Histoires de sacs...
Si l'acquisition d'un nouveau sac peut assurément changer notre look, elle peut également influencer notre quotidien. Imaginons ainsi quelques journées types en compagnie de certains des sacs de ce printemps/été 2018...
Eliette, 31 ans - Sac Polène Numéro Un Mini
8h20 : En suspendant à son épaule la version miniature de son sac fétiche (le Numéro Un de chez Polène), la jeune architecte se dit que la vie serait bien plus simple si toutes les choses composant son univers pouvaient se décliner en format "post-séchage à 90°C". Elle pense notamment à sa Clio Estate impossible à garer dans les rues parisiennes, aux packs de Perrier lui faisant maudire son cinquième étage sans ascenseur ou encore à son fichu canapé hors de prix qui cannibalise littéralement son salon.
10h40 : Alors qu'elle croise son reflet dans les vitrines du Bon Marché, elle se félicite d'avoir enfin osé acquérir un sac rose pâle. Grâce à cette teinte poudrée, sa combinaison rouge gagne en effet en douceur ce qu'elle perd en agressivité chromatique.
15h : Son adorable petite cousine passe chez elle lui annoncer qu'elle quitte ses études de mode et s'envole dans 15 jours pour rejoindre une association aidant les réfugiés syriens en Jordanie. En partant, cette dernière jette un oeil à la mignardise en cuir couleur loukoum accrochée à son bureau incliné et lui lance "Ah, ils ont enfin trouvé le moyen de créer des mini formats permettant d'emporter plus qu'un tube de rouge à lèvres !".
23h : Elle ouvre délicatement la porte de l'appartement (il ne s'agirait pas de réveiller son fils de 4 mois insomniaque chronique), pose son sac sur la desserte du vestibule et se prend à contempler la perfection de son monochrome rosé. Mais... d'où vient cette fleur bleu nuit semblant s'étendre sur le coin droit du sac ? Affolée, elle se saisit de ce dernier, l'ouvre et découvre totalement dépitée que le flacon d'encre ramené du bureau a perdu son bouchon. Dommage, la journée avait si bien commencé...
Laure, 41 ans - Sac &Other Stories Mini Snap Saddle
6h50 : Sur les conseils de son coach de vie, la pimpante quadra a décidé de consacrer sa journée à éradiquer une phobie qui commence à parasiter dangereusement ses pensées. Traumatisée enfant par le port d'une robe de petite fille d'honneur couleur lilas, cette agente immobilière "successful" a en effet beaucoup de mal à gérer la montée en puissance de cette teinte diluée au sein de l'air du temps...
7h20 : Elle se remémore les paroles de son gourou : "Traiter le mal par le mal". Autrement dit, dans son cas : surconsommer du lilas et serrer les dents. Elle y arrivera !
8h : Elle pénètre vaillamment dans la chambre de son aînée et lui subtilise son tout nouveau sac lilas. Elle sent déjà la migraine poindre, mais résiste à l'envie de le reposer.
9h10 : Face à la vendeuse de chez Ladurée, elle effectue un effort surhumain en lui demandant de remplir son coffret exclusivement de macarons à la lavande.
11h : Chez Monoprix, elle troque son papier toilette Lotus Velours immaculé contre les rouleaux lilas de l'édition Collection et manque de s'évanouir.
13h : Au café de Flore, elle demande au serveur de la placer à côté de cette anglaise joyeusement excentrique arborant un tailleur lavande susceptible de lui provoquer une allergie cutanée.
16h : Elle jette un oeil prudent à son sac à main d'un jour et réalise avec étonnement que la migraine ne vient pas. Elle ouvre alors sa boîte de macarons et constate que le miracle continue : la vue des friandises lavande ne l'indispose plus, bien au contraire…
17h-20h : Le reformatage de son esprit a peut-être un peu trop bien fonctionné. Comme pour pallier un manque inconscient généré par l'absence de teintes lilas au sein de sa vie passée, elle passe la fin de son après-midi à dévaliser les boutiques de pièces susceptibles de composer avec "son" sac &Other Stories (c'est décidé, elle ne le rendra pas à sa fille) ces fameux camaïeux de coloris tellement en vogue actuellement (short Cacharel, jupe Maje, polo Acne Studio, blouse Marc Jacobs, robe The Row, pantalon Joseph…). Et dépense au passage l'équivalent de la généreuse commission perçue sur sa dernière vente d'appartement.
Anouk, 29 ans - Olympia Le Tan Paris Game Board Box Bag
8h : À côté de son croissant d'anniversaire, un attrayant paquet aux couleurs de son e-shop préféré attire l'attention de celle qui se rapproche aujourd'hui dangereusement de la trentaine.
8h01 : Hurlements de joie et baisers passionnément reconnaissants récompensent son fiancé. Ce dernier sourit et se félicite d'avoir arrêté de boire pendant ses parties de poker : ses gains ont en effet depuis considérablement augmenté et lui ont permis d'acheter à sa dulcinée ce sac hors de prix.
8h30 : En passant le doigt sur la feutrine brodée de cette pochette pour adulescente assumée, elle a l'intime conviction que plus jamais elle ne s'ennuiera…
9h : Dans la berline Uber qui l'emmène à L'Obs, elle entame sa première partie, lance des dés virtuels via une appli iPhone et déplace le mini pion à scratch qu'elle a déniché au fond d'un tiroir.
11h30 : En patientant dans la file du restaurant japonais du coin, elle s'offre Miami Avenue et Florida Avenue.
14h : Entre deux relances pour ses interviews, la jeune journaliste s'interroge sur la pertinence d'acheter ou non les gares de son Monopoly Bag. Elle n'a jamais su si cela constituait ou non un bon investissement…
16h: Elle se prend à apprécier le délai d'attente ridiculeusement long imposé par le standard téléphonique de la CAF, celui-ci lui permettant de devenir l'heureuse propriétaire des emplacements verts et bleu marine de son micro plateau de jeu.
18h : Constatant qu'outre le fait de lui attirer la jalousie éternelle du département Mode de la rédaction, son nouveau sac lui a permis de se détendre considérablement face à tous les impondérables de la journée, elle décide de zapper ses séances quotidiennes de méditation - qu'elle juge chronophages et inefficaces - et de se constituer un kit "peace & fun" à base de mikado et de solitaire de poche.
22h : Face à son homme qui se prépare à aller enchaîner les fulls et les quintes flush dans l'arrière-salle du restaurant russe du quartier, elle ressent subitement l'envie de l'accompagner. Cette journée lui aurait-elle inoculé le virus du jeu ? Pas sûr en tout cas que cela enchante son compagnon...
On aura également une petite pensée pour...
Anaïs qui, n'ayant pas pris en compte la dimension "percée" de son nouveau sac à main/filet à provisions, constata à la fin de la journée que le stylo-plume hérité de son grand-père avait glissé de celui-ci...
Maud qui, après s'être offerte un sac fourre-tout fleuri (Ganni) visant à compléter ses bien-aimés mix and match floraux, a fini par faire tapisserie aux yeux de son mari.
Ursula - allergique aux enfants et peu encline aux interactions sociales - qui a vu son nouveau sac Loewe lui attirer les oeillades de toute la marmaille du quartier. Face à cette déferlante de tendresse en culotte courte, elle a renoncé à s'offrir le Bucket Elephant Toquilla de Nannacay…
Gwendoline qui, n'ayant pas anticipé la contenance extrêmement limitée de sa dernière acquisition Clare V, a dû tout au long de la journée surexploiter la moindre poche de sa saharienne.
Pia, qui vit un agent de police lui demander très sérieusement si elle désirait porter plainte pour la lacération de son sac (Sonia Rykiel).
Tiphaine qui, en laissant nonchalamment se balancer à son bras la dernière folie offerte par son père (qui cherche toujours à se faire pardonner de ne pas lui avoir acheté un poney pour ses 10 ans) a déclenché l'hystérie d'une passante de 6 ans voulant absolument "le même jouet que la dame" (Judith Lieber couture - Hot Air Balloon Clutch).
Par Lise Huret, le 04 mai 2018
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Sinon toujours aussi drôles ces portraits, j'adore :)