Fashion week de Paris - Automne/hiver 2019-2020 (2e partie)
Entre succès inattendu, ennui abyssal, expérimentation confiante et pièces fortes désirables, passage en revue de la seconde partie de la fashion week parisienne...
Céline
À l'instar de sa deuxième collection chez Saint Laurent, le second opus d'Hedi Slimane chez Céline semble mettre tout le monde d'accord : Slimane est un génie. Non pas un génie à la Poiret ou à la Cristobal Balenciaga, mais un génie dont le talent est de savoir exactement ce dont ont envie les femmes et de réussir à leur donner. Un génie commercial sachant emprunter les éléments caractéristiques d'un style ou d'une époque et leur injecter ce qu'il faut de cool photogénique pour les rendre à nouveau désirables. C'est ainsi qu'après avoir donné envie à 99% des femmes - en 2013 - de se lover dans l'esthétique grunge pour teenager californien torturé (à coups de mini robes fleuries et de chemises de bûcheron), il parvient en 2019 à faire chavirer le coeur de ces mêmes femmes pour un vestiaire bourgeois seventies faisant écho aux tous débuts de la griffe.
Il remet ainsi au goût du jour la jupe-culotte qu'il twiste en l'associant à des volumes légèrement oversizes (voir ici et là), quand il ne la décline pas dans des matières plus rock/disco que BCBG (voir ici et là). Et s'il fait du duo slim/cuissardes l'un des points forts de sa collection, c'est néanmoins le tandem bottes hautes/jupe midi qui retient le plus l'attention. Il faut dire qu'en déclinant celui-ci sur une note seventies tour à tour classique (voir ici et là), sportswear, disco ou casual, Slimane donne naissance à des silhouettes matérialisant bon nombre des combos faisant tourner la tête de la gent fashion. Difficile notamment de ne pas être instantanément séduite par les looks mêlant "Céline old school" (voir ici et là) et "grammaire fripe" (voir ici et là)...
Seuls - léger - bémol : certains ensembles (voir ici, ici et là) risquent si l'on n'y prend pas garde de s'avérer plus datés que divinement branchés.
PS : Bonne nouvelle, il se pourrait bien que nous ayons déjà tout ce qu'il nous faut dans notre penderie pour nous concocter une dégaine Céline : lunettes aviateurs, chemise à col volanté, blazer en tweed, etc…
Balenciaga
Dédiée à sa clientèle, la collection Balenciaga imaginée par Demna Gvasalia manque paradoxalement de fashion appeal. Du décolleté rond SF aux têtes de manches rehaussées en passant par la ligne d'épaule plissée, les innovations de saison brillent en effet par leur vacuité stylistique. Ajoutez à cela des mannequins à la mine souvent austère (voire lugubre), des volumes redondants et un manque de vitalité fédératrice et vous obtiendrez un show donnant furieusement envie de changer de chaîne.
Seule bonne nouvelle : les ugly baskets ayant disparu, on devrait bientôt pouvoir les ranger dans la section "démodés" du dictionnaire fashion 2019.
Givenchy
Plébiscitée aussi bien par la duchesse de Sussex que par bon nombre d'actrices sur les tapis rouges, Clare Waight Keller semble avoir pris suffisamment confiance en elle pour décider de faire de la nouvelle collection Givenchy un terrain d'expérimentation. Aux tailleurs-pantalons seventies se mêlent ainsi mailles sculptées, carrures aux couturages apparents, manches capes dramatiques, plissés japonisants ou encore robes aux volumes inattendus. Et si la poésie des réminiscences Issey Miyake le dispute au développement parfois maladroit de nouveaux volumes, on aime que la créatrice s'autorise à se laisser pousser des ailes. Nul doute que cette copie un brin brouillonne accouchera en temps voulu d'une partition digne de ce nom.
Stella McCartney
De Stella McCartney, on retiendra les opulents kimonos/peignoirs nervurés oscillant - selon les matières utilisées - entre le cocon pour samouraï urbain et l'armure florale pour douce aventurière. Pouvant être portées en guise de trench ou de robe, ceinturées ou ouvertes, à même la peau ou associées à de la mousseline, de la maille ou du jean, ces pièces font assurément partie de celles qui mériteraient de venir vivre au long cours au sein de notre garde-robe.
On note au passage que caramel et rose pâle font toujours aussi bon ménage.
À noter également
Giambattista Valli offre une légèreté inédite à la manche gigot en la travaillant en transparences (voir ici), plébiscite le port du bandana ton sur ton (voir ici) et oublie qu'à force de vouloir absolument mixer les matières, il arrive parfois que le résultat se révèle impossible à adapter à la météo du jour (voir ici).
Chez Joseph, la capuche se fait amovible et ergonomique (voir ici).
La jupe-culotte pourrait bien s'avérer être le jean de demain (Jacquemus).
À suivre : Chanel, Louis Vuitton, Sacai, Miu Miu…
Par Lise Huret, le 07 mars 2019
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