En s'emparant cette saison de l'un des thèmes de prédilection de Lee McQueen (le futur apocalyptique de l'espèce humaine), Sarah Burton tente d'offrir une alternative optimiste à la vision particulièrement sombre de son défunt mentor. Ses androïdes aux perruques laquées ont en effet beau se protéger des rayons gamma par le biais de larges masques futuristes et arborer des bottes dénuées de talons (de manière à réduire les zones de contact avec un sol potentiellement hostile), leurs toilettes n'en ont pas moins rien de l'armure intersidérale.
En choisissant de mêler néo-sophistication, raffinement organique et clin d'oeil historique, Sarah Burton imagine pour sa muse une garde-robe où douceur, apesanteur et raffinement avant-gardiste dessinent une esthétique des plus positives.
Dès les premiers passages, collerettes et fraises 16e siècle se muent ainsi en d'opulentes fourrures neige venant réchauffer une succession de modèles immaculés et rosés à multiples godets et cintrés par le biais de larges ceintures en métal.
Les jacquards blancs et autres cuirs rappelant quelques travaux de dentellières cèdent ensuite la place à une débauche de pièces quasi abstraites, à la toison de plumes aussi légère que protectrice. Au gimmick du mille feuilles de voiles rappelant les ondulations d'une anémone (vu sur le défilé McQueen printemps/été 2012), la créatrice associe par ailleurs jupons princiers et manches féériques piquées de pistils iridescents.
Et si les looks mêlant plumage d'autruche et épais brocart ne parviennent pas à dépasser la nature un brin trop théâtrale de leur allure chargée, l'explosion de matières vaporeuses du final - au sein duquel infinie délicatesse, jouissive démesure et ampleur aristocratique se télescopent pour le meilleur - nous prouve que la magie McQueen n'a décidément plus de secrets pour la discrète, mais non moins audacieuse Sarah Burton...
Par Lise Huret, le 07 mars 2012
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