Que ce soit en se focalisant sur une égérie star ou en s'amourachant d'un groupe de mannequins, les campagnes Balenciaga partagent depuis plusieurs années une certaine appétence pour les poses figées, voire robotiques.
Et si Steven Meisel essaya dernièrement d'apporter un peu de "souplesse" à la muse de Nicolas Ghesquière, le photographe fétiche de Carla Sozzani n'y était jusqu'ici pas encore véritablement parvenu.
Ce dernier eut ainsi beau tenter d'apposer une esthétique un brin destroyed à l'opus printemps/été 2011, l'échappée punk de la femme Balenciaga se vit brutalement freinée par la perruque lustrée de Gisele Bündchen. Six mois plus tard, nouvelle déception : shootées en mouvement, Julia Nobis, Liisa Winkler, Carla Gebhart et Juliane Grüner n'en affichent pas moins une allure aussi mécanique que glaciale...
Cela dit, l'été 2012 pourrait bien marquer le début d'un nouveau cycle pour Balenciaga. Moins "control freak" que les précédentes, la campagne de saison choque en effet presque par son manque - assumé - de précision.
Cheveux humides, yeux à moitié fermés, non-pose : la nouvelle recrue de Ghesquière - la Hollandaise Laura Kampman - a tout de la pré-ado hostile tentant de sublimer maladroitement sa beauté juvénile en piquant des pièces haut de gamme dans le placard maternel. On est ici très loin des filles sans saveur de l'été 2010, des top models en goguette sur mars de l'hiver 2010/2011 ou des inaccessibles élégantes de cet automne...
Décoiffée, photographiée télécommande à la main (obnubilée par on ne sait quel programme télévisuel), la Balenciaga girl revêt une humanité touchante, au point d'offrir aux vêtements de la griffe parisienne une désirabilité passée inaperçue lors du défilé d'octobre dernier...