Cela fera bientôt un an que nous avons quitté l'Italie pour venir poser nos valises à Toronto. Jalonnés de challenges, de découvertes, de déceptions et de surprises, ces derniers mois en Ontario nous ont fortifiés en tant que famille et nous ont poussés à nous remettre souvent en question. L'heure est aujourd'hui à un premier bilan...
La ville
Force est de reconnaître que contrairement à New York, Paris ou Florence, Toronto n'a pas vraiment d'âme. Difficile du coup de s'y attacher vraiment... Cela étant dit, ses parcs (voir ici et là), son lac, ses larges trottoirs, sa dimension "ultra safe", sa programmation de spectacles et sa population cosmopolite en font une ville agréable à vivre.
Pouvoir contempler (par temps dégagé) des couchers de soleil grandioses (notre condo est orienté à l'ouest), cela n'a pas de prix. Découvrir à quoi ressemble une averse de pluie ou de neige qui se déverse au loin. Se sentir comme dans une bulle, protégé de l'activité urbaine.
Les moins
Lorsque le vent souffle (et ici il peut souffler très fort), on a l'impression que l'immeuble va s'envoler. Le bruit et la pression exercée par l'air sur les vitres peuvent être assez effrayants (surtout la nuit).
Verdict : Je suis devenue accro ! Je ne nous imagine pas quitter notre perchoir de sitôt.
La mode
Si je vais souvent faire un tour chez J.Crew et Free People, j'y achète rarement quelque chose. J'ai récemment découvert un concept store dont la sélection de pièces minimalistes vaut le détour. Je vais régulièrement examiner les nouvelles collections (Céline, Gucci, etc) chez The Bay. Je suis actuellement en pleine exploration de l'offre vintage de Toronto. Je vous en parlerai bientôt...
Charles
Pour Charles, le challenge était de réussir à communiquer en anglais avec ses petits camarades. Cela n'a pas été simple. À vrai dire, ce fut moins l'acquisition de l'anglais en tant que tel qui lui posa problème que le fait de devoir manier deux langues, l'une à la crèche et l'autre à la maison. Pendant plusieurs mois, je le sentis en difficulté. Il essayait souvent de me dire quelque chose et finissait par murmurer : "C'est trop dur de parler...". Parfois, il me reprochait de ne pas le comprendre. Un jour, après l'histoire du soir, il me posa une question que je ne compris pas, ce qui déclencha une crise de larmes. Je me mis alors à lui expliquer qu'il était normal qu'il ait des difficultés à me parler en français, car il apprenait deux langues et non une. Les pleurs s'arrêtèrent, son visage s'illumina, ses yeux se mirent à briller et il me demanda d'une petite voix incertaine : "Je parle deux langues ?". Moi : "Oui et c'est extraordinaire, tu es très fort !". Après avoir passé en revue tous ses cousins, afin de savoir combien de langues ils parlaient (une à chaque fois), il finit par conclure, tout fier et un brin malicieux : "Je parle deux langues, je suis très fort et pas Jean !" (son cousin le plus proche). Depuis, il s'exprime de mieux en mieux, souligne nos erreurs d'accents et fait même parfois office de traducteur pour sa maîtresse. Il aura suffi d'une phrase pour que tout se débloque… Ses deux meilleurs amis viennent d'Inde et de Chine. Lorsque je les vois jouer tous les trois, je me dis que Charles a beaucoup de chance d'évoluer dans un milieu aussi cosmopolite. Nous avons fait notre choix concernant sa prochaine école : ce sera une école privée avec des classes à effectif limité. Cela veut dire notamment qu'il portera bientôt un uniforme pour aller en cours. J'aime beaucoup ce concept qui évite aux enfants de se sentir mieux ou moins bien habillé que les autres...
Alimentation
Après plusieurs mois de tâtonnements, nous avons fini par trouver notre routine : nous achetons notre viande chez Whole Foods (qui propose du boeuf/poulet sans hormones et antibiotiques) et le reste (légumes bio, féculents, oeufs, laits…) chez Loblaws. Un épicier coréen (H Mart) vient d'ouvrir à deux pas de chez nous. Nous avions le même à Vancouver, du coup que je retrouve plein de produits que j'aime : nouilles de soba pas chères, algues à gogo, raviolis de crevettes, sans oublier les innombrables petits gâteaux rigolos (voir ici et là) et les incontournables mochis. Cela change un peu de la nourriture locale... Le midi, nous allons régulièrement manger à l'extérieur, cela nous fait prendre l'air et voir du monde. Petite sélection de nos adresses favorites :
- Kinton Ramen : Cuisine délicieuse et serveurs japonais très investis : à chaque client qui entre ou qui sort, ils hurlent tous en coeur - et en japonais - "Bienvenue !" ou "A bientôt !". La crise de rire nerveuse guette les clients peu habitués...
- Cibo Wine Bar : Très bon restaurant italien, qui sert du pain chaud à l'huile d'olive pour patienter.
- The Oxley Public House : Univers ultra british et carte tradi. Julien apprécie particulièrement la "Oxley fish pie". Personnellement, je m'en tiens à leur salade de kale aux dattes.
- Wish : Situé tout près de chez nous, ce restaurant à la décoration "South Beach" ne manque pas de charme. J'y commande des toasts à l'avocat surplombés d'oeufs pochés.
- Jack Astor Yonge : Nous y allons avec Charles. Entre les serveuses adorables qui se souviennent de nous, le super menu enfant et la nappe à colorier, difficile de faire plus "kid friendly"...
Sport
Si je me sentais beaucoup plus forte après mes 3 mois de coaching au KX, j'avais également gagné en volume au niveau des cuisses. Par ailleurs, être entourée d'hommes aux muscles ultra développés - alors que je recherchais pour ma part une musculature longue et étirée - me faisait me poser pas mal de questions. J'ai donc décidé de ne pas renouveler l'expérience.
Je me suis ensuite inscrite à un cours de Barre Ballet. Malheureusement, je n'ai pas aimé les profs, qui y effectuent leurs cours comme s'ils étaient seuls : ils ne vérifient pas le placement du corps, ne donnent pas de conseils... Bref, j'ai arrêté une fois mon abonnement d'un mois terminé.
Je vais bientôt tester le cours de pilates/yoga/ballet de chez Pop Physique. Je vous tiens au courant... J'ai récemment découvert les bienfaits que peuvent apporter un chiropraticien. J'ai ainsi appris que mon mal de genou venait de mes chevilles hyper mobiles, que mes torticolis récurrents s'expliquaient par le mauvais positionnement de mes épaules, et qu'il était possible de travailler sur tout cela.
Notre vie sociale
C'est là où le bât blesse : avec mes fragilités, il est difficile pour moi de réussir à bâtir des relations sur le long terme. J'ai en effet tendance à tout compromettre en annulant mes rendez-vous à la dernière minute. Cela reste donc un work in progress...
Conclusion
Si j'ai hâte que l'hiver canadien se termine, je suis globalement satisfaite de ces 12 derniers mois. Et si nous pensons que Toronto va être notre base pour au moins les 3 prochaines années, nous avons compris qu'il nous fallait nous en évader régulièrement pour réussir à l'apprécier à sa juste valeur. Cela tombe bien : la situation géographique de la ville - et ses deux aéroports - facilite les escapades. En avril, nous irons ainsi visiter Montréal, avant de poser un peu plus tard nos valises une semaine à Miami...
Par Lise Huret, le 20 mars 2017
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41 commentaires
Tous les commentaires
Biré •Il y a 7 ans
Bonjour Lise, je trouve votre article très joli et intéressant. Et chose essentielle il m'a fait comprendre d'où venaient mes difficultés à nouer des liens sociaux. Votre fragilité dont vous parlez avec beaucoup de pudeur est aussi la mienne, vos rapports à votre corps est aussi le mien.... je ne suis pa seule au monde.
Bien à vous.
Je t'envoie plein de courage pour réussir à gérer au mieux chaque journée, pour essayer d'apprécier chaque seconde et aussi pour être bienveillante envers toi-même.
Toujours un bonheur de te lire Lise. Tu as une belle plume, simple et sensible! J’apprécie particulièrement le paragraphe à propos de Charles.
N'as tu jamais pensé à te mettre à l'écriture?
C'est très gentil, merci :)
Me mettre à l'écriture ? Mais j'écris sur TDM, non ? ;)
Plus sérieusement, je ne sais pas si j'aurais l'endurance nécessaire pour réussir à écrire un livre...
Oui, c'est complètement dingue. Le temps file, file, file... J'en ai pleinement conscience et cela a tendance à me rendre assez triste. Alors pour contrebalancer cette sensation de fuite en avant, j'essaie de "ralentir le temps" le plus souvent possible en essayant de prendre conscience de ce que je fais, d'être pleinement là :)
Votre constant sur vos relations à long terme me paraît injuste au regard de l'accomplissement qu'est ce site. Je vous suis depuis au moins 4 ans et quand je vois les relations que vous avez avec certaines personnes qui commentent et que vous avait l'air de connaître personnellement, ça doit faire bien plus longtemps.
Que ça ne rentre pas dans les relations "classiques", n'en compte pas moins et c'est un pb que des gens sans votre fragilité rencontrent aussi, alors chapeau!
Pour l'école, nous avons fait le même choix pour notre fils et le résultat est ultra concluant! Tous les enfants que j'y vois sont épanouis et heureux.
C'est vrai Alix que j'ai la chance d'avoir de très bonnes amies et de super copines. Mais elles sont en France et me connaissent depuis longtemps et ont appris à m'accepter comme je suis.
C'est plus compliqué de construire quelque chose avec des étrangers lorsqu'en plus tu as une "fragilité" qui peut rendre ton comportement incompréhensible. Mais je vais y arriver ;)
Ah chouette ! C'est l'impression que j'ai eu lors des portes ouvertes de l'école : les enfants avaient l'air hyper heureux, joyeux, pas stressés...
J'ai l'impression que Saint Barth - Florence datent d'il y a 6 mois !!! C'est incroyable comme le temps passe vite. C'est toujours un plaisir de te lire et de voir comme vous vous adaptez bien, tous les 3 (Bravo Charles, il a bien raison d'être fier !). Existe-t-il une éventuelle fête des voisins canadienne ? Avec plus de 36 étages je n'imagine même pas la logistique ;) (il faudrait appeler Etienne Russo). Je t'embrasse.
Mon Dieu... Je n'imagine même pas ce que pourrait donner une fête des voisins !
Mais je pense qu'on en est assez loin : les gens ne se disent même pas bonjour dans l'ascenseur :/
coucou lise, je suis ravie que Toronto vous plaise suffisamment pour decider d'y rester quelques années même si j'adorerais découvrir un nouveau way of life avec TDM (dans 3 ans on part où ?????)
merci de nous faire voyager avec toi et ta si jolie plume, c'est toujours un plaisir infini de te lire. Quand à tes "fragilités" je ne pense pas qu'elles t'empêcheront de te faire des amis où que tu ailles, solaire et attachante comme tu es !
Je crois qu'on a tous nos fragilités, et il faut juste decider de s'ouvrir et donner une chance aux autres de nous comprendre et construire des vraies relations.
c'est une malade chronique qui parle d'experience ;)
Cela me rend nostalgique Lise de te lire, je pense à nos 13 années de vie passée en changeant de pays tous les 2/3ans... Nous avons aussi vécu dans un condo au 33eme etage à HK c était quelque chose, je comprends tout a fait ton ressenti...L émerveillement aussi devant tout ce qui est différent et nouveau... Ahhh tu me donnes envie de repartir mais pas possible pour le moment. C est drôle pour quelqu' un qui parle facilement de ses émotions comme toi que tu n arrives pas créer du lien social, en tout cas pas sur la toile, tu as tes fidèles lectrices c est déjà pas mal!! Tu sais je crois que c est la même chose pour beaucoup de monde ...créer de véritables liens demande du temps et de l engagement. Ne te force pas si tu ne le sens pas...
J'imagine qu'arrêter de bouger doit être assez difficile à accepter. Cela dit vivre en France a aussi ses avantages, et c'est malheureusement lorsqu'on en est loin qu'on s'en rend compte ;)
Mon problème au niveau social n'est pas de créer du lien mais de l'entretenir :/ Mais j' y travaille ;)
Hello Lise
Moi qui cherche en vain à prendre du volume au niveau des cuisses (que j'ai creuses et celluliteuses -( , j'aimerais bien connaître les mouvements qui font gonfler ces muscles là !
bises
tente les squats lestés, avec peu de répétitions et un certain poids, typiquement 3 séries de 10 à 12 répétitions avec 30 sec de pauses entre - ça a pas mal fait ses preuves sur mes jambes ;) (et en bonus je cours beaucoup plus vite depuis que je fais du renforcement musculaire avec des poids)
Toujours tiraillée entre l'envie de partir pour quelques années et la peur en imaginant l'énergie et le chamboulement que ça implique, j'ai beaucoup aimé lire ton article. J'aime la manière avec laquelle tu parles des côtés positifs ou plus complexes. Merci.
Je ne te dirais qu'une chose : ne te laisse pas guider par tes peurs. Les affronter rend réellement plus forte.
Et pour le coup si tu as envie de partir à l'étranger, le fait de réaliser ton rêve te rendra tellement euphorique que de l'énergie tu en auras :)
J'ai adoré lire cette chronique ! Le paragraphe sur Charles a fait fondre mon coeur un instant :) Merci pour le contenu de qualité ! Je suis de Montréal, j'ai hâte de te lire à propos de ma ville que tu vas apprécier, je l'espère.
Tes chroniques sont toujours si bien écrites et je prends beaucoup de plaisir à les lire! Que de changements en un an! J'ai hâte de découvrir vos prochaines aventures! ;)
Ah la la, le shopping à Toronto, ce n'est pas fou! Hâte de lire ce que donne le vintage...
Sinon, j'adore ce que tu as dit à Charles. En tant qu'enfant bilingue, j'aurais aimé qu'on me dise quand je me battais avec deux langues parlées dans des contextes différents.
Merci pour ce partage! J'ai adoré lire ce premier bilan! C'est toujours un plaisir de te lire et de te connaitre mieux à travers tes textes remplis de sincérité :)
Je te souhaite tout le meilleur!
Les enfants qui apprennent 2 langues (souvent quand les parents ont 2 langues différentes) parlent plus tard, mais parlent très bien. Charles est assez petit pour devenir très bientôt bilingue, c'est génial! Les structures neuronales mises en place ainsi permettent d'apprendre plus facilement d'autres langues après. Il n'a pas fini de surpasser ses cousins!
Je ne crois pas que tes fragilités soient une raison. Créer des liens sérieux prend du temps pour tout le monde! (enfin, pour moi aussi en tout cas ;-) )
J'aime lire tes chroniques !
La vie a l'air plutôt sympa là bas.
La vue de ton appart me donne le vertige. J'ai vécu au 7 ème étage d'un immeuble il y a fort longtemps et je me rappelle encore des sensations; donc je n'ose même pas imaginer au 36 ème !
Trop mignon ton petit Charles bientôt bilingue !
Bonne continuation !
Christine
C'est fou de se dire que vous êtes là-bas depuis 1 an !
Quant à Charles, c'est génial qu'il arrive à manier les 2 langues. On essaye d'apprendre l'anglais à Alice mais elle ne comprend pas le fait qu'il y ait plusieurs langues. Pour elle, l'anglais, c'est du yaourt. 😂
J'ai hâte de lire la suite de vos aventures !
Chère Lise,
Je vous lis depuis des années sans oser commenter. Et c'est un délice. Merci de nous faire partager la précision de votre analyse mode, vos émerveillements et vos questionnements aussi...Je vous souhaite ainsi qu'à votre famille une douce 2 eme année à venir dans votre ville d'adoption.
Je rejoins un des commentaires, Florence me semble si proche. Mais quel chemin depuis.... Bravo Charles! Trop fière de toi.
Des bises à partager ( je me permets)
Bonjour Lise et merci pour ta cronique fort instructive!
Pourrais-tu un jour détailler également le coté financier de cette expatriation? Histoire de voir plus clairement si ca peut etre jouable pour d'autres...
Merci et continue sur cette lancée :)
Bien à vous.