L'ambiance :
Cette saison, point de mignardises élaborées pour accueillir les Shala Monroque, Anna Dello Russo et autres Carla Sozzani, mais de simples tranches de pain sec surmontées d'un carré de chocolat noir. Pas de doute, l'ambiance est au "survivalisme"...
La femme Prada :
Propulsée au coeur d'un monde post-apocalyptique, la femme Prada tente de se reconstituer une garde-robe digne de ce nom. Elle ne dispose pour cela que de son maigre savoir-faire en matière de couture, d'une ou deux chutes de toile de coton, de quelques patrons classiques et de fragments de ses luxueuses toilettes d'antan.
La collection :
Entre manches à bords francs, points de couture apparents, patchworks de tissus effilochés, empiècements de brocard télescopant leurs homologues en toile de jute, damassés dévorés et bandes de matières luxueuses permettant de finaliser un manteau, les silhouettes Prada - aux volumes tantôt seventies, tantôt Renaissance - interpellent par leur sophistication précaire et leur beauté difficile. Ajoutez à cela des longueurs chastes, des mis-bas désuets ainsi que des teintes classiques - voire austères - réveillées de temps à autre par un éclair de couleurs acides, et vous obtiendrez une collection aux effluves vintage, cérébrales et paradoxalement automnales.
Les pièces fortes :
Les jupes en cuir - droites ou froncées - aux empiècements de brocards, les manteaux étroits aux coutures graphiques, les blousons chamois et les petits pull courts sans manches devraient tous figurer en bonne place au sein des carnets de commandes des acheteurs.
Ce que j'en pense :
Plus que jamais, la beauté pradienne se fait fuyante, difficile d'accès. Miuccia Prada parle ainsi de "beauté impossible", à des années-lumière de l'évidence, une beauté que l'on construit et non que l'on reçoit. Confectionnés à partir de tissus extrêmement simples et de bribes de matières luxueuses, ses vêtements élégants sont la matérialisation parfaite de cette beauté plus intellectuelle qu'esthétique.
Et si le gimmick des coutures non finies apparaît parfois trop premier degré et si certaines silhouettes manquent clairement de fashion appeal, force est de constater que prises séparément, les pièces de saison se révèlent souvent convaincantes.
Il est enfin appréciable que le message stylistique de cette collection ne soit pas directement assimilable par la fast fashion. À l'heure où tout se doit d'être instantané, il est revigorant de voir la mode oser aller au-delà du vêtement, raconter une histoire inspirante et exiger un peu de temps pour être comprise...
Par Lise Huret, le 22 septembre 2014
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