williamson revisite les broderies au point de croix, les traite avec finesse sur un sweat de velours et en relève la doublure d'une parka. Il n'hésite pas à associer les imprimés, ce qui créée une alchimie inédite. Quant à Cavalli, il corse le sujet en apposant à ses fleurs un lexique gipsy. Ces motifs auront en effet du mal à franchir les étapes de la démocratisation commerciale sans virer à la caricature.
On retiendra que le noir, en sertissant les compositions florales de septembre, leur dessine une nouvelle identité sans commune mesure avec l'esprit fleur bleue de juillet. On s'inspirera également de Matthew Williamson, qui ose - pour notre plus grand bonheur - mélanger motifs vieillots, inspirations sportswear et palette contrastée. Contrairement aux précédentes, les silhouettes proposées par Peter Som et Thakoon sont potentiellement dangereuses. Sous leur évidence première, elles auront ainsi tôt fait de rider la plus jolie des trentenaires, la jupe fleurie longueur genoux pouvant très vite virer à la catastrophe. A moins d'avoir la capacité de casualiser l'ensemble à coup de sweat loose et de moue boudeuse, il y a fort à parier que mal interprétée, la jupe fleurie en enterre plus d'une…
Afin que cette dernière ne se transforme pas en mauvais souvenir, on la portera taille basse avec des collants opaques et on lui associera soit un petit pull col rond ultra sage dopé par une paire de low boots zippées, soit un top en coton lâche et vieilli rehaussé d'une pointe de fourrure. Exit chemisiers, mousselines, imprimés (version Thakoon) et autres carrés Hermès...
Les fleurs abstraites d'Angela Missoni sont quant à elles plus faciles à revêtir. Délicates et sans mièvrerie, elles côtoient l'esprit sixties sans le parodier. On note au passage que seul le noir peut se combiner à ce genre d'imprimés forts et élégants, et que les coupes minimalistes sont à privilégier afin de ne pas parasiter l'esthétique all-over des motifs…
©photo : Vogue
Coco travaillera à "mi-temps" jusqu'à la fin de la semaine, pour cause de vacances. Le site tournera donc au ralenti, mais des articles seront tout de même postés quotidiennement...
Par Lise Huret, le 18 août 2008
Suivez-nous sur , et