Paris
Premier matin
Alanguie dans la chaleur du VTC venu nous chercher à l'aéroport, je distingue au travers de la brume matinale le profil des ponts parisiens. Le contraste avec l'urbanisme vertical que nous venons de quitter est saisissant. Paris est d'une telle beauté, cela en est presque violent. Plus je m'en éloigne, plus le coup de foudre des retrouvailles se révèle intense. Alors que les façades ouvragées se succèdent devant mes yeux, je savoure ma chance de pouvoir revenir régulièrement dans cette ville qui est devenue avec le temps mon principal port d'attache...
Les amis
Sous son élégant chapeau, Géraldine me paraît toujours plus sereine. La quarantaine lui va bien : les choix forts qu'elle opère dans son métier et la tendresse compréhensive qui transparaît lorsqu'elle évoque son fils composent le portrait d'une femme que je ne cesse d'admirer.
Sirotant un jus fraîchement pressé chez Rose Bakery tout observant la faune ultra stéréotypée du Bon Marché, je suis tout à la joie de pouvoir bientôt serrer dans mes bras ma chère Charlotte. Nous n'aurons pas assez de la journée pour évoquer pêle-mêle ses interviews au Parisien, les bêtises et mignonneries de nos enfants, les off du milieu de la télé (Charlotte est journaliste média), le physique de mon coach de sport, la nourriture canadienne, les défauts - et qualités - des hommes partageant nos vies, mais aussi nos envies, nos peurs, nos joies…
Dans sa cuisine aux teintes chaleureuses, la douce Lili m'offre un thé fumant. Les mots filent… Entre sa nouvelle vie de journaliste/blogueuse indépendante, ses projets, son positionnement vis à vis des marques et sa redécouverte du sport, elle me paraît être aux portes d'un succès que je pressens assez fou.
Fringant dans son pardessus Ami, Emmanuel me détaille les offres que Grand Luxury Hotels (club confidentiel et très fermé de voyageurs pour lequel il officie depuis plusieurs années) propose à ses clients "plus que haut de gamme". Ici, pas de réductions - qui n'auraient de toute façon aucun intérêt pour cette clientèle très fortunée - mais des expériences uniques et des intentions particulières qui feront mouche. Très éloigné de mon quotidien, cet univers inaccessible me fascine...
Bar à eau chez Colette
Littéralement saturé de parkas Canada Goose, de Faye Chloé, de mines bronzées par un Noël passé au ski (ou à St Barth), de chevelures parfaitement colorées et de barbes fraîchement taillées, le tout mâtiné de fausse nonchalance, de rires trop sonores, d'égos flamboyants et de bises touchant à peine les joues, le bar à eau de chez Colette est un condensé de tout ce que "j'adore" dans le milieu de la mode. Attablée avec Emmanuel, je remarque la moue écoeurée de notre voisin de table face à son assiette de coquillettes, qu'il juge "livides". Élevant la voix suffisamment fort pour que tout le monde puisse bien entendre, il lance alors sentencieusement à sa compagne : "4 minutes. Il leur manque 4 minutes de cuisson. Non mais regarde leur couleur de cadavre !". Il en porte une à sa bouche, déglutit et livre son verdict : "infect". Devant cette scène surréaliste de snobisme, j'ai beaucoup de mal à ne pas piquer un fou rire...
Boutique Balenciaga
Petit détour chez Balenciaga. Si certaines pièces de la collection femme s'inspirent avec brio du travail de Cristobal, la collection homme manque quant à elle cruellement de rationalisme et de portabilité (le pull cropped pour homme, sérieusement ?). J'y apprends par ailleurs que suite à l'arrivée du nouveau DA, les prix ont flambé - le fameux Classic City coûte désormais 1000 euros de plus - et qu'en dépit de cela (ou grâce à cela…) les ventes s'envolent.
Lozère
Bataille de boules de neige
L'étendue immaculée entourant la maison de mes parents donne aux enfants des envies de bataille de boules de neige. Une fois blousons et gants enfilés, nous voici ainsi ma mère, ma petite soeur, ses deux enfants, Charles et moi en train de nous fabriquer des munitions ouatées. Entre les éclats de rire de Charles recevant en plein visage sa première boule de neige, les cris outrés de son cousin à qui il a l'outrecuidance de rendre la pareille, l'enthousiasme belliqueux de ma petite soeur médecin militaire à qui il n'aura fallu qu'un peu de neige glissée dans le cou par mes bons soins pour redevenir la fillette espiègle de notre enfance et le sourire de notre maman aux anges de nous voir tous réunis, ce moment infiniment joyeux se vit immédiatement rangé dans ma boîte à souvenirs sous l'étiquette "rare et précieux".
Aligot paternel
Depuis quelques minutes s'échappe de la cuisine une délicieuse odeur. Patiemment, papa y tourne l'aligot qu'il nous servira à midi. Cette purée à base de tomme fraîche est pour nous une véritable madeleine de Proust familiale, tant sa saveur gourmande est liée à nos jeunes années passées en Lozère. J'anticipe avec gourmandise l'orgasme papillaire à venir et la délectable sieste qui suit généralement ce genre d'agapes...
Trivial fou rire
Tard dans la soirée, au bord du feu de cheminée, la partie de Trivial Pursuit bat son plein. Et si entre les beaux frères la compétition est rude, du côté des filles (mes deux petites soeurs et moi-même), l'humeur est plus taquine. Il suffit ainsi d'un mot à double sens, d'un geste d'humeur d'un mauvais perdant ou d'une question particulièrement ardue pour déclencher chez nous d'interminables fous rires. Des fous rires à couper la respiration qui nous firent nous sentir plus proches que jamais...
Petits bonheurs en vrac
Observer la seconde génération de cousins (dont Charles fait partie) se rassurer mutuellement lors d'une chasse au Dahu.
Découvrir à l'aube le paysage figé sous un manteau de glace.
Humer la senteur inimitable que compose l'air glacial mêlé à l'odeur du feu de cheminée.
Admirer pour la première fois les cheveux argentés de ma maman (à 66 ans, elle a décidé d'en finir avec les teintures).
Lire dans le regard de mon fils un amour inconditionnel pour ses grands parents. Il les adore d'ailleurs tellement qu'il ne voulait pas rentrer au Canada. Un soir, assis sur son lit, la mine songeuse, il nous lança ainsi : "Je veux pas rentrer au Canada, y'a personne au Canada...". Moi : "Mais si, tu as plein de copains là-bas !". Lui : "Oui, mais y'a pas mamie et pape...".
Par Lise Huret, le 13 janvier 2017
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Eh oui c'est toujours aussi bon de rentrer ( particulièrement à Noël) et de plus en plus dur au fil des années de repartir, s'éloigner des siens qui vieillissent...
Le temps de "réajustement "après les avoir quittés est à chaque fois un peu plus long, et le pincement plus fort.
Les enfants demandent systématiquement pourquoi est-ce que nous on déménage tout le temps alors que les autres, eux, restent ensemble. Mais finalement de retour, où que nous vivions, tout cela se tasse assez vite pour eux. Je ne doute pas une seconde qu'il en sera de même pour ton petit Charles.
Prenez soin de vous 3