Le décor :
Positionnée à quelques centimètres du public, la bande de moquette qui servit de catwalk aux mannequins Givenchy offrit au show une dimension intimiste, servant à merveille les toilettes sensuelles de la collection.
Les inspirations :
En backstage, Riccardo Tisci déclara avoir voulu habiller "les femmes allant déjeuner" et célébrer leur élégance.
La femme Givenchy :
Élégante urbaine désireuse de s'affranchir des conventions, la femme Givenchy twiste ses atours classiques à coups d'imprimés animaliers zoomés, de transparences sensuelles et de féminité dépourvue de mièvrerie. Que ce soit en robe de mousseline faussement bourgeoise, en tailleur-pantalon à la carrure volontaire ou en manteau de fourrure hybride, cette mondaine au lifting éphémère brille par sa capacité à insuffler une force inédite à son allure de socialite.
La collection :
Pour l'automne/hiver 2014-2015, Riccardo Tisci nous livre sa propre vision de l'élégance en s'emparant des stéréotypes de la féminité classique, qu'il retravaille en mode "no fear". Ses robes - qu'il agrémente de sages collants noirs et de sensuelles sandales - se déclinent ainsi en mousselines translucides, tandis que les imprimés de motifs animaliers (entre ailes de papillon et écailles de serpent) donnent naissance à d'insolentes compositions abstraites.
Les tailleurs-pantalons bénéficient quant à eux d'un nouveau modèle de veste - carré et cropped - qui, une fois accompagné d'un pantalon taille haute aux revers de poches larges et rectangulaires, dessine une silhouette aussi graphique que néo-chic. Un volume reprit également pour les blousons en cuir chocolat, gilets en maille et autres spencers en fourrure contrastée.
On note par ailleurs que les bandes "Bauhaus" empruntées à la collection homme de janvier s'épanouissent ici pleinement en apportant une caution moderne aux attributs bourgeois/glamour de la collection, que ce soit en découpant en diagonale les micro vestes et corsages, en barrant un cardigan, en s'improvisant en martingale taille haute ou en faisant office de ceinture pour surjupe reprenant le gimmick du pull noué autour de la taille.
Ajoutez à cela un usage décomplexé de la fourrure - qui pare ici tour à tour les épaules d'une robe en dentelle, les manches étroites d'un blouson en cuir et les pardessus puzzle du show - et vous obtiendrez une collection saturée en propositions stylistiquement innovantes, à la poésie brute, aux détails sportswear bien placés, aux insolents mix and match de matières et au tailoring puissant.
Les pièces fortes :
Cintrées à la taille par une fine ceinture, les robes twistant leurs doux imprimés au contact de pastilles placées, d'ailes de papillons découpées, de bandes de dentelle et de zips oversize ne laisseront personne indifférent. De leur côté, les manteaux au glamour funky, les blousons télescopant cuir et fourrure, les imprimés "papillon" tirant vers l'abstraction, les pantalons masculins et les toilettes pour princesse viking séduiront aussi bien les acheteurs que les belles s'apprêtant à arpenter les tapis rouges.
Ce que j'en pense :
Difficile de ne pas être séduite par la capacité de Riccardo Tisci à se renouveler. Après plusieurs saisons passées à célébrer l'esthétique sportswear, le designer se focalise aujourd'hui sur la dimension sensuelle de la femme Givenchy. Sous ses doigts, celle-ci cultive une élégance sauvage aux atours contrastés, fusionnant fluidité et lignes structurées. Et s'il peut arriver à Riccardo Tisci de s'égarer lorsqu'il questionne le concept de féminité, on ne peut que saluer l'audace créative, l'esthétique inattendue et l'énergie suavement novatrice des silhouettes imaginées par celui qui apparaît aujourd'hui comme l'un des créateurs contemporains les plus constants dans leur talent.
Par Lise Huret, le 04 mars 2014
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Belle journée Lise