Du noir, du blanc, une pointe de rouge… Ricardo Tisci, comme à son habitude, dessine dans une palette chromatique minimaliste un discours fort, marquant et envoûtant. Si les premières silhouettes toutes de noir vêtues nous immergent dans l'univers gothique qu'affectionne le créateur, la justesse des coupes et leur intelligence novatrice ont tôt fait de laisser les effluves goth' au second plan.
Redingote corsetée, veste à la hussarde, gilet masculin et volutes aux revers de dentelles se mélangent ainsi, afin de créer un ensemble dont la rigidité première se révèle néanmoins sexy. Les cols amidonnés effleurent le menton, les lavallières se délient, tandis que le sarouel de la collection prêt-à-porter vole par intermittence la vedette au slim de cuir fuselé, le tout formant un néo-costume, entre pudeur protestante et faune urbaine...
La première partie qui - si l'on suit les références historiques de Tisci - s'inscrirait dans l'ère post-1789, laisse place à une suite logique, où les tenues plus féminines semblent issues d'une gravure de Heideloff, illustrateur prisé de la période du Directoire. Robes fines et transparentes, absence de corset et plumages sont autant de codes qui furent chers aux jeunes gens sortant de la révolution. Roberto Tisci semble s'en être gorgé afin de les retranscrire à sa manière, entre concept et détails.
Fraises détournées, plumes emprisonnées sous des cloches de voile translucide, taille empire… Un véritable origami de références et de matières compose une deuxième partie très couture, tout en restant lisible.
Certes Tisci fait du Tisci, mais en usant d'une telle grâce, d'un tel sens de la ligne et d'une telle liberté que nous ne pouvons que souhaiter que son nom reste encore longtemps associé à celui de Givenchy.
Par Lise Huret, le 23 janvier 2008
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L'idée de goth' décalé me plait ^^ Par contre le mannequin du milieu devrait manger un peu