"Stupeur et tremblements" : si ces mots nous évoquent le titre d'un roman d'Amélie Nothomb, ils illustrent également parfaitement la sensation ressentie à la vue des chaussures de Lara Stone lors du défilé Chanel printemps/été 2010. Alors que l'on s'attendait à voir les Chanel girls perchées sur des souliers délicatement ornés de camélias noir et blanc, les belles défièrent l'entendement esthétique en avançant le pied logé dans des sabots de cuir et de bois...
Pour l'été prochain, Karl Lagerfeld s'est ainsi piqué d'aller piocher son inspiration dans les archives de l'histoire du costume. En faisant fi des avancées technologiques ayant permis aux paysans de troquer leurs sabots de peuplier pour une paire de bottes imperméables et en renouant avec les fameux chaussons de bois hippie, le DA de Chanel s'amuse à bousculer les normes esthétiques régissant nos habitudes shoesesques.
Il lui suffit alors d'une dizaine de passages pour envoyer un message clair à la fashionista : l'été sera champêtre ou ne sera pas. Du coup, celle-ci se retrouve contraint à envisager l'inenvisageable : le port du sabot en milieu urbain...
Cela dit, dans sa grande mansuétude, Karl Lagerfeld a bien voulu prendre la peine de revisiter ledit sabot, lui conférant - à coups de hauts talons et d'épais patins - une dégaine plus fashion-paysanne que fermière du Larzac.
Cela permit d'ailleurs à ces improbables chaussures de se voir adoptées presque instantanément par la sphère mode, la presse féminine n'hésitant pas à les ériger en tant que "it" shoes du printemps, Alexa Chung les chaussa ainsi en couverture de Vogue, tandis que Zara entreprit de les décliner à des prix abordables.
Et s'il nous fallait une ultime confirmation pour pouvoir accorder aux sabots leur laissez-passer fashion, elle nous vint de la fashion week new-yorkaise, où l'on put voir les sabots Chanel adoptés par la crème des modeuses. Le temps n'est donc plus à la polémique, mais bien plus à l'étude de cas, afin de déterminer rapidement le dress code à associer à nos futurs sabots.
La première chose à faire est de parvenir à mettre la main sur un modèle permettant la marche, de manière à ne pas se la jouer Cendrillon perdant son sabot sur le pavé parisien. Par la suite, on s'appliquera à apporter une patine urbaine à nos sabots, car si sur Skye Stracke le look bavarois s'avère des plus seyants, il ne pourra descendre tel quel dans la rue. On laissera donc les sabots blancs sur les catwalks et on optera pour une paire réglisse ou havane que l'on portera dans l'esprit tomboy.
Surmontée d'un blazer noir, une liquette blanche emmènera ainsi les sabots au bal, tandis qu'un jean cigarette roulotté sur la cheville, un fin sweat bleu marine et un PS1 de Proenza Schouler leur feront voir la vie en mode garçon manqué. Associés à une mini-jupe en jean, un pull loose Topshop et une tresse Alexander Wang, ils transformeront leur propriétaire en divine casual girl.
Enfin, les plus impatientes d'étrenner leurs néo-sabots pourront dès à présent les porter avec une paire de collants opaques, une robe pull duveteuse et une parka olive...
Par Lise Huret, le 19 février 2010
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