Hernandez se trouve à l'aéroport de Miami avec sa mère, lorsqu'il voit son idole, Anna Wintour, embarquer dans le même avion que lui. Sa mère, le voyant proche de l'évanouissement, lui demande ce qu'il se passe, à quoi il répond qu'Anna Wintour est à bord… Anna qui ? Elle n'a jamais entendu parler d'elle, mais déclare à son fils "She's just a person" et le pousse à aller lui parler… Lazaro préféra rédiger un petit mot relatant son amour pour la mode et l'admiration qu'il porte à la rédactrice en chef de Vogue. Un steward fera gentiment passer le message. Pour beaucoup, l'histoire se serait arrêtée là, mais comme indiqué précédemment, Lazaro a une chance insolente… Quelques semaines plus tard, il reçoit ainsi un coup de fil du bureau de Michael Kors : "Anna Wintour nous a dit que vous devriez travailler avec nous"… Lors de leur dernière année d'études, Hernandez et McCollough se rendent compte qu'ils partagent des sens esthétiques complémentaires qui les poussent vers une même silhouette, une même palette de couleur et une appréciation des proportions quasi identiques. Ils obtiennent une dérogation afin de pouvoir réaliser ensemble leur collection de fin d'année. Ils choisiront les patronymes de jeunes filles de leurs mères pour nommer leur collection : Proenza Schouler est né. La présentation a lieu en mai. À l'image de la Saint Martin School, le travail des élèves de la Parson School est observé de près par les acteurs de la mode. Le directeur du CFDA (Council of Fashion Designers of America) sort abasourdi du défilé Proenza Schouler : jupes crayons, boléros structurés, le tout décliné dans des teintes pastelle patinées par une touche de modernité urbaine. L'ensemble est si abouti…. Cela ne ressemble en rien à une collection de fins d'études.
Il contacte directement Julie Gilhart, la directrice de Barney's et la convainc de venir jeter un oeil à ce duo plus que prometteur. Julie Gilhart adore et tombe instantanément amoureuse de cette collection qu'elle trouve en adéquation parfaite avec le New York style, tout en lui apportant un nouveau souffle. Bien que les achats de Barney's soient bouclés, elle achète la collection en entier et leur en commande une autre pour le printemps à venir.
Les choses s'emballent, ils partagent une partie de l'argent gagné avec leurs familles respectives, et investissent le reste dans les frais de la collection future, qui ne se résume alors qu'à des bouts de croquis, mais qui est déjà achetée par Barney's. Hernandez et McCollough se demandent comment ils vont parvenir à mettre sur pied tous le processus nécessaire, allant de la création à la production… Leur bonne étoile pourvoira une fois de plus à leurs besoins : un investisseur allemand leur permet d'établir leur marque, et d'autres points de vente prestigieux participent au buzz lancé par Barney's et achètent également leur collection…
En 2002, ils défilent pour la première fois lors de la fashion week new-yorkaise. André Leon Talley se dira touché par la perception si particulière que le duo a de la construction des vêtements. Et par l'importance qu'ils vouent à la coupe, aux détails, aux doublures, aux finitions et à la ligne, le tout formant un ensemble tout simplement parfait. Le monstre sacré adoube littéralement les nouveaux venus…
Carine Roitfeld qui assistait au show, se rendit dès le lendemain au loft-atelier des jeunes hommes et essayera toute la collection… En 2003, ils reçoivent le Perry Ellis Emerging Talent Award. Un an à peine après être apparu sur la scène mode, Hernandez et McCollough deviennent la coqueluche des New-Yorkaises, qui trouvent dans le style des deux garçons un vestiaire au raffinement moderne à la fois urbain et minimaliste.
Le style Proenza Schouler s'articule autour d'une recherche perfectionniste d'une silhouette épurée et fondamentalement moderne. Une allure où structure, géométrie et architecture sont primordiales. Des looks où les couleurs ont une importance toute particulière. Leurs modèles, quel que soit le thème abordé, sont toujours sans fioritures, dépourvus du moindre détail superflu. Dans un vêtement Proenza Schouler, rien n'est gratuit, chaque ligne est scrupuleusement étudiée, limée, jusqu'à l'obtention d'une épure ultra-contemporaine.
Si leurs premiers défilés citaient Courrèges et Paco Rabanne, et plus récemment s'inspiraient de Prada, Hernandez et McCollough ne font ni dans le rétro, ni dans le passéisme. Leur approche de la mode est très actuelle, et chacune de leurs interprétations sonne incroyablement juste. Ce n'est pas pour rien que la crème des fashionistas new-yorkaises les adule et que Kirsten Dunst et Chloe Sevigny sont très souvent aperçues vêtues de leurs créations…
2007 fut pour le duo l'année de la reconnaissance internationale :
Colette mit en vente la collection qu'ils avaient dessiné pour Target - dans le concept Victor and Rolf pour H&M -, une sorte de Carrefour géant made in US. Ce fut un succès retentissant.
Maggie Gyllenhaal emmena l'une de leurs robes sur le tapis rouge des oscars : la toilette néo glamour bleu nuit, photographiée de toutes parts fit le tour du globe. Proenza Schouler est désormais connu et désiré de toutes, et leurs bustiers surpiqués font partie des musts have d'une serial moddeuse qui se respecte. On attend avec impatience l'opus printemps/été 2008…
Par Lise Huret, le 06 septembre 2007
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J'habite Chicoutimi au Québec.J'ai vu des souliers (Proenza Schouler) passablement intéressants sur internet.Que faire pour se les procurer? Souliers noirs plein,bouts ouverts et talons or.
Merci
Reine Boivin