Milan fashion week printemps/été 2024 : le débrief
Entre organza éthéré, inspirations littérales, renouveau chromatique et fusion folk/tailoring, tour d'horizon de ce qu'il faut retenir de la dernière fashion week milanaise…
Prada
Difficile de présenter - sans démériter - une collection après l'opus automne/hiver 2023-2024 qui marqua la saison tant par son stylisme inspirant que par l'élégance de ses lignes. Et pourtant il le faut : le rythme effréné de la mode n'autorise aucune pause, aucun répit qui permettrait de savourer un peu plus longtemps une collection particulièrement réussie. Nous voici donc face à un nouvel épisode coécrit par Raf Simons et Miuccia Prada, qui déclarèrent vouloir se focaliser cette saison sur le vêtement en mettant en avant les savoir-faire techniques de la maison italienne.
Or, même si les franges portées en guise de surjupe manquent cruellement d'évidence (tout comme celles estompant les imprimés fleuris des chemises), que certains gimmicks sentent cruellement le réchauffé (voir ici et là), que les manches trop longues manquent de pragmatisme et que la valeur ajoutée des bouts d'étoffe drapant les vestes reste à prouver, force est de reconnaître que la finesse de l'organza floutant les robes sixties du show en mode "méduses ondoyantes" nous laisse sans voix (voir ici, ici et là). Et peu importe la quasi-importabilité - en raison de leur extrême fragilité - desdites robes : l'instant de grâce que l'on espère à chaque défilé a ici bel et bien eu lieu.
Bottega Veneta
Revendiquant avoir fait un tour du monde des dress codes afin de pouvoir créer des silhouettes fusion dépassant le multiculturel pour accéder à l'universel, Matthieu Blazy livre une collection Bottega Veneta des plus foisonnantes. Et si l'enthousiasme prend parfois le pas sur l'allure (voir ici, ici et là), l'énergie vivifiante du talentueux créateur n'en nimbe pas moins l'ensemble d'une véritable désirabilité. Que dire en effet du volume sublimement généreux de cette ample jupe frangée, de l'élégance folle de cette cape revisitée, de l'intense délicatesse de ce déshabillé, de l'équilibre parfait entre pull sage et jupe folk ou encore de l'intemporalité fracassante de cette petite robe noire ?
On notera par ailleurs que rose saumon et bordeaux sont définitivement faits pour vivre ensemble !
Gucci
Si le monde de la mode s'inspire depuis longtemps du travail de Miuccia Prada, rares sont les designers ayant osé le faire de manière aussi littérale que Sabato De Sarno. Nouveau directeur artistique de Gucci, celui qui fit ses armes chez Prada (3 ans) mais aussi et surtout chez Valentino (où il a travaillé 14 ans) nous prouve en effet avec sa première collection pour Gucci qu'il n'a pas son pareil pour s'approprier les silhouettes et les volumes identifiés comme bankables chez ses concurrents.
Et si la rétine retrouve avec un plaisir coupable les associations qui lui avaient tant plu chez Miuccia Prada, Michael Kors ou encore Matthieu Blazy, l'ensemble n'en manque pas moins d'âme et de cohérence. Nous sommes effet ici plus proche d'un très bon vestiaire Zara que d'une collection Gucci digne de ce nom. À suivre…
A noter également
On espère que le prêt-à-porter moyenne gamme pensera à s'inspirer des parfaites proportions de la robe tee-shirt de chez Jil Sander… (voir et là)
Les oeillets surdimensionnés restent - et resteront - un gimmick minimaliste dépourvu de désirabilité (Jil Sander).
S'il est définitivement dans l'air du temps, le short n'en supporte pas mois difficilement l'absence de coupe (Max Mara - voir ici et là).
Kaki et turquoise atténué font bon ménage (Max Mara).
On n'hésite pas à s'inspirer dès à présent des mix and match de couleurs du défilé Fendi, entre orange/caramel/blanc, marron/sepia/bleu ciel et jaune/marron/bleu ciel.
Entre casting de rêve, tenues dignes d'un show lingerie haut de gamme, morphologies diverses en présence et références à la période post-pandémie, les invités au show Dolce & Gabbana assistèrent à un spectacle digne de ce nom. Pour autant, se souviendront-ils d'une silhouette en particulier ? Rien n'est moins sûr…
Louis Vuitton printemps/été 2013 ? Non, Versace printemps/été 2024 !
Par Lise Huret, le 25 septembre 2023
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