Chronique #87 : Un enfant unique
"Charles va avoir 4 ans ? Mais il est temps de penser au deuxième !" - "A quand une petite soeur pour votre adorable garçon ?" - "Dépêche-toi, après il y aura trop d'écart entre les deux…". Voilà un petit florilège des réflexions émises récemment autour de moi. Comme si avoir un deuxième enfant était une évidence, une décision allant de soi, la suite logique du premier enfant. Eh bien pas pour moi...
Chaque fois que je confie devant les yeux mi-étonnés, mi-désapprobateurs de mes interlocuteurs que Charles sera notre seul et unique enfant, ceux-ci ne tardent généralement pas à rechercher des explications rationnelles à ce choix pour le moins étrange à leurs yeux..."J'imagine que tu ne t'entends pas très bien avec tes frères et soeurs, et que tu n'as pas envie de reproduire le même schéma…".
Absolument pas : j'ai un frère et quatre soeurs extraordinaires. Je les aime tous profondément. L'enfance que nous avons vécue ensemble ne me laisse que des souvenirs savoureux et les avoir aujourd'hui dans ma vie est avant tout pour moi une source de réconfort.
"Ayant vécu au sein d'une famille nombreuse, tu as certainement dû manquer de certaines choses..."
Nous n'avons au contraire jamais manqué de rien. Alors oui, nous ne sommes jamais partis tous ensemble aux sports d'hiver, mais nous nous en moquions royalement. Nous étions bien à 9 (mon grand-père vécut avec nous jusqu'à mon adolescence), à tel point que la fratrie n'aurait pas été contre un petit 7e !
"C'est probablement le fait de tomber enceinte qui t'effraie..."
À vrai dire, non seulement je garde très peu de séquelles corporelles de ma grossesse, mais je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps que lorsque j'étais enceinte de Charles. Du coup, la perspective de recommencer ne m'apparaît pas si désagréable...
"Élever des enfants coûte cher (surtout au Canada), je suppose que vous ne pouvez pas vous le permettre financièrement…"
Je pense que lorsque le désir d'un second enfant est très fort, l'aspect financier de la chose est rarement un obstacle insurmontable.
"Ah, mais pourquoi alors ? Tu sais, un enfant unique c'est souvent malheureux…"
Charles sera-t-il malheureux ? Pas forcément plus que je ne l'ai été à différents moments de ma vie, en dépit de ma ribambelle de frères et soeurs. Charles s'ennuiera-t-il ? Évidemment, comme tous les enfants de son âge. Sera-t-il égoïste ? Il n'en prend pas le chemin. Sera-t-il trop gâté ? Sur le plan des bisous et des câlins, c'est certain !
Alors oui, c'est vrai que si j'étais différente, moins fragile, j'aurais sûrement aimé porter un autre petit être. Mais je ne le suis pas et je refuse que l'on nous juge égoïstes, je refuse que Charles puisse sentir dans le regard des adultes qu'il lui manque quelque chose, je refuse d'être triste à l'annonce d'une nouvelle grossesse dans ma famille. Car nous avons Charles. Nous n'avons pas "qu'un enfant", nous avons "un enfant". Et pour moi c'est déjà extraordinaire...
Par Lise Huret, le 07 avril 2017
Suivez-nous sur , et
En même temps, j'ai 3 filles et on me demande si je vais essayer d'avoir "LE" garçon??? vraiment??? 3 filles et très contente.