L'embellie Chloé
Cela n'aura échappé à personne : la griffe Chloé est de loin celle qui a su attirer le plus l'attention cette saison. Reste à savoir si ce retour en grâce sera ou non pérenne...
Après le départ en 2006 de Phoebe Philo, la maison Chloé eut toutes les peines du monde à trouver chaussure à son pied. Il est vrai que ni Paulo Melim Andersson, ni Hannah MacGibbon ne parvinrent à faire exister la femme Chloé, qui perdit sous leurs doigts une bonne partie de son fashion appeal. La fracture entre la griffe et les femmes s'accentua d'ailleurs à partir de 2009, lorsque la tendance "janséniste sportswear" - à des années-lumière de l'ADN bohème de Chloé - devint le mètre étalon de la mode. La maison parisienne n'intéresse alors plus grand monde...
Il faudra ainsi attendre l'essoufflement de Phoebe Philo chez Céline et l'arrivée de Clare Waight Keller pour commencer à entrevoir une lueur d'espoir. Les manteaux bubble gum de l'automne/hiver 2012 font en effet mouche aussi bien auprès des acheteurs que de la presse, tandis que le travail sur les volants de la collection suivante réjouit les puristes attachés à l'esprit d'origine de la griffe. Renouant avec le romantisme inhérent à la marque (tout en affichant suffisamment de modernité pour espérer séduire les générations d'aujourd'hui), les blouses et robes aériennes ultra féminines se font alors de plus en plus présentes au sein des collections (voir ici, ici et là). Une bouffée romantique particulièrement bienvenue après les années cérébrales de l'ère Céline, les fashionistas appréciant de pouvoir troquer leurs atours conceptuels contre des pièces flattant leur coquetterie fleur bleue.
Le style boho seventies de la griffe connaîtra son apogée avec la collection printemps/été 2015 et le triomphe des toilettes vaporeuses oversize, mini robes en dentelle ocre et autres néo-broderies anglaises imaginées par Clare Waight Keller. Ajoutez à cela le lancement d'un nouveau sac - le Drew - distribué à toutes les blogueuses influentes, rédactrices de mode et autres "it" girls (voir ici, ici, ici et là), des campagnes de parfums omniprésentes, des égéries hype, une sandale semi-compensée copiée tous azimuts et des toilettes vues au sein des revues streetstyle - voir ici, ici et là - et vous obtiendrez une griffe infusant avec succès chaque strate du fashion business.
Reste désormais à savoir si cette embellie se transformera ou non en succès durable. Il faudrait pour cela que la griffe continue d'assumer pleinement son ADN romantique en misant sur des robes aussi photogéniques que portables. Et qu'importe si cela devient lassant : à en croire la bonne santé de la maison Valentino, décliner à l'infini un concept qui fonctionne - les longues robes dans le cas de Valentino - ne semble pas offusquer les acheteurs, bien au contraire…
Par Lise Huret, le 21 juillet 2015
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En général on a soit du succès du coté accessoires, soit du coté prêt à porter. Dans le cas Chloé, avant c'était dosé de cette façon, puis petit à petit, seuls les sacs ont porté la marque. Et voilà que la cliente plébiscite désormais le vêtement. c'est un vrai bon point.
Valentino a une vraie force de frappe aujourd'hui en communiquant sur du produit entrée de gamme sur ces réseaux sociaux et en e-commerce (les fameuses chaussures cloutées et sacs assortis pour les bloggueuses et les folles d'instafashion, les sweats néoprènes et les sneakers bi-colore pour les messieurs disponibles en vente en ligne), mais en ne mettant en avant que les plus belles pièces de prêt à porter dans les médias classiques, au travers des séries mode et de la presse, sans parler de la couture et des événements s'adressant à une clientèle triée sur le volet.
Enfin, n'oublions pas que Valentino est la propriété du Qatar, ce qui n'est pas étranger à la recrudescence de robes amples et longues, la cliente locale recherchant ce type de vêtement.
Dans les deux cas le succès est au rendez-vous, et il marque le changement de règles dans une galaxie jusqu'à présent (trop) dominée par les sempiternels Louis Vuitton et Gucci.
Affaire à suivre donc.