Fashion week de Londres - Printemps/été 2019
Entre déception burberrienne, bonne santé créative, nuage géant et subversivité à fleur de catwalk, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week londonienne…
Après plusieurs semaines d'attente insoutenable, Riccardo Tisci dévoila ce lundi 17 septembre sa vision de l'univers Burberry. Au fil de ses 100 silhouettes, le créateur italien choisit de fusionner graduellement la grammaire "Tisci" à l'héritage de la maison londonienne. Malheureusement, à l'instar de certains détails de coupes (voir ici, ici et là) ou de matières (ici et là), les "greffes Givenchy" ne parviennent jamais vraiment à prendre. On sent que le créateur cherche, questionne la matière première Burberry - les teintes du tartan servent d'autres imprimés (voir ici), le trench est disséqué (voir ici et là), la dimension néo-bourgeoise du beige exacerbé (voir ici et là) et le foulard détourné (voir ici) - mais cette profusion de bonne volonté ne suffit pas à livrer une partition nette et efficace. Et si les choses deviennent un brin plus lisibles à la fin du show lorsque Tisci prend le pas sur Burberry, la magie ne parvient cependant pas à opérer. Cela étant dit, nul doute que certaines pièces, une fois sur les portants des boutiques de la griffe, n'auront aucun mal à trouver preneuses, à l'instar du trench Bambi à doublure tartan, de la chemisette trench, de la parka animalière et des robes tee-shirts finition nuisettes. À suivre ! La créatrice Anya Hindmarch offrit au "fash pack" de quoi se remettre douillettement de son jet lag en mettant à sa disposition un coussin aux dimensions particulièrement généreuses (voir ici et là). Si l'on fait abstraction du fait que sa grammaire stylistique doit beaucoup (trop ?) à Phoebe Philo, force est de constater que Victoria Beckham livra, à l'occasion des 10 ans de sa griffe, une collection répondant parfaitement aux envies et aux besoins de la femme active - et riche - d'aujourd'hui. Il est vrai qu'entre mix de couleurs bien pensés, détails pointus mais non clivants, blazers à la carrure à peine exacerbée et variations autour du monochrome carbone (voir ici, ici et là), les basiques imaginés par la créatrice font mouche.
A Londres, les fleurs fleurissent en septembre (voir ici et là).
Après Rihanna, c'est désormais au tour de Gareth Pugh de questionner l'improbable duo "fétichisme et maternité".
Mary Katrantzou digressa autour du champ lexical du papillon (fleurs, cocon...) afin d'en extraire de savoureux effets de matières (voir ici, ici, ici et là).
Cette saison, Simone Rocha s'intéresse à la part asiatique de son ADN et convoque au sein de sa collection l'esthétique de la dynastie Tang (16e siècle). À ses habituelles toilettes de première communiante viennent ainsi s'adjoindre des portraits des concubines de l'époque travaillés en toile de fond (voir ici et là) ou en délicates broderies. Un travail iconographique intéressant, mais néanmoins dépourvu du mystère enivrant ayant auréolé les silhouettes suavement endeuillées qui ponctuèrent le show tels des fantômes raffinés (voir ici, ici, ici et là).
Revendiquant un usage subversif de la notion de "sexyness", Christopher Kane dénicha le détail phare de sa collection - un patch en dentelle - au fin fond d'un sex shop tokyoïte. Conçu pour dissimuler le sexe des strip-teaseuses, celui-ci lui inspira moult robes, corsets, chaussures et autres systèmes d'attache. Les tee-shirts "Sexual Cannibalism" de Christopher Kane ne devraient pas laisser indifférentes les fashionistas férues de militantisme transgressif (voir ici).
Abstraction faite des nombreux looks où le conceptuel l'emporte sur l'allure, l'énergie bohème déstructurée se dégageant de l'opus estival de J.W. Anderson a de quoi réjouir. On en veut pour preuve les ensembles en maille pour hippie sporty (voir ici, ici et là) et la silhouette synthétisant à la perfection androgynie, fantaisie, entrechocs culturels et clin d'oeil classique (voir ici).
A 77 ans, Vivienne Westwood apparut plus fringante que jamais (voir ici).
Telles des mignardises venues d'un espace-temps fantasmé où s'entremêlent passé et réalité fantaisie, les créations d'Erdem Moralioglu (voir ici, ici, ici et là) affolent les capteurs des lectrices d'Orgueil et Préjugés qui, entre deux gorgées de thé, rêvent de posséder la garde-robe de Jenny Walton...
Ocre, rose layette et jean bleu délavé gagnent à se voir portés ensemble (voir ici).
Alexa Chung offrit une exposition inédite à sa collection printemps/été 2019 en la faisant défiler lors de la fashion week londonienne. Au vu de la teneur relativement fade de celle-ci, la "it" girl aurait pu s'abstenir...
Le sweat/tee-shirt à message semble avoir encore de beaux jours devant lui (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 18 septembre 2018
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