Clare Waight Keller chez Givenchy
Une fois de plus, les rumeurs auront échoué à livrer l'identité de l'heureux élu : alors que les noms d'Hedi Slimane, Stefano Pilati ou même Kanye West ont circulé ces dernières semaines, ce sera en effet Clare Waight Keller - la discrète ex-DA de chez Chloé - qui prendra la succession de Riccardo Tisci chez Givenchy…
Alors que l'on pouvait s'attendre à ce que le choix du nouveau DA de Givenchy se porte sur un profil susceptible de faire perdurer l'image de la femme fatale aux appétences gothiques et aux inclinaisons sportswear née sous les doigts de Riccardo Tisci, il s'avère aujourd'hui que les ambitions de LVMH sont en réalité toutes autres. En jetant son dévolu sur celle qui auréola la griffe Chloé d'effluves romantiques, de sportswear cosy et de douceur seventies, Givenchy prend le risque de rompre avec l'héritage Tisci… et ce n'est pas pour nous déplaire. Il faut dire qu'après 12 années de bons et loyaux services, Riccardo Tisci avait tendance à se répéter. Plutôt que de choisir la continuité en plaçant à son poste l'un de ses disciples, LVMH a donc préféré repartir de zéro en nommant un designer à la sensibilité drastiquement différente.
Pour Clare Waight Keller, la mission est loin d'être aisée. Comment en effet réussir à apprivoiser les clientes Givenchy attachées au style Riccardo Tisci et qui ne sont pas forcément prêtes à troquer leurs boots cloutées, leurs dentelles veineuses et leurs sweats Bambi contre un vestiaire plus doux ? Comment ne pas tomber dans la facilité de faire du Chloé, sachant que la rentabilité de ses collections va être examinée à la loupe ? Comment parvenir à reproduire l'alchimie qui lui valut un franc succès au sein du groupe Richemont, sachant qu'il n'est jamais facile de dupliquer ce genre de bulle éphémère où critiques positives et ventes en hausse vont de concert ?
Cela étant dit, si Clare Waight Keller va de toute évidence être confrontée à de véritables défis, il n'est pas dit qu'elle ne parviendra pas à les relever avec brio. Cette femme de 46 ans possède en effet une créativité caméléon, qui lui permit d'officier aussi bien chez Gucci (époque Tom Ford) que chez Calvin Klein et Pringle of Scotland. Autant d'univers radicalement différents qui laissent à penser que l'intéressée saura trouver, riche de ses expériences passées, une voix nouvelle pour vêtir la femme Givenchy.
Pour ma part, j'ai hâte de découvrir les tricots que cette férue de maille ne manquera pas de livrer au sein de ses futures collections, mais aussi et surtout ce qu'elle décidera de puiser dans l'héritage Givenchy. A suivre…
PS : Cela faisait longtemps qu'un changement de DA ne m'avait pas rendue aussi joyeusement optimiste...
Par Lise Huret, le 17 mars 2017
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