Chronique #52 : Les sacs et moi

Je n'ai jamais été très "sacs". À vrai dire, je n'en porte quasiment jamais. Pour autant, cela ne m'empêche pas de fantasmer régulièrement sur certains "it" bags, et notamment au supplément d'allure que ceux-ci pourraient me conférer...

Un soir de novembre, à l'occasion d'un dîner avec les Particules Complémentaires, Olivia s'étonna de me voir arriver une nouvelle fois sans sac. C'est alors que Géraldine lança : "Lise c'est un vrai mec, elle met tout dans ses poches !". Elle n'avait pas tort : travaillant de chez moi, je n'emporte généralement que le strict minimum lorsque je dois mettre le nez dehors. Par ailleurs, me maquillant très peu, je n'ai pas besoin de faire de retouche dans la journée, si bien que tube de rouge et poudrier ne sont pas indispensables à ma survie citadine.

Bref, je ne porte pas de sac. Il faut dire également qu'à chaque fois que je me décide à aller voir en boutique un modèle qui pourrait potentiellement me plaire, je suis systématiquement déçue. Or, moins j'achète, moins j'ai envie d'acheter, et plus l'acte d'achat et surtout l'objet de ce dernier finissent par m'obséder.

J'en étais à ce stade lorsqu'avec Mathilde nous nous mîmes à évoquer le concept de "l'autority bag", qui stipule que toute femme travaillant dans la mode se doit de posséder un sac griffé, afin d'être plus facilement prise au sérieux par ses interlocuteurs. Un sac "laissez-passer" donc, mais aussi un sac qui en impose, un sac qui permet d'arriver en baskets à un rendez-vous, un sac validé par l'intelligentsia fashion, un sac à plusieurs zéros... Face à cette énième injonction fashion, une partie de nous avait envie de dire "on s'en fout !", tandis que l'autre nous susurrait : "avec un Céline, l'histoire est réglée et tout le monde est content".

Puis le temps a passé. J'ai essayé le Classic de Céline et j'ai été très déçue. De son côté, Mathilde a craqué pour un Tila March. On a continué nos petites vies, elle avec son sac super joli et peu vu, et moi avec mon portable dans une main et mon journal dans l'autre. Jusqu'au jour où, en passant devant une vitrine Antik Batik, la dégaine ethno bling-bling d'une pochette attira mon regard. Je passai cependant rapidement mon chemin : ce n'est pas mon style et je ne porte pas de sacs, et encore moins de pochettes.

Oui mais voilà, la boutique se trouvant à deux pas de chez moi, difficile de tirer définitivement un trait sur cette pochette made in India. Alors que je réfléchissais aux différentes manières de la porter, je réalisai soudainement que son extravagance colorée siérait à merveille à mes looks casual. Je finis par aller l'essayer. Une fois devant le miroir, je ne pus que constater l'évidence : ladite pochette conférait un incroyable coup d'éclat à mon duo short bordeaux/chemise en jean. De quoi me convaincre de passer à la caisse...

Ce n'est ni un "authority bag", ni un "it" bag, mais cette pochette me plaît beaucoup... N'est-ce pas finalement là l'essentiel ?