Uniqlo s'offre Christophe Lemaire
Dans la mode, il y a ceux qui étourdissent par une débauche de gimmicks désirables mais périssables et ceux qui, à l'instar de Christophe Lemaire, créent des vêtements à la fois utiles et esthétiques qui durent bien au-delà des tendances. Pas étonnant dès lors que le discret designer - qui réalisa dernièrement 2 collections capsules pour Uniqlo - se soit récemment vu proposer le poste de directeur artistique de la nouvelle ligne "Uniqlo U"...
Au vu du succès rencontré par le vestiaire "Uniqlo and Lemaire" et de l'adéquation évidente entre l'univers pragmatique, chic et riche de références asiatiques de l'ex-DA de chez Hermès et celui de l'enseigne nippone, il eut été dommage que l'aventure entamée il y a deux saisons (voir ici et là) s'arrête en si bon chemin.Un état de fait qui n'a pas échappé à Tadashi Yanai - PDG du groupe japonais - qui, après avoir confié en 2009 la direction d'une ligne "bis" à Jil Sander, offre aujourd'hui la même opportunité à Christophe Lemaire. À la tête d'une équipe de 15 personnes triées sur le volet, celui qui mènera désormais de front le développement de sa propre griffe et ce nouveau poste de DA devra réussir à fusionner de manière pérenne son ADN "luxe low profile" à celui plus "normcore" d'Uniqlo.
Loin des collaborations Kleenex et du trip créatif égocentrique, le duo Lemaire/Uniqlo a tout pour plaire sur le papier. On aime notamment le fait que le designer envisage son association avec le japonais comme une aventure collective, où son équipe - dont il parle comme d'une start-up/unité de commandos - fait partie intégrante du processus de création.
Par ailleurs, imaginer aux manettes d'une ligne accessible celui qui nous fit rêver chez Hermès et qui nous prouva à maintes reprises - via sa griffe éponyme - que la simplicité est bien plus porteuse d'allure que n'importe quel must have, a quelque chose d'assez réjouissant.
Sans parler de cette déclaration de l'intéressé, qui a le don de nous mettre du baume au coeur : "Cela ne m'a jamais vraiment excité de travailler pour des happy few. Par contre, le Prisunic des années 1960, l'agence Mafia, le beau pour tous, ça oui, c'est intéressant". Enfin un designer de renom qui ose tenter l'expérience au long cours de la démocratisation de son talent !
Disponible cet automne, la première collection "Uniqlo U" - qui sera dévoilée à la presse en juillet - devrait apporter à l'offre Uniqlo ce qui lui manquait jusqu'à présent, à savoir une touche de sensualité cérébrale, une certaine générosité dans les coupes ainsi qu'une pointe d'audace dans les volumes. À suivre…
Par Lise Huret, le 09 juin 2016
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