Décidément, Alexander McQueen n'en finit pas de s'interroger sur l'évolution du genre humain. Entre mutations morphologiques (es mannequins se virent poser des "implants" au niveau de l'arcade sourcilière), fusion avec le genre animal et esthétique post apocalyptique, il aime à imaginer à quoi pourraient ressembler les créatures du futur.
Ceci dit, afin de permettre à son public d'apprécier à sa juste valeur le conte futuro-naturaliste qu'il allait leur livrer, McQueen se devait auparavant de poser le décor. Le show commença donc non pas par l'arrivée d'un premier modèle sur le catwalk, mais par la projection sur écran géant d'une Raquel Zimmermann nue sur le sable, quelques serpents ondoyants sur son corps. Le tout offrait alors une image saisissante de la nouvelle Eve, génitrice d'une humanité d'un genre inédit.
Dès lors, le défilé pouvait commencer, dévoilant enfin le visage de cette néo génération de femmes-aliens...
Perchées sur d'incroyables boots bombées (éclipsant définitivement ceux de la collection automne/hiver 2010 de Nina Ricci), la chevelure tressée sur le crâne en double nageoires dorsales et le teint opalin, ce sont des créatures effilées à l'excès qui envahirent alors peu à peu l'espace.
Vêtues de micro robes aux graphismes reptiliens chamarrés, de toilettes inspirées de l'entomologie ou de tenues empruntes de l'imagerie aquatique, ces déesses SF prirent le parti d'esthétiser à l'extrême leur carapace. Dans l'esprit de McQueen, ces dernières devraient d'ailleurs leur permettre d'évoluer aussi bien sous - ou sur - terre qu'au fond des océans, à l'image des créatures dont elles ont pris l'apparence.
S'il peut être considéré comme sublime, démesuré ou encore militant, ce show flirte néanmoins avec les thèmes forts de la saison. Les micro robes y règnent ainsi en despotes, tandis que les imprimés reptiliens ont la part belle et que le kaki s'offre quelques seyantes déclinaisons. Ceci dit, les créations graphiques de McQueen éclipsent toutes les autres, tant ses imprimés conçus sur ordinateurs n'ont d'égal que ceux des majestueux papillons exotiques...
Et si l'on retrouve les coupes chères au créateur, mêlants clins d'oeil à l'Histoire (paniers, corsets...) et futurisme assumé, on ne s'en lasse pas, tant ses recherches picturales renouvellent ses silhouettes phares et imprègnent sa collection d'une rare beauté...
Par Lise Huret, le 07 octobre 2009
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