Karl Lagerfeld a rejoint le clan des individus détestables pouvant engloutir 5 croissants au beurre au petit déjeuner sans prendre un gramme. Après avoir lutté 15 ans durant pour réussir à se glisser dans un slim Dior, le Kaiser va donc enfin pouvoir s'autoriser à siroter autre chose que du Coca-Cola light….
"J'ai fait toutes les analyses de la terre et ils n'ont rien trouvé."
Apparemment en pleine forme (comme quoi, l'aspartame à haute dose conserve), Karl ne semble pas encore prêt à descendre de son trône chanelien. Les verrières du Grand Palais risquent donc de voir se succéder encore bon nombre de décors grandioses. La maison parisienne serait d'ailleurs en négociations avec l'Unesco pour délocaliser - le temps d'une fashion week - le Sphinx du Caire vers la capitale française (fake news).
"N'est-il pas épuisant de jongler entre trois marques différentes ? Non, au contraire, c'est stimulant."
Le père attentionné de Choupette nous confirme ce que l'on savait déjà : l'activité intellectuelle conserve. Continuer d'être en contact avec la jeunesse, relever différents challenges et créer sans relâche semble en effet bien plus bénéfique pour l'organisme que n'importe quel exil doré sur les hauteurs helvétiques. Cela tombe bien : il n'est pas dit que notre génération connaisse le concept de retraite...
"L'année dernière, j'ai perdu deux de mes meilleurs ennemis."
Il confirme que Pierre Bergé et Azzedine Alaïa le détestaient (ayant lu le livre "Saint Laurent et moi : une histoire intime", j'aurais pour ma part pris comme un honneur de me voir détestée par l'ex-compagnon de Saint Laurent, tant ce personnage brillait par sa fausseté).
"Ce qui me pousse à continuer, c'est l'insatisfaction et le mécontentement permanents."
Éternel insatisfait, l'homme considère chaque collection comme sa dernière. On n'ose à peine imaginer la dose d'antidépresseurs que doivent ingurgiter ses collaborateurs pour conserver leur allant face au pessimisme obsessionnel du designer...
"Personnellement, j'adore Mme Obama."
S'il respecte, admire et apprécie Bernadette Chirac, Carla Bruni Sarkozy et Brigitte Macron, c'est à Michelle Obama que va sa préférence. Cet esthète du politiquement incorrect a en effet particulièrement goûté la réponse de l'épouse du prix Nobel de la paix à un journaliste qui jugeait son choix de jupe trop moulante pour une première dame : "Why, don't you like my big black ass?".
"Que pensez-vous du mouvement #BalanceTonPorc ? J'en ai ras le bol."
S'il se dit exaspéré par le mouvement #metoo et sa version française #balancetonporc, le créateur n'en déteste pas moins Harvey Weinstein. Non pas pour les agissements de ce dernier envers la gent féminine, mais pour des raisons personnelles liées à un conflit lors d'un gala de l'AmfAR. L'inverse eut été étonnant...
"Les créateurs que je préfère sont, dans le désordre, Marine Serre, Jacquemus ..."
Simon Jacquemus le fait rire (et ne lui déplaît pas physiquement) et Marine Serre l'impressionne. De quoi nous inciter à découvrir plus en profondeur le travail de la jeune femme...
"Au sujet de l'idée de la barbichette..."
L'apparition de ce bouc blanc serait liée à un accès de nostalgie ressenti devant ce portrait réalisé il y a 40 ans par Helmut Newton. Le désir universel de renouer avec une certaine jeunesse ne serait donc pas étranger à cet homme sur qui les émotions semblent glisser... Pour finir, Karl ne serait pas Karl sans son pesant de méchanceté et de cynisme. Petit florilège :
Depuis l'épisode Hallyday, les enterrements à la Madeleine ont selon lui perdu tout crédit.
Il pense que les mannequins masculins sont des êtres imbéciles, devenus toxiques depuis qu'ils se complaisent dans les dénonciations pour harcèlement.
À ses yeux, Azzedine Alaïa ne créait plus à la fin de sa vie que des ballerines pour fashion victim ménopausée.
S'il croisait une mannequin se plaignant de harcèlement, il n'hésiterait pas à lui dire "If you don't want your pants pulled about, don't become a model!".
Lien vers l'interview : http://www.numero.com/interview-karl-lagerfeld
Par Lise Huret, le 17 avril 2018
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