Un certain snobisme pourrait nous faire dire que le show d'Isabel Marant n'a guère révolutionné le genre, mais qu'importe : la styliste semble tellement en prise avec la fille de la rue qu'inventer des tenues tarabiscotées dans le seul but de surprendre n'est pas le propos. Sa magie à elle se trouve en filigrane, dans la douceur d'un détail, l'audace d'un tissu translucide ou la construction osée d'un micro boléro épaulé... Elle nous propose ainsi une féminité sans fard dégageant une fraîcheur désinvolte pleine de charme, exempte de toute mièvrerie facile.
Sur le podium, le liberty est clairement à l'honneur. Il fait d'ailleurs peau neuve sous la forme d'un bouti kitsch diablement romantique, qui est incontestablement le thème fort de la collection. Ce tissu très vieille Angleterre n'hésite pas à se décliner en veste courte, micro jupe et boléro Star Trek, et à se marier - sans craindre la surcharge - aux imprimés écossais et autres dentelles diaphanes. Il faut dire que les micros volumes où séjourne le bouti sont pour beaucoup dans sa portabilité...
Isabel Marant - qui semble désormais connaître son style sur le bout des bottes - ose innover avec grâce, superposant sans hésitation moult pièces d'horizons différents. Elle fait ainsi vestiaire commun avec son boyfriend, lui piquant blazer et bas de survet' en coton, qu'elle mélange à un trousseau digne des dessous de nos aïeuls, où plumetis, dentelles et broderies anglaises rivalisent de fragilité.
Audacieuse, elle associe le rouge d'un écossais au vieux rose d'un velours, plébiscitant ainsi un nouveau duo de couleurs des plus inspirant. Elle réaffirme également son entière dévotion aux longueurs ultra courtes qui, surplombées d'une veste masculine ou accessoirisées d'un ceinturon taille basse, mettent en échec toute forme de vulgarité.
Finalement, ces jeunes femmes hautes perchées sur leurs bottes de daim rehaussées de chaînettes nous donnent une vraie leçon de style où tout est à copier et recopier, afin d'acquérir ce petit truc en plus dont Isabel Marant inonde ses créations...
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 30 septembre 2008
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