Lorsqu'eut lieu le défilé printemps été de Prada, l'esthétique graphique des modèles ne fit pas l'unanimité. Cependant, une fois la surprise passée, la finesse et la poésie de la collection finirent par faire mouche, même chez les plus dubitatifs. Il en va de même pour les escarpins qui accompagnèrent les toilettes de soie version manga. Des escarpins qui, à dire vrai, auraient pu justifier le show à eux seuls.
Face au raffinement extrême des vêtements, on aurait pu s'attendre à des souliers sobrement élégants. Mais cela était sans compter sur le génie avant-gardiste, décomplexé et profondément artistique de la signora Prada. En effet, pour la saison estivale à venir, elle choisit l'opulence, la surcharge, la débauche de graphisme, de teintes, de matières, de motifs, et assemble le tout, donnant naissance à des arlequins-geisha art déco envoutants…
Ses escarpins aux talons modelés version Alice au pays des merveilles, ses assemblages de vinyle mauve/velours or, ses courbes floues et ses guêtres fantaisies élèvent Miuccia Prada au rang de grande prêtresse du soulier. En dessinant ses escarpins, elle semble avoir sublimé l'imaginaire d'une fillette raide dingue de contes de fées azimutés. Car les petites merveilles que chaussèrent les mannequins de la présentation Prada n'ont rien de commun avec les belles Louboutin ou les fines Manolo, elles remettent en cause tout l'art du bottier, déjouent les proportions, se moquent des règles esthétiques et n'hésitent pas à faire de leurs talons des "Suivez-moi jeune homme" des plus oniriques…
Si, en raison de leur richesse un rien ostentatoire, on préférait leur associer un dress code discret, nous passerions à côté du concept… La saison se veut délurée, et elle exprime sa folie à travers les accessoires : Miu Miu suit la ligne de sa grande soeur, Dior dessine de curieux talons en plexiglas tandis que Dries Van Noten réinvente le patchwork shoesesque.
Dans ce contexte, nous aurions tort de jouer les prudes et de nous cantonner à arborer sagement des modèles extravagants en leur associant un gris souris ringard ou un pastel frileux. Inspirons-nous de Prada, mixons les imprimés et faisons confiance à notre instinct, car si l'on en croit Miuccia, les associations les plus improbables sont également les plus tendance…
©photo : Vogue
Par Lise Huret, le 23 janvier 2008
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