J'ai toujours été frappée par la différence de signification que peuvent revêtir les couleurs en fonction des pays et des cultures, mais aussi par ce qu'elles évoquent d'une personne à l'autre. En fonction du vécu, celles-ci se nimbent en effet d'une saveur particulière, d'une mythologie unique. Pour ma part, le blanc m'évoque cinq souvenirs en particulier…
J'ai 5 ans. J'attends avec impatience la fin de l'hiver et l'éclosion des premières perce-neiges. Des petites fleurs blanches que je cueillerai avec parcimonie, afin de ne pas troubler l'harmonie sauvage du jardin.
J'ai 6 ans. Accroupie dans le grenier, je feuillette des albums photo. L'un d'entre eux, plus vieux et fin que les autres, attire mon attention. En l'ouvrant, je découvre des clichés en noir et blanc du mariage de mes parents. Ma mère, dans sa robe immaculée, irradie de sérénité aux côtés de mon père. La petite fille que je suis associe alors cette toilette blanche à une certaine idée du bonheur.
J'ai 7 ans. Les mercredis sont pour mon frère et moi l'occasion de donner libre cours à notre passion pour les cabanes. Notre matériau préféré : les draps blancs en coton dont regorgent les armoires de cette grande maison qui fut autrefois celle de mes arrière-grands-parents. À coups de bouts de ficelles et d'épingles à linge, nous érigeons des tentes dignes de quelques tribus touaregs. Mon plus grand plaisir : m'allonger à l'intérieur et me laisser envahir par l'odeur de lavande exhalée par ce paradis blanc.
J'ai 12 ans. J'aime rejoindre dans sa chambre ma soeur aînée férue de lecture et lui demander de me conseiller un livre. Cette soirée-là, c'est le roman de Pearl Buck "Vent d'Est, vent d'Ouest" qu'elle me glisse entre les mains. J'y apprends avec surprise que le blanc est en Asie la couleur du deuil. Une découverte qui m'incitera à remettre en question les choses que je considérais jusque-là comme acquises.
J'ai 4 ans, 8 ans, 17 ans. J'appuie ma tête contre la vitre de la voiture et observe les nuages blancs, en pensant qu'il y a cent ans, mille ans, dix mille ans, une autre petite fille voyait la même chose que moi...
PS : Le blanc est le premier thème que nous avons choisi d'aborder au sein des Particules Complémentaires - un collectif de journalistes, créatrices, color designers et rédactrices de mode, toutes liées par une affection et une admiration mutuelle, avides d'échanges et ayant pour point commun de posséder un blog. Cette série de 9 articles a pour ambition de vous offrir une vision plurielle d'un sujet nous ayant toutes inspirées. Retrouvez les 8 autres articles sur les blogs de Lili de Ma Récréation, Mai de Superbytimai, Lisa de Make My Lemonade, Olivia de Please magazine, Géraldine de Café Mode, Mathilde du blog Shoooes, de Domino de What Domino Wants et Virginie de VeePost.
Pearl Buck !! Et dire que je pensais être la seule fille de ma génération à l'avoir lu !! Et que dire de Vent d'Est, Vent d'Ouest ! Les petits pieds libérés, la modernité... Bref, c'est un livre qui m'a marquée quand je l'ai découvert au même âge que toi !
Bises Lise
Et bravo pour ce lancement des Particules Complémentaires! :)
J'ai eu un coup de foudre pour ce livre. J'ai enchainé avec les autres Pivoine, La mère, Le pavillon des femmes... J'ai découvert la Chine à travers les yeux de Pearl Buck.
C'est bon de voir la façon que vous avez chacune eu de nous offrir votre blanc. Je sens que les Particules Complémentaires vont devenir une grande source de réflexion et d'inspiration.
Quelle bonne idée que ces variations sur un thème! Bravo!
Sinon, la photo de tes parents: typique des mariages des années 70, la capeline et les deux boucles devant l'oreille que j'aimais et que j'aime encore.
Vent d'est, vent d'ouest: moi aussi j'y ai appris que le blanc est la couleur du deuil en Chine! À peu près au même âge que toi. Ce livre m'a énormément marquée.
Bises!
La capeline, c'est celle de ma tante se mariant le même jour que sa soeur (ma mère). Son look était beaucoup plus "folk" que la robe sage de ma maman.
"Vent d'est, vent d'ouest", j'aime qu'il fasse partie de ta mythologie personnelle : ce livre m'a tant marqué.
Très jolie évocation du blanc et de ce qu'il t'évoque. Connais-tu les livres de Michel Pastoureau? Il est historien et spécialiste de la symbolique des couleurs. Un de ses livres les plus récents s'intitule "Les couleurs de nos souvenirs" : il t'intéresserait certainement (si tu ne l'as déjà lu!)
J'ai un faible pour la longueur de manches de la robe de ta maman. J'accroche sur ce genre de longueur depuis déjà quelques années (Publicité Prada Homme avec un manteau large et manches courtes (que j'ai arraché d'un magazine et garder précieusement), blazer bleu aux manches aussi courtes, aperçu sur une photo street style Pitti Uomo...). Moi qui ai horreur des chemises à manches courtes, voilà que je me fais une fixette sur les autres vêtements à manches courtes, qui peuvent s'avérer très élégants.
J'aime bien regarder les nuages (même encore maintenant), et deux fois plus depuis l'unique fois où j'ai pris l'avion. Pas uniquement lorsqu'ils sont blancs, d'ailleurs.
Moi c'est son voile bordé d'un biais blanc que je trouve particulièrement élégant. Mais c'est vrai que maintenant que tu le soulignes, je remarque que cette longueur de manches est très chic ;)
Les nuages en avion ? Mieux que n'importe quel film visant à nous en distraire !
C'est une très belle photo de vos parents.
Le livre de Pearl Buck aura marqué beaucoup de ses lectrices
Le blanc, une "couleur" qui est tellement variable par ses associations et le mythe qui l'entoure - deuil pour les uns, pureté pour les autres.
Mais comme nous nous trouvons sur un blog mode, quelle belle couleur !
C'est une "couleur" que j'ai eu du mal à porter pendant longtemps. Mais cela fait quelques années que je commence à me l'approprier. Mais cette couleur ne supporte pas à mon avis l'à peu près. Il faut que le tee-shirt soit parfaitement taillé, idem pour la chemise et encore plus pour la robe ;)
Coucou Lise, je viens, quand j'en ai le temps, sur ton site fabuleux et là quelle surprise d'y voir tes parents en photo ! J'ai compris le rapport en lisant ton article sur le blanc... Fameux...
La robe de Calou : simplicité, élégance et grâce...
Quant à Pearl Buck, L... et moi avons eu les mêmes lectures au même âge !!!
Bravo pour tes chroniques fascinantes (cela faisait longtemps que je voulais te le dire) !
Je t'embrasse...
Ma chère Nathalie, quelle surprise et quel bonheur de te lire ici !
Je suis très touchée que ces chroniques te plaisent.
Cela ne m'étonne pas que tu aies partagé avec Laurence la lecture de Pearl Buck, pour moi vous avez un peu le même univers...
Je t'embrasse très fort.
J'aime bien le concept des LPC. En tant que lectrice, c'est vraiment cool puisque ça me permet de découvrir d'autres blogs (à part TDM que je consulte tout les jours et Cafemode de temps en temps...je ne suis pas tellement de blogs).
Bon, j'ai lu tout les articles et j'ai beaucoup rit. Il y avait enormement d'humour dans la plupart des articles. J'ai bien aimé le texte de Geraldine de CM..quand elle evoquait le fait que pour elle le blanc est incarné par des icones irréelles et coupés d'une certaine réalité. Je me reconnais totalement dedans (même si je porte souvent du blanc). Mon rêve serait de me pavaner toute fière en tailleur pantalon blanc signé Saint Laurent comme le 1er look de la collection été 2001. Mais ça ne reste qu'un fantasme :)
C'est très touchant finalement de découvrir que tes moments "blanc" sont des moments aussi personnels et intimes.
En regardant la photo de tes parents, je suis assez subjuguée par cette mariée très effortless. La modernité de la robe, la simplicité de l'allure... Plus que le bonheur, cela fait apparaitre une femme sure d'elle mais egalement une femme d'une extreme simplicité et en phase avec son époque. Même si la photo est en N&B, l'image qu'elle evoque est tout à fait contemporaine :)
Je suis excitée par vos futurs projets donc bonne continuation LES PARTICULES COMPLEMENTAIRES!
J'ai découvert vendredi les textes et images de chacune et j'ai été bluffé par la richesse et la diversité de ces contenus. Elles sont vraiment inspirantes mes huit particules ;)
C'est fou, en quelques mots tu décris très bien ma mère. C'est dingue ce qu'une photo peut révéler !
@...Quoi ? Tu ne suis pas mon blog ? lol
Je suis en train de faire ma valise et pas de blanc, trop risqué ! Je possède un pantalon blanc de smocking, une fois porté toujours, toujours courir chez le pressing. J'ai abandonné ! Pourtant, il est magnifique !!!
Le blanc a une douce odeur de sérénité ...:) Au Maroc aussi on porte le blanc pour des enterrements, je sais que le noir semble plus de circonstance pour beaucoup mais je trouve ça plus beau, apaisant, l'atmosphère y étant déjà souvent très lourde...Je vais enfin pour découvrir Les Particules complémentaires !!
Je ne connaissais pas cette coutume marocaine. "Apaisant" c'est exactement le mot qui me vient à l'esprit lorsque j'imagine les cérémonies que tu décris.
Canon… je navigue sur ton site que j'adoooree, et la je tombe sur cette photo, en noir et blanc… sans lire ton article… je me dis mais on dirait tes parents, c'est dingue!! trop drôle, ton article me confirme les choses!!!
Je suis devenue accro à ton site, tes articles sont dingues, toujours plein de surprises et de nouveautés, je reconnais bien la pâte de mon acolyte de l'époque!! … et ton talent!!!
Longue vie a ce site fabuleux qui me guide chaque semaine dans mes achats pour ma boutique ;-)