Entre Audrey Hepburn boostant la côte glamour des Wayfarers en minaudant dans "Breakfast at Tiffany's" et Tom Cruise faisant chavirer le coeur de toute une génération en Kawasaki GPZ 900 et lunettes Aviator, on aurait tendance à oublier qu'à l'origine, les Ray-Ban ne furent pas perçues comme un accessoire de mode, mais bien plus comme une innovation venant bouleverser le petit monde de l'optique solaire.
Tout commence à la fin du 19e siècle, lorsqu'un jeune immigré allemand, opticien de formation, décide de s'installer aux États-Unis. À l'époque, les lunettes de vues sont importées d'Europe et les montures, constituées d'or et d'argent, en font un produit très cher. Dans ce contexte, l'idée de John Jacob Bausch de fondre du caoutchouc et de le couler dans des moules afin de créer des montures résistantes et peu onéreuses est accueillie avec enthousiasme ; l'affaire qu'il monte avec son associé Henry Lomb est alors florissante...
Par la suite, les deux hommes participent à l'avancée du progrès en matière d'optique en développant des jumelles, puis des télescopes - les lentilles de ces derniers ne tarderont d'ailleurs pas à intéresser l'armée. Bausch & Lomb devient alors un fournisseur officiel de l'US army : c'est ainsi à eux que s'adressera en 1927 le lieutenant John MacCready après sa traversée de l'Atlantique en montgolfière, leur demandant de concevoir des verres réellement protecteurs. Il faut dire qu'à l'époque, les verres simplement teintés ne sont guère efficaces pour se protéger des rayons du soleil...
Bausch & Lomb met alors au point le verre RB3 de couleur verte, capable de filtrer les infrarouges et les ultraviolets. Une fois les verres créés, il faut cependant leur trouver une monture adéquate : c'est le designer américain d'origine française Samuel Bouchard qui mettra au point la monture appelée à devenir iconique : celle des fameuses Aviator. Verres RB3 et montures ergonomiques donnent alors naissance aux fameuses Ray-Ban (contraction de "Ray-Banner").
En 1937, se basant sur son modèle phare, la société Bausch & Lomb décide de lancer la griffe Ray-Ban, consacrée aux solaires. Adoptées massivement par l'armée, les lunettes Aviators sont de toutes les photos officielles des généraux de l'époque (MacArthur lui-même ne s'en séparait jamais). Considérés comme des héros à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la gloire des GI's rejaillit ainsi sur les Ray-Ban, qui font désormais quasiment partie de leur uniforme...
Après la guerre, la société continue de prospérer : en 1953, les Wayfarers sont lancées sur le marché. Mais ce qui va permettre à William Bausch de faire perdurer le succès de l'entreprise familiale, c'est avant tout une idée : faire rentrer Ray-Ban à Hollywood. Petit à petit, il se débrouille ainsi pour qu'Aviators et Wayfarers apparaissent dans toutes les superproductions. Et cela fonctionne : de James Dean à Peter Fonda, tous portent assidûment leurs Ray-Ban, offrant à la marque une publicité des plus efficaces.
En 1986, c'est le modèle Clubmaster - inspiré des lunettes portées par Malcolm X - qui voit le jour et fait l'actualité de Ray-Ban.
Cependant, dans les années 90, la griffe perd peu à peu de son prestige : à force de privilégier le volume des ventes par rapport à la qualité des produits, les ventes de Ray-Ban ont fini par s'effondrer. Il faudra attendre 1999 pour que Ray-Ban retrouve de son panache, suite à son rachat par Luxottica, son concurrent italien.
Montée en gamme, réseaux de distribution performants et publicités percutantes permettent alors à Ray Ban de renouer avec le succès. Depuis, aux côtés des modèles iconiques ne se démodant pas éclosent régulièrement de nouvelles créations amenées à satisfaire l'appétit insatiable des modeux en la matière...
Site officiel : https://www.ray-ban.com
Par Lise Huret, le 22 avril 2010
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