Fashion week de Milan - Automne/hiver 2019-2020
Entre guerrières gothiques, hommage à Karl Lagerfeld et robes pour princesse sous hélium, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week milanaise…
Révoltée par les conflits internationaux mais néanmoins déterminée à affirmer sa sensualité cérébrale, la femme Prada se crée une garde-robe empruntant aussi bien à la rigueur militaire et à la noirceur d'un essai apocalyptique qu'au romantisme premier degré d'une brassée de tulipes. Mercredi Addams dans l'âme, elle assume ainsi un style fleurant bon l'exaspération et la rébellion puérile. On retiendra l'allure insolente de ses manteaux masculins et autres vestes cintrées au moyen d'un mousqueton (voir ici, ici et là), le glamour égratigné de cette robe en tweed esprit Vivienne Westwood ou encore l'utilisation du bleu ciel pour réveiller les teintes organiques (voir ici et là). L'accessoire pradien de saison est incontestablement cette paire de rangers pour citadine survivaliste (voir ici).
Alors que l'on espérait que Daniel Lee - ex de chez Céline - apporterait au sein de sa première collection Bottega Veneta un peu du minimalisme bourgeois subliment décalé qui fit le succès de Phoebe Philo, le jeune homme livra un opus surchargé, poussif et parfois même maladroit (voir ici, ici et là). Seule la silhouette évoquant une guerrière japonaise en perdition au sein du 21e siècle (voir ici) parvint à faire honneur aussi bien au savoir-faire de la griffe qu'à l'ADN sportswear chic et désinvolte du créateur. À suivre... Le show Fendi se déroulant quelques jours à peine après le décès de Karl Lagerfeld, il était évident que celui-ci serait chargé d'une émotion toute particulière. C'est ainsi qu'Anna Wintour assista au défilé non pas en front row, mais en backstage aux côtés de Silvia Venturini Fendi et que fut projeté lors du salut final un extrait du documentaire de Loïc Prigent "Karl Lagerfeld se dessine" lors duquel la voix unique du Kaiser résonna une dernière fois. La créatrice révéla par ailleurs n'avoir gardé pour le show "Que les pièces sur lesquelles il avait travaillé. Pas question de faire des interprétations de son travail.".
Parmi les différents passages de cet ultime défilé Lagerfeldien, on retiendra l'usage de la fameuse résille de cuir inventée par le Kaiser lui-même (voir ici), la silhouette androgyne pardessus/pantalon large joliment twistée par la moue souriante de Lindsey Wixson (voir ici), l'alliance entre teinte chamois, jaune bouton d'or et gris ultra light (voir ici) ainsi que le look mêlant douceur, rigueur et féminité (voir ici).
Imaginer le vestiaire de la femme post "me too" semble avoir donné des sueurs froides à Alessandro Dell'Acqua. Zipper ou dézipper (voir ici) ? Dévoiler ou non les jambes sous une robe longueur genoux (voir ici) ? Simuler ou non les transparences d'une chaste robe col rond (voir ici) ? Se rebeller et prôner (ou pas) le port de la culotte en tant que short à part entière (voir ici) ? Gommer ou non les courbes sous des robes légèrement trop grandes (voir ici) ? Telles sont apparemment les questionnements ayant donné naissance à cette collection manquant cruellement d'intérêt... Chez Missoni, capuche et tchador fusionnent et brouillent les pistes (voir ici et là).
Simon Holloway (Agnona) mêle avec brio tailoring et carreaux grungy (voir ici).
Chez Moncler, Pierpaolo Piccioli offre - littéralement - au nylon rembourré ses lettres de noblesse en imaginant des toilettes pour duchesse frigorifiée (voir ici et là).
Le gimmick des multiples barrettes plates bijoutées ne semble pas vouloir battre en retraite (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 26 février 2019
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