Fashion week de Paris - Automne/hiver 2023-2024 (2e partie)
Entre photo-souvenir équestre, tailoring juvénile, dress code parisien et micro longueurs tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week parisienne…
Stella McCartney
Stella McCartney souhaita la présence de chevaux lors de la présentation de sa collection A/H afin de démontrer à l'industrie de la mode qu'il est possible de magnifier les animaux autrement qu'en utilisant leur cuir, leur fourrure ou encore leurs plumes.
Comme souvent chez Stella McCartney, les digressions stylistiques au goût discutable (voir ici, ici et là) cohabitent avec ce qui fait la force de la créatrice, à savoir des pantalons parfaitement coupés, des robes délicates de caractère, des sweats au potentiel de must have et des vestes pour working girl éclairée.
On s'amusera des escarpins en fausse fourrure et on notera que les chevaux ornant les dernières robes du show étaient ceux de sa mère et de sa soeur (voir ici et là).
Valentino
Depuis quelques saisons, Pierpaolo Piccioli ne cesse de chercher à rajeunir la cible de la maison italienne. Un désir qui se manifeste plus que jamais au sein du vestiaire de saison. Il faut dire que ce dernier s'inspire directement de sa fille de 15 ans, qui lui emprunta un soir chemise et veste de costume afin de sortir avec ses amies.
Les micro longueurs font de l'ombre aux dernières collections Miu Miu (voir ici, ici et là).
Le noir et blanc punk le dispute au rouge et noir (voir ici et là).
Plusieurs passages pâtissent de leur manque de singularité.
Le cropped confirme sa nature de gimmick jeuniste peu seyant (voir ici).
Les silhouettes finissent par gagner en intérêt lorsque Pierpaolo Piccioli leur adjoint ce qui fait généralement la valeur ajoutée de ses créations, à savoir des matières sophistiquées sobrement mises en valeur, ainsi qu'un glamour maîtrisé, juste et impactant (voir ici, ici et là).
S'il fut régulièrement utilisé par Riccardo Tisci lors de sa période chez Givenchy (voir ici et là), le piercing septum (voir ici et là) n'en demeure pas moins un bijou dont les références bovines ont du mal à s'estomper…
Sacai
Chitose Abe s'essaie cette saison à une grammaire plus sage, où elle tente de faire passer la notion d'élégance avant toute autre considération. Et si certaines silhouettes s'avèrent peu convaincantes (voir ici, ici et là), d'autres parviennent à synthétiser parfaitement l'ADN de la créatrice, entre déconstruction et charme unisexe (voir ici, ici et là).
Louis Vuitton
Qu'est-ce que le style français ? Telle est la question que posa il y a quelques mois Nicolas Ghesquière à ses collaborateurs. Diverses et variées, leurs réponses donnèrent naissance à une collection A/H évoquant le vestiaire d'une Parisienne ayant décidé "d'upgrader" considérablement la nonchalance de ses tenues.
Pour ce faire, elle conserve le dress code qui lui est cher (entre chandail glissé sous une robe chic, pull traité en robe, couches douillettement superposées et veste trop grande réchauffant une robe nuisette) et offre à chacune de ses pièces un traitement "ghesquièrien". C'est ainsi que certains détails flirtent avec l'esthétique cartoon, que les trompe-l'oeil ont la part belle (ce manteau est en cuir), que les volumes s'échappent subtilement de la norme et que l'esprit sportswear continue d'inspirer des pièces au traitement hautement technique.
Mêlant patchwork de textures, manches raglans et coupe épurée, ce pardessus nous rappelle pourquoi l'on aime - et que l'on continuera d'aimer - Nicolas Ghesquière.
Jenny Walton ne devrait pas rester indifférente aux sacs/miniatures présentés lors du show… (voir ici)
Miu Miu
L'absence de lien clair entre le discours de Miuccia Prada en backstage et la collection présentée sur le podium a le don pour pour nous dérouter. "I think we have to dress for thinking" a t-elle ainsi déclaré. Fort bien, mais en quoi remonter ses collants haut sur la taille de manière à les laisser apparaître aide à la réflexion ?
Le look post-gym est ici rendu infiniment cosy et désirable par le télescopage entre pièces utilitaires/sportswear unisexes et douceur des matières. Le sweat zippé gris à capuche fera ainsi assurément partie des must have de l'hiver prochain (voir ici, ici et là).
La coiffure des mannequins n'est pas sans rappeler celle d'une certaine Mary…
Il semble judicieux de se mettre dès à présent en quête d'une veste Carhartt susceptible de servir d'ersatz à celle-ci.
À défaut de s'inspirer du dress code "absence de bas" du show, on prendra le temps de savourer les sublimes combos de teintes proposés par la créatrice (voir ici, ici et là).
Saurez-vous trouver le lien entre le show Miu Miu et la série The Crown ?
À noter également
La cagoule se démocratise (The Row).
Sarah Burton offre une saveur baroque au pull irlandais (Alexander McQueen).
Le tailoring est partout (Alexander McQueen, The Row, Victoria Beckham).
Chanel se révèle toujours aussi frais et seyant (voir ici).
L'appétence de Rick Owens pour une esthétique pour le moins dérangeante parasite de plus en plus ses créations (voir ici et là).
Par Lise Huret, le 08 mars 2023
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