Chronique #118 : Entre vous et moi...
Que ce soit avec mes cousines, mes amies ou mes petits copains, l'adolescente que je fus adorait entretenir des relations épistolaires. Je chérissais ainsi tout ce qu'impliquait le processus de correspondance écrite, que ce soit le moment où je m'isolais pour coucher mes pensées sur le papier (que je prenais ensuite le temps de décorer minutieusement), l'attente impatiente de la lettre qui répondrait à la mienne ou encore la lecture avide de cette dernière…
Or, au fil des années, ma boîte aux lettres d'adulte s'est peu à peu tarie. Si l'on excepte les enveloppes kraft en provenance de mes parents et adressées à Charles, celle-ci est devenue essentiellement un réceptacle administratif, laissant ainsi orphelines mes envies d'échanges littéraires. Un manque qui finira curieusement par se voir pallier par l'ennemi juré des pages noircies au stylo à bille - à savoir Internet - et plus particulièrement par l'espace que nous avons créé avec Julien il y a désormais plus d'une décennie : Tendances de mode.Il est vrai que je retrouvais dans le fait d'écrire un article, de le publier et de recevoir des commentaires la même mécanique consistant à rédiger une lettre, à l'envoyer et à recevoir une réponse en retour. La seule différence étant que je ne connaissais pas mes interlocuteurs et que ceux-ci n'avaient que mes textes pour se faire une idée de celle que j'étais.
Au plaisir d'écrire s'ajouta rapidement l'enthousiasme de vous lire, vous qui étiez généralement là par vagues. Je me rappelle ainsi de certains d'entre vous commentant assidûment, puis vous éloignant. À votre manière, vous avez laissé votre empreinte sur telle ou telle période du site. Je repense à vous avec tendresse, comme lorsque l'on regarde une vieille photo de classe.
Au fil des textes, des miens et des vôtres s'est tissée une sorte de cabinet littéraire éphémère, où le désir chaleureux de partage offre une dimension quasi humaine à un nom de domaine à l'origine froid et sans âme.
De ces échanges, j'aime tout. J'aime le fait que la mode ne soit qu'un prétexte pour évoquer mille et une choses. Je me régale lorsque l'un ou l'autre d'entre vous nous partage un fragment de son histoire au détour d'une image. J'apprécie que vous m'incitiez régulièrement à sortir de ma zone de confort. Je me délecte de cette ambiance très "book club" qui se matérialise après une dizaine de commentaires sous la même brève. J'affectionne les commentaires gorgés de traits d'esprit, mais aussi ceux à la simplicité désarmante, à l'érudition affolante ou à la timidité à fleur de clavier. Sans parler de la variété de vos horizons, âges et parcours qui enrichissent toujours un peu plus les points de vue échangés.
Je suis par ailleurs particulièrement touchée par la dimension éphémère/anonyme de certains échanges : telle photo, telle phrase nous plonge instantanément dans une discussion authentique et intense qui n'aura pas forcément de suite. Peu importe : seul l'instant présent compte.
Je ne cesse enfin d'être étonnée par la bienveillance des conversations prenant place sur TDM. Quel que soit le sujet, le ton reste toujours cordial (et ce même si les avis divergent), comme si par politesse - une notion peu en vogue sur le web - vous teniez à ce que tout le monde reste bons amis.
Bref, il était important pour moi de vous rendre hommage à vous qui faites de cet espace un endroit où j'ai envie d'exister. Vous ne saurez jamais à quel point tel ou tel commentaire a pu éclairer pour moi une journée difficile, dégeler mes zygomatiques, me faire avancer sur le plan de la réflexion "fashion", impulser en moi un nouvel élan créatif ou encore ouvrir les vannes d'une tendresse infinie. Merci pour tout... et à très vite !
Par Lise Huret, le 28 février 2019
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