Quelques années plus tard, au détour d'un rayon des Galeries Lafayette, je tombai nez à nez avec une paire de Doc Martens. Telles une madeleine de Proust, ces dernières me replongèrent alors instantanément au coeur de mes années lycée. Lorsque, chaussée de Doc Martens marron 8 trous, le monde m'appartenait...
Une fois enfilé le modèle noir carbone que j'avais sous les yeux, difficile de nier l'évidence : cela faisait une éternité que je ne m'étais senti aussi bien dans une paire de chaussures. Je décidai alors de faire une entorse à mes principes et de privilégier pour une fois le confort aux diktats de l'élégance en succombant auxdites Doc Martens...
Sur le chemin du retour, le doute commença cependant à m'assaillir : que penserait mon mari de cet achat régressif ? Accepterais-je mon reflet dans le miroir une fois privée de cet artifice flatteur que sont les talons hauts ? Mais aussi et surtout, allais-je réussir à intégrer les fameuses bottines à mes looks, moi qui étais la première à trouver que celles-ci avaient furieusement tendance à parasiter la silhouette ?
Je m'apprêtai à faire demi-tour lorsque survint une jeune femme élancée arborant trench, slim roulotté sur la cheville, col roulé et... Doc Martens. L'allure faussement classique de cette jolie apparition me convainquit alors de leur donner leur chance.
Une décision rapidement validée par Julien, qui ne manqua pas de plébisciter l'allure boyish de l'association Doc Martens/slim/chemise glissée sous un petit pull col rond, tout en m'avouant préférer l'allure des filles portant des souliers plats à celles des jeunes femmes arpentant la ville sur des échasses. Et dire que c'était en partie pour lui que je m'imposais les talons...
Portées en mode preppy ou dans un esprit Marc by Marc Jacobs, mes Docs m'ont depuis valu plus d'un compliment. Sans parler du plaisir d'avaler les kilomètres sans avoir mal aux pieds, de marcher dans les rues désertes sans annoncer bruyamment ma présence ou encore de me sentir "adulescente" au bras de mon homme...
Et qu'importe si certaines de mes amies les détestent : mes 30 printemps cohabitent au final fort bien avec ce plat que je me suis trop longtemps interdit par principe. Ce qui ne m'empêche évidemment pas de me percher avec plaisir sur 10 cm de talons dès que l'occasion se présente...
Par Lise Huret, le 26 octobre 2012
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