À l'instar de la ballerine Repetto ou de la spartiate K.Jacques, la Keds - avec son design simple et son indéniable confort - fait bel et bien partie de la famille des chaussures incontournables. Pourtant, si la Keds séduit actuellement la jeune génération des modeuses, il ne faut pas oublier que cette basket en toile est une vieille dame de plus de 90 ans, qui n'a quasiment pas évolué depuis sa création...
Tout commence en 1916, lorsque l'U.S. Rubber Company - le plus grand fabricant de chaussures de l'époque - décide de lancer une tennis confortable et athlétique. Ils auraient alors aimé la nommer Peds, mais le nom étant déjà pris, ce sera finalement Keds.
Quelques années plus tard, une campagne de publicité faisant référence à sa semelle en caoutchouc ultra silencieuse inventera le mot "sneakers", provenant du verbe "to sneak" (se faufiler) : "So comfortable and quiet that you could sneak up on your boyfriend or outwit your toughest opponent". Plus tard, ce terme passera dans le langage commun et désignera une tennis de toile à la semelle en caoutchouc.
En 1924, les Keds sont adoptées lors des championnats de tennis, conférant à ces dernières une vraie légitimité dans le monde du sport. Puis en 1926 sort le modèle Triumph, aussi bien adapté à la ville qu'à l'activité sportive, qui introduit la Keds auprès des citadines. À la fin des années 30, la marque Keds se développe tant vers des produits destinés à accompagner le sportif dans toutes ses activités que vers une cible féminine, en proposant sous la ligne "Kedette" toute une série de souliers allant de l'espadrille à la sandale à talon.
Mais c'est véritablement dans les années 80 - avec les Keds Classic Canvas Champion - que ces tennis vont devenir l'apanage des jeunes femmes branchées. On pouvait ainsi les voir aux pieds de toutes les héroïnes des séries du moment, comme Lucy Camden dans "7 à la maison" ou Kelly dans "Sauvé par le Gong"...
Fort logiquement, la déferlante ne tarde pas à influencer la rue : très vite, la panoplie up-to-date consiste en une paire de Keds additionnée de leggings et d'un sweat shirt oversize. Ceci dit, vers le début des années 90, l'enthousiasme diminue. La Keds devient alors un produit ringard aux yeux du public et reprend sa place de tennis basique sans valeur ajoutée.
Il faudra attendre une petite dizaine d'années pour que la roue tourne à nouveau. Ainsi, en 1997, Lily Pulitzer, styliste américaine, s'empare de la Keds pour lui apposer un imprimé inédit et la propose en série limitée dans ses boutiques. À ce moment, personne ne sait qu'il ne s'agit que du début du renouveau de la petite sneaker...
La société fait alors preuve d'un dynamisme volontaire, bien décidé à réinvestir le marché. Elle réédite ainsi en 2004 le modèle Triumph destiné aux hommes, puis s'offre en 2005 les services de la très médiatique Mischa Barton en tant qu'égérie de la griffe.
La Keds devient vite aussi prisée que n'importe quelle sneaker, si ce n'est plus. En effet, moins sport que les Veja et plus féminines que les Converses, elles séduisent de nombreuses jeunes filles, qui les adoptent au long cours. Elles deviennent même hype, après avoir séjourné quelque temps aux pieds d'Agyness Deyn...
En 2008, la société décide d'emboîter le pas à ses concurrents en lançant Keds Studio, une nouvelle section de leur site internet permettant de personnaliser ses futurs tennis. Par ailleurs, si le design de la Keds classique est identique à celle des années 30, sa toile est devenue le moyen d'expression d'autres griffes. Loomstate a ainsi développé récemment une série limitée de Keds aux coloris joyful, tandis qu'en 2007 c'est la styliste Nanette Lepore qui insufflait aux sneakers une esthétique gipsy.
Pile dans l'air du temps, Keds a également lancé un modèle 100% green qui, s'il n'est aujourd'hui proposé qu'en édition limitée (180 modèles), sera produit en plus grande quantité dès la saison prochaine. Sachant que la marque s'est engagée à planter un arbre pour chaque Keds "green" vendue, nous aurions tort de ne pas en profiter pour faire entrer ce néo modèle eco-friendly dans notre collection de sneakers...
Site officiel : https://www.keds.com
Par Lise Huret, le 19 juin 2009
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Trop de keds tuent les Keds :)
Mais elles restent quand même les seules et uniques baskets dans mon coeur.