Chronique #68 : Instagram et image de soi
Candice Huffine, Iris Apfel, Dana Trixie Flynn… autant de femmes qui, bien que ne correspondant pas aux critères de beautés véhiculés par l'industrie de la mode, se révèlent à mes yeux bien plus inspirantes qu'une Chiara Ferragni...
À force de visionner en boucle défilés, campagnes publicitaires, lookbooks et séries mode,les images de corps plus que sveltes, de ventres creux et de cuisses dépourvues de capitons ont au fil des années fini par saturer mon inconscient. Si bien que sans m'en rendre compte, mon oeil est peu à peu devenu très critique envers mon propre corps. Julien avait beau me faire remarquer que j'avais une vision déformée et que la plupart de mes obsessions physiques n'étaient pas rationnelles, je continuais de nier.
Puis Instagram est arrivé, accentuant ce flot d'images auxquelles je me croyais imperméable. Des images issues de comptes d'influenceuses - que je suivais dans une optique de "veille" - qui répondaient toutes aux mêmes critères que ceux des magazines et diffusaient le même idéal morphologique.
Toujours dans la même démarche de veille, je me suis également mise ces derniers mois à suivre des profils un brin différents (mais toujours esthétiques), à l'instar de celui d'Iris Apfel (adorable vieille dame excentrique férue de mode), de Candice Huffine (mannequin plus size), de Sara Escudero (blogueuse à la minceur "accessible"), de Mori Chinami (styliste japonaise dont la mannequin n'est autre que sa grand-mère de 92 ans) et Dana Trixie Flynn (une yogi new-yorkaise un brin perchée). Des femmes apparemment toutes bien dans leur corps, s'amusant et croquant la vie. Pour autant, je n'avais pas l'impression que ces images positives m'impactaient particulièrement. Elles défilaient comme les autres et me laissaient de marbre.
Et puis, pour diverses raisons (sevrages médicamenteux, savoureuse nourriture italienne, manque de temps pour faire du sport), j'ai pris du poids. Difficile de dire combien de kilos j'ai pris (je ne me pèse jamais), mais j'ai vu apparaître de la graisse là où auparavant je n'en avais pas. Très vite, cela commença à me perturber, au point d'obscurcir mes journées. Je me demandais si cela allait être mon "nouveau corps" post trentaine, et le cas échéant si j'arriverai à le tolérer.
C'est à ce moment que certaines images de mon fil Instagram commencèrent à me sauter aux yeux. Candice Huffine souriante et dynamique, Iris Apfel irradiant d'espièglerie… Les voir si belles dans leur unicité me faisait incontestablement du bien. Sans avoir pour l'une la silhouette de Gisele Bündchen et pour l'autre la jeunesse de Kendall Jenner, elles irradiaient, faisaient un milliard de choses, s'exposaient au monde, s'assumaient…
Plus je regardais vivre Candice Huffine, plus j'intégrais intimement que l'IMC n'avait fondamentalement pas grand-chose à voir avec la beauté, le bien-être et la reconnaissance sociale. Et qu'il était stérile - voire mortifère - de considérer un IMC bas comme une condition sine qua non au bonheur. Je pris donc la décision de ranger mon slim - dans lequel je me sentais trop serrée et qui à chaque fois que je m'asseyais me rappelait que j'avais grossi - et élus domicile dans mon jean boyfriend. Dans le même temps, j'essayais de positiver en toute occasion, de pratiquer quotidiennement le yoga et de m'inonder d'autosuggestions positives.
Pendant plusieurs semaines, ma silhouette n'évolua pas, mais je m'en moquais : les nouvelles courbes que je voyais dans le miroir ne m'apparaissaient plus si disgracieuses. L'effet "Candice" sans doute. J'arrêtais de vouloir - inconsciemment mais à tout prix - un corps ultra mince et comprenais dans ma chair que le corps était à géométrie variable, qu'il pouvait grossir, qui allait vieillir et qu'il fallait que ces aléas cessent de m'atteindre à ce point. Mais aussi qu'au delà de son aspect, c'est ce que j'allais faire de ce corps qui le rendrait beau, lumineux, attractif et social...
PS : Ce matin, je me suis glissée dans mon slim et je m'y suis sentie bien. Comme quoi, accepter son corps est un bon moyen de retrouver une certaine harmonie naturelle.
Par Lise Huret, le 30 mars 2016
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Pour l'instant, je n'en suis pas encore au point où je me regarde dan la glace, toute nue, en me disant : " Chouette ! J'adore !", mais le chemin de la sagesse commence lentement mais sûrement à se frayer un chemin profond dans ma tête : déjà, j'ai accepté que je ne ferai jamais un 34 ou même un 36 comme ma Mère et mes soeurs ( mais un bon 42). Et j'ai aussi accepté que, physiquement, je ne serai jamais toute menue. C'est la vie :-)
Ce qui compte, pour moi, à présent, c'est d'avoir un corps tonique et joliment musclé :-) Ca, c'est plus accessible et donc, moins dommageable pour mon estime de moi :-)