L'enfant, une valeur montante sur Instagram
Si Instagram est un formidable média permettant des éclosions professionnelles fulgurantes, il n'en a pas moins tendance à flatter les travers de la nature humaine. Je pense ici à la propension des influenceurs à inclure leurs enfants au sein de leur système d'auto-promotion...
Après avoir pris la pose sur chaque palmier de Bora-Bora, testé tous les "latte" de Brooklyn, shooté le moindre détail design de ses différents lieux de villégiature et goûté aux joies de recevoir des cadeaux journaliers via FedEx, l'instagrammeuse/influenceuse se devait de trouver un nouvel axe de développement. Or, quoi de mieux que le branding de son propre enfant ?On a ainsi pu voir récemment :
Coco Rocha propulser sa fillette sur le catwalk du dernier défilé Jean Paul Gaultier. Mais aussi développer l'image de cette dernière en lui créant son propre compte Instagram où se mêlent photos informelles, placements de produits et looks plus élaborés… Chiara Ferragni communiquer "généreusement" sur son petit garçon à venir et expliquer à la terre entière (ou plutôt à sa communauté - ce qui revient désormais plus ou moins au même) les raisons l'ayant poussé à appeler son enfant "Leone". Sans parler des élans de tendresse photogénique de son compagnon envers son ventre arrondi (voir ici et là) et autres stories expliquant les différents stades de croissance de leur - bientôt - illustre progéniture. Autant dire que la gestion marketing de cette grossesse laisse présager du meilleur pour le petit Italien à naître…
Chriselle Lim faire la promotion des bikinis Marysia en duo avec sa fillette de 3 ans, mais aussi la faire poser au sein d'un adorable publireportage accompagné d'un texte touchant, à des années lumière d'un banal communiqué publicitaire… Cette jeune femme a tout compris !
Arielle Charnas dédier une section à part entière sur son blog aux looks et au lifestyle de sa petite fille de... deux ans. Charlotte Groeneveld faire de ses deux adorables enfants des égéries Bonpoint. Grâce à l'Instagram/blog de leur influente maman, on peut ainsi voir régulièrement les bambins défiler pour la marque parisienne (voir ici, ici et là), mais aussi porter au quotidien les pièces de la griffe (voir ici et là). Des images bien entendues toujours parfaitement libellées de hashtags et autres crédits idéalement placés.
Un couple de Japonais propriétaire d'une boutique de fripes à Harajuku faire de leur créative petite fille de 5 ans la sensation Instagram du moment. Soeur spirituelle de Tavi Gevinson, cette fillette - désormais âgée de 7 ans - dont les looks affolent plus d'une modeuse semble être l'illustration parfaite de cette inconscience folle poussant les adultes à nier les dangers d'une surexposition précoce.
Par Lise Huret, le 12 février 2018
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Car rien ne disparaît sur la toile, et à l'heure où la pédophilie est plus que répandue, cette utilisation de l'enfant me trouble au plus haut point. Ces enfants devenus adultes ne vont-ils pas reprocher à leurs parents de les avoir ainsi exposés au monde entier ?
Je sais que mes enfants refusent la plupart du temps de figurer sur mes clichés Insta, sauf dans de rares cas (privés) et ma fille accepte de servir de modèle sur mon blog uniquement si son visage n'apparaît pas, ce que je respecte complètement. Ils sont ados et capables de décider, mais qu'en est-il de ces petits bouts de chou qui n'ont aucune conscience de ce que cela représente ?