C'était cependant sans compter sur mon psychiatre qui, quelques jours avant notre départ, me conseilla de profiter de cette période de vacances pour arrêter l'un de mes médicaments et ainsi mieux gérer les inconvénients du sevrage. Sans parler de Charles qui, à 2 ans, ne tient plus en place dans un porte-bébé dorsal, fait 100m en une heure (une de ses passions étant d'admirer tranquillement fourmis, cailloux, fougères et autres pommes de pin) et vomit au bout de 10 minutes de route lozérienne... Entre maux de crâne, nausées et grande fatigue, je me suis vite rendu compte que ces vacances ne seraient pas tout à fait comme les autres. J'avais alors le choix : me morfondre en pensant à tout ce que je ne ferai pas ou lâcher prise.
Après une première journée difficile, je finis par choisir la deuxième option. Petit à petit, je commençai à me détendre et acceptai de laisser sa chance à un quotidien non planifié. Et je n'ai pas été déçue. J'ai ainsi passé des heures à observer Charles s'épanouir dans la nature et devenir un vrai petit aventurier, j'ai découvert la vie de ma grand-mère en discutant avec ma maman autour d'une infusion de serpolet, j'ai relu plusieurs romans de John Grisham, j'ai savouré l'odeur du linge propre séchant au vent sur une corde tirée entre deux sapins, j'ai fait des promenades au rythme des pas de Charles et redécouvert à quel point la nature était riche, j'ai écouté mon papa me parler de ses recettes d'émaux en imaginant les sublimes coloris qui en résulteraient, j'ai croqué avec délice dans de la tome fraîche, j'ai cueilli des mûres... et beaucoup dormi. C'était inattendu, mais au final savoureux. Je me suis rendue compte qu'à force de vouloir toujours surexploiter mes vacances, je passais à côté de choses simples, mais cependant aussi essentielles qu'une bonne dose de sensations fortes. Et si je brûle toujours de remonter sur un surf, je me suis néanmoins promis de ne plus faire rimer vacances et "boot camp". J'oserai désormais les journées blanches ouvertes à l'inconnu et à ce délicieux ennui porteur de mille et un possibles...
Par Lise Huret, le 21 août 2015
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Je t'embrasse Lise !!