Entre silhouettes phares, partis pris stylistiques, gossips et tendances émergentes, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la fashion week parisienne...
Chez Valentino, le thème de la danse est à l'honneur. Un univers auquel Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli n'hésitent pas à mêler influences rock et tribales, donnant alors naissance à des silhouettes tantôt gracieuses, tantôt trop littérales. Le retour de la ballerine à bout rond se confirme chez Valentino (voir ici). Chez Louis Vuitton et Saint Laurent (entre autres…), la maigreur de certaines mannequins tient de la provocation. Après quelques saisons de diète street-style, Taylor Tomasi revient sur le devant de la scène (voir ici, ici et là) Sur le podium Louis Vuitton, on découvre une "héroïne digitale" en prise avec les amours sportswear, futuristes et "sensuels cérébraux" de son concepteur. Elle se love ainsi dans des sweaters en mohair color-block (qui sont certainement déjà sur la liste de tous les acheteurs), porte ses robes tee-shirts liquides avec de longs gants réglisse, emprunte à la femme Balenciaga de 2007 sa fameuse silhouette jodhpur et a du mal à quitter ses pantalons de biker. Coupé de manière à créer une curieuse illusion d'optique, son trench laisse par contre assez dubitatif. On laissera à Anna Dello Russo la "discrète" chapka Louis Vuitton... (voir ici). Nul doute que le sculpteur César n'aurait pas renié cette malle Louis Vuitton légèrement compressée (voir ici). On verrait bien les maîtres nageurs de Malibu beach troquer leur sacoche de premier secours contre un sac Louis Vuitton... (voir ici)
Une fois de plus, cette fashion week fut l'occasion de développer sa fibre égocentrique (voir ici). Chez Miu Miu, la diversité - tant ethnique que morphologique - du casting fait plaisir à voir (voir ici, ici, ici et là). Les lunettes papillons et les mini sacs en tapisserie de la ligne bis de Prada devraient rapidement faire mouche auprès de la gent fashion. Espérons qu'il n'en sera pas de même des sandales de piscine pour panthère rose neurasthénique aperçues aux pieds de certaines mannequins... Semblant taillés dans du tissu d'ameublement, les pardessus Miu Miu jouent la carte du désuet remasterisé et se font ainsi plutôt convaincants (voir ici). Si l'on en croit Miuccia Prada, il est temps de ressortir nos colliers de perles (Miu Miu). Iris van Herpen continue d'exceller dans l'utilisation de l'impression 3D (voir ici). Avec ses allures de défilé couture à l'ancienne et ses robes empreintes de références à YSL, le show Saint Laurent brouille les pistes : défilé d'adieu ou défilé visant à faire taire les rumeurs ? Réponse dans quelques jours... Chez Chanel, oubliés les décors grandiloquents : cette saison, Karl Lagerfeld a imaginé un salon cossu, à l'image de ceux qui accueillaient par le passé les défilés haute couture. À la différence près que celui-ci fut prévu pour recevoir pas moins de 2000 invités... Les chapeaux du show Chanel ont toute leur place au sein du panthéon des accessoires potentiellement traumatisants... (voir ici) La doudoune oversize et colorée semble être appelée à devenir la friandise warmy de l'hiver prochain (voir ici et là). A l'occasion du défilé Chanel, Karl Lagerfeld annonça l'arrivée de Willow Smith en tant qu'égérie de la maison parisienne. Un choix bien plus enthousiasmant que celui de Lily Rose Depp...
Attention à ne pas porter les atours Gucci en mode "dadame", sous peine de "mémériser" ces derniers (voir ici et là). Chez Sacai, difficile d'imaginer le rendu réel de la collection avec toutes ces sangles transformant de manière artificielle - et éphémère - l'allure des créations de Chitose Abe (voir ici, ici et là). Dommage … Graphiques et colorés, les manteaux Valentino illuminèrent le paysage urbain (voir ici). A sa grammaire streetwear/militaire, Riccardo Tisci ajoute cette saison moult références à l'Égypte antique. Et si certaines pièces ne déméritent pas (à l'instar des petites robes Osiris et des mini blousons évoquant les parures des pharaons), il n'en émane pas moins du reste de la collection une troublante sensation d'incohérence. Stella McCartney pousse cette saison le concept du confort à son paroxysme en multipliant les volumes oversize. De la doudoune géante en velours moiré à la robe pull cape en passant par la robe sweat girly XXL et le maxi short doudoune, l'humeur du jour est ainsi plus que jamais au cocooning sportswear. Ce qu'il ne l'empêche pas de livrer dans le même temps de ravissantes et raffinées robes esprit lingerie... L'utilitarisme nonchalant de la femme Céline fait partiellement mouche : alors que ses amples pantalons frôlent - comme souvent - la perfection et que ses imperméables donnent envie de renoncer au beau temps, ses sandales hivernales et certaines de ses robes (voir ici et là) ont quant à elles plus de mal à convaincre… Phoebe Philo valide la tendance "robe sur pantalon" (voir ici et là). En imaginant un perfecto imprimé léopard, Isabel Marant s'assure l'amour éternel des modeuses (voir ici). Edie Campbell nous donnerait presque envie de porter le jogging en total look (Chloé).
Encouragé par des ventes en constante augmentation, Olivier Rousteing poursuit la "kardashianisation" de Balmain… et tant pis si le résultat se révèle très peu fédérateur (voir ici, ici et là). Chez Chloé, Clare Waight Keller continue de miser sur le mix pièce sportswear/esprit romantico-bohème, tout en ajoutant à sa palette une touche de cuir biker. Les aficionados du genre seront comblés. Vert d'eau, blanc, olive et jaune canari font décidément bon ménage (Chloé). Décliné en cuir, le pantalon flare perd en dégaine bohème ce qu'il gagne en allure urbaine (voir ici). A contre-courant des sophistications "gucciennes" et des déconstructions à la Vêtement, Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant (Courrèges) se veulent avant tout concis et pragmatiques. Ajoutez à cela une ré-interprétation humble et judicieuse des archives de la griffe et vous obtiendrez un sans-faute de la part des deux jeunes hommes. Attention cependant à ne pas lasser en oubliant de se renouveler... Entre poncho et pardessus, il faut choisir… (voir ici) Le manteau chauffant, une utopie ? Pas pour Courrèges, qui en présenta deux au sein de son opus automne/hiver 2016-2017. Le casting "100% white" des défilés Balenciaga et Vêtements interpelle les observateurs. Moins enthousiasmantes que d'ordinaire, certaines silhouettes Dries Van Noten attirent néanmoins l'attention. On pense tout particulièrement à celle mêlant blouson à l'imprimé léopard perlé, gilet de grand-père bleu marine porté à même la peau et jupe 7/8 taillée dans une étoffe masculine, qui compose un ensemble au glamour dramatique fascinant (voir ici). Lorsque les trottoirs parisiens se transforment en tapis rouges street-style, cela peut parfois donner lieu à des scènes cocasses (voir ici)… Déclinée dans une teinte monochrome, la veste zippée sportswear fait l'unanimité (voir ici). H&M Studio mise sur un casting pluriel (transgenre, femme de plus de 50 ans, taille au-delà du 38) sans caricaturer ni les uns ni les autres et cela fait du bien.
Lorsqu'un designer/couturier a un style, une allure qui le rend reconnaissable entre tous, une griffe en somme, on ne peut pas dire qu'il/elle s'épuise parce que ses silhouettes se ressemblent d'une saison à l'autre. Reprocherait on à Balzac d'écrire toujours dans la même veine tous ses tomes de la Comédie Humaine ?
Je trouve dommage de demander aux couturiers de se réinventer en permanence, d'être inconstants. On peut faire avancer la création en trouvant un style qui convient à son auteur, dans la mode comme dans toutes les autres formes d'art.
C'est probablement lié à une question de rythmes de vies qui s'accélèrent j'imagine
On accueille avec bienveillance l'arrivée de Bouchra Jarrar chez Lanvin. J'aurais bien vu Stefano Pilati mais Jarrar est un bon choix qui aurait également eu sa place chez Dior.
De très belles choses. Je retiens Valentino, Stella Mccartney, Dries Van Noten. Par contre, je n'en peux plus de Kanye West, Kelly Jenner, Gigi Hadid et Balmain!!! Pour moi les célébrités éclipsent totalement le vêtement, qui reste au demeurant très médiocre. Déçue par Balmain...
Le défilé Balmain avait lieu près de mon lieu de travail, j'ai donc pu assister au cirque auquel cela donnait lieu. A la fin, une petite ado a couru derrière la voiture de Kendall puis s'est mis à pleurer. C'était trop pour elle. Touchant ou exaspérant. On a les idoles qu'on peut.
Ce qui m'a étonné, c'est à quel point les looks de streetstyle donnent mieux en photo qu'en réalité. En photo, c'est graphique, pointu, pensé. En réalité c'est surchargé, sur-connoté, le contraire absolu de l'effortless chic. C'est alluré mais sans allure.
Un grand merci Lise! Je n'ai pas pu suivre les défilés du tout et je suis ravie de ton débrief, j'ai le sentiment que l'essentiel de la semaine y est!
J'adore les manteaux Valentino et la collection Stella McCartney - Dans les deux cas je perçois un certain humour!
En revanche je ne comprends pas du tout les chapeaux Chanel, qui ne mettent pas le visage en valeur je trouve...
Et je suis aussi assez effarée par le fait que sur les photos streetstyle, les gens ont toujours le nez rivé sur leur téléphone!Alors même qu'ils arpentent généralement des lieux magnifiques.
Bref, je ne sais pas si c'est la dernière fashion week "traditionnelle", j'ai hâte de voir comment cette industrie va se renouveler.
Merci encore!
Regarder leur téléphone leur permet de faire semblant de ne pas chercher à être photographié tout en restant statique longtemps à un endroit où rodent des photographes.
Je n'ai vraiment pas aimé Valentino.
Par contre, Vuitton...OUI! Les 80's revisités avec l'épaule et la taille marquée, une réelle perfection (pour les pantalons, j'avais l'impression qu'ils étaient portés avec une jupe par dessus).Très peu convaincue par les robes t-shirts mais bon...
Incroyables chaussures et blousons chez Miu Miu et casting assez réussît même si la collection en elle-même était assez pauvre.
J'aime toujours le travail de Karl chez Chanel même si le côté hyper démocratique de la collection ne m'a pas touché. De belles pièces mais dans l'ensemble, pas grand chose de transcendant. L'avantage des précédents shows etait que les vêtements etaient aussi créatifs que le décor. Et Willow comme ambassadrice: Je valide! Pas de Kylie ou Kendall Jenner.
Tisci et Rousteing semblent vivre dans un autre monde, dans leur bulle...entourés de célébrités, rappeurs et stars de TV réalités qui chantent leurs louanges. Du coup, pour nous les potentielles clientes ou le grand public, ça ne prend pas.
J'ai beaucoup aimé Céline. Plus calme que d'habitude, très lounge. Les dernières collections étaient un peu wild. Je suis curieuse pour la suite.
Pour moi qui adore le léopard, quelle tristesse et surprise de le voir ainsi mal executé par Dries...
Bouchra Jarrar chez Lanvin? Bonne nouvelle...maintenant, qui va bien prendre la direction artistique de Dior? Alber, Riccardo ou Stefano?
ah ah le chapeau "traumatisant"... En regardant les visuels sur Vogue, je me suis dit devant certains accessoires et tout ce rose pétant sur certains passages "voilà une collection que ne dénigreraient pas les polly pockets de ma nièce quand elles auront l'âge de la retraite" (j'ai d'ailleurs scruté en vain l'arrivée du poney et du carrosse...). heureusement le reste m'a rassurée.
Effectivement cela fait du bien (même très bien) l'approche H&M à la Fashion Week.
Btw, je viens de me rendre compte de que souvent je list tes articles type "liste d'idees" à l'invers, començant par la dernière idée ;-) Cela me rappelle certain article que tu as écrit il y a peu
"Rousteing poursuit la "kardashianisation" de Balmain… et tant pis si le résultat se révèle très peu fédérateur"
Désolé mais cette phrase est construite à l'envers. Il serait plus juste de dire Rousteing poursuit la Balmainisation de Kim Kardashian.
Balmain a su rendre les Kardashian accros à leur marque , grâce à l'esthéthisme de leurs vêtements et des contrats financiers avantageux. Ils ont raison de ne pas se priver d'une alliée, telle Kim Kardashian étant donné qu'elle est actuellement une des femmes qui a le plus d'empowerment.
En tout objectivité Olivier Rousteing et Ricardo Tisci ont énormément de talent,
je trouve regrettable que leur travail soit constamment critiqué car les gens ne supportent pas Kim ou Kanye. Cela n'a rien à voir avec leur qualité de D.A , il faut arrêter ces amalgames entre positionnement stratégiques et créations artistiques.
Ça fait plusieurs saisons que Lise fait cette observation...
Je ne suis pas sure que la raisons soit qu'elle ne supporte pas Kim K, mais que son "uniforme" n'est pas composé d'éléments qui l'émeuvent , ou s'accordent avec son univers.
Kim c'est du moulant systématique, du court, des décolletés qui pigeonnent, des cuissardes, le tout dans des teintes unies neutres: beige, poudré, blanc, noir... des cheveux lisses, un coté sexy un peu trop premier degré.
Et tu as l'air de dire toi-même que c'est une alliance fondée sur des intérêts commerciaux...
C'est pas le genre de Lise, on va pas lui reprocher d'assumer sa subjectivité, c'est le principe du site...
bonjour Lise
merci beaucoup pour ton analyse
je me demande pourquoi personne n'évoque le fait que pour cette fashion week parisienne, il a été impossible de savoir les lieux où se déroulaient les défilés (lieu tenu secret...)
alors que la ville de Paris a communiqué sur la fashion week : je me demande à quoi cela pouvait servir puisque impossible d'y aller...
si quelqu'un en connait la raison, j'aimerai bien le savoir
j'ai été du coup très frustrée par cette fashion week
Cécile, en période post attentats c'est plutôt rassurant de garder les lieux secrets... quant à assister à un show, il ne faut pas y penser à moins de travailler dans le milieu et dans ce cas d'être invité par les RP des maisons.
Merci pour ces explications
Cela n empêche pas que on n a pas eu ce genre de precaution ds les autres villes (NY Londres et Milan)
Ce n était pas pour y assister mais pour voir du sreetstyle aux abords
Est ce que vous pourriez me donner les info pour les prochaines fashion week?
Bon, moi j'ai adoré les canotiers chez CHANEL en tout cas ! D'ailleurs, ça reste une forme assez classique, je comprends difficilement pourquoi tout le monde se défoule dessus. Les bijoux font cheap cheap cheap, m'enfin si ça se vend tant mieux pour eux.
Et un membre de la famille Smith ça me désespère, pas vraiment comme si leurs déboires étaient respectables. Tu me diras, la fille Paradis n'avait rien non plus à faire dans la campagne. J'adore Karl pour la création, autant le PAP que la HC, mais d'une point de vue de l'image, des dossiers de presse et des campagnes, c'est vraiment pas terrible.
Ce chapeau canotier est loin d'être classique: plus large que la tête , avec un bord plat ( qui donne l'impression d'une bassine renversée sur la tête, c'est ce qui me gêne vraiment) . Il tient aussi de la la bombe d'équitation (avec la sangle) . Cela rend le chapeau si particulier qu'il ne laisse pas indifférent (on aime ou pas).